Liturgie de la Parole

Notre page « Echos de la communauté »

Nous aimerions sur cette page vous faire partager quelques échos de notre communauté, les événements que nous vivons « Au fil des jours », les témoignages de nos soeurs et ce que les différents médias (cath.ch, la RTS, KTO, VaticanNews...) partagent au sujet de nos communautés en Suisse et à Madagascar et de nos activités et services. Cliquez sur les liens pour accéder aux articles publiés.

Le temps de confinement, où l'Eucharistie n'était plus possible, nous a incitées à chercher des alternatives. C'est ainsi que l'Office du milieu s'est transformé en une « Liturgie de la Parole (accès aux textes publiés) » et cinq sœurs de la communauté se sont relayées pour commenter le texte de la liturgie du jour. Même si les célébrations ont maintenant repris, nous poursuivons cette belle expérience de partage de la Parole.

Luc 4, 24-30 ; Par Soeur Isabelle

Le Jésus qui revient chez lui en Galilée n’est plus le même que celui qui a quitté les siens, peu auparavant, pour rejoindre Jean le Baptiste. Entre temps, deux expériences fondatrices l’ont transformé.

  • D’abord celle du Jourdain. Le ciel s’étant ouvert, l’Esprit Saint est descendu sur lui et une voix du ciel lui a dit : “Tu es mon Fils, le Bien-aimé, en toi je trouve ma joie” (Lc 3,22). Cette voix le relie désormais intimement à son Père : c’est elle seule qu’il écoute pour se recevoir, en son être véritable.
  • Ensuite l’expérience d’être conduit par l’Esprit à travers le désert pour y être tenté par le Diable. Celui-ci a éprouvé sa relation filiale en lui faisant miroiter la possibilité d’un agir divin fabuleux qui le rendrait tout-puissant à la manière dont, croit-il, Dieu serait omnipotent. Jésus déjoue ces pièges : il n’est pas Fils pour produire du merveilleux.

Luc 4, 24-30 ; Par Soeur Isabelle

Le Jésus qui revient chez lui en Galilée n’est plus le même que celui qui a quitté les siens, peu auparavant, pour rejoindre Jean le Baptiste. Entre temps, deux expériences fondatrices l’ont transformé.

  • D’abord celle du Jourdain. Le ciel s’étant ouvert, l’Esprit Saint est descendu sur lui et une voix du ciel lui a dit : “Tu es mon Fils, le Bien-aimé, en toi je trouve ma joie” (Lc 3,22). Cette voix le relie désormais intimement à son Père : c’est elle seule qu’il écoute pour se recevoir, en son être véritable.
  • Ensuite l’expérience d’être conduit par l’Esprit à travers le désert pour y être tenté par le Diable. Celui-ci a éprouvé sa relation filiale en lui faisant miroiter la possibilité d’un agir divin fabuleux qui le rendrait tout-puissant à la manière dont, croit-il, Dieu serait omnipotent. Jésus déjoue ces pièges : il n’est pas Fils pour produire du merveilleux.

A la synagogue de Nazareth donc, un jour de sabbat, c’est un Jésus tout autre qui rejoint l’assemblée réunie pour écouter les Ecritures. Le passage du prophète Isaïe dont il fait lecture vient donner chair et contenu à sa mission : “L’Esprit du Seigneur est sur moi parce qu’il m’a oint. Il m’a envoyé…”, dit Isaïe. Pour quelle mission ? “Pour annoncer l’heureuse annonce/évangéliser”, pour proclamer…, pour proclamer...”. Non pas d’abord donc pour “faire” (en accomplissant des miracles signes du Royaume), mais en étant institué serviteur de la Parole qui sauve et remet l’homme debout.

Tous alors ont les yeux fixés sur lui. Dans un premier temps, l’accueil est favorable, fait de témoignage et d’étonnement devant les paroles de grâce qui sortent de sa bouche.

Bien vite pourtant s’y mêlent des paroles ambiguës : “N’est-il pas le fils de Joseph, celui-là ?” (4,22b). Jésus y pressent comme une nouvelle tentation, venant cette fois de ses concitoyens. S’il est de retour à Nazareth, ce n’est pas pour s’y voir établir une fiche d’identité tronquée qui l’enfermerait dans la connaissance limitée de ceux qui l’ont nourri, éduqué et fréquenté depuis sa plus tendre enfance. Sa visite, temps de retrouvailles certes, marque surtout une rupture et un nouveau départ. Le sang, la culture, la religion, en leur loi du même et du semblable, n’ont plus court. Rien ne doit pas empêcher le Fils Bien-aimé de rejoindre d’autres rives humaines.

Jésus, discernant la secrète convoitise à l’œuvre chez les siens, leur dit : “A coup sûr, vous allez me citer ce dicton : « Médecin, guéris-toi toi-même. Tout ce que nous avons entendu être arrivé à Capharnaüm, fais-le de même ici dans ta patrie” (4,23). Jésus sait quel est le sort qui bientôt sera le sien : “Aucun prophète n’est agréé dans sa patrie” (4,24).

Il poursuit en rappelant cette fidèle propension du dessein de Dieu à rejoindre chacun, quel qu’il soit, où qu’il vive, de quelque sexe, culture, croyance et religion soit-il : une veuve de Sarepta, au pays de Sidon, ou Naaman le Syrien, par exemple.

Voilà tous ses concitoyens furieux. Sur la hauteur de la montagne où est bâtie la ville de Nazareth, Jésus vient d’affronter une nouvelle tentation : celle qui l’aurait enfermé et réduit à son clan familial, sa tribu, sa patrie. Et par-là d’être amputé de cette part d’altérité qui le constitue, d’origine, comme “Fils de Dieu”. C’est le choix du Seigneur d’envisager l’ailleurs et tous les autres. Son mode d’être divin est l’exode et la sortie. L’entre-soi d’une pratique religieuse identitaire n’est pas supportable.

Venu “au milieu des siens”, Jésus y a dévoilé la jalousie meurtrière qui habite le cœur humain, poussant au rejet de l’autre en sa différence, à son exclusion, à la négation de tout ce qui dépasse les frontières de l’entre-soi et du chez-soi.

Jésus “allait son chemin”. Il nous rejoint en ce Carême. Pour nous défaire, par sa parole, de toute idolâtrie identitaire. C’est pauvres, aveugles et captifs que sa parole de Fils bien-aimé nous atteint. Elle nous garde ouverts aux horizons de l’univers entier.