Liturgie de la Parole

Notre page « Echos de la communauté »

Nous aimerions sur cette page vous faire partager quelques échos de notre communauté, les événements que nous vivons « Au fil des jours », les témoignages de nos soeurs et ce que les différents médias (cath.ch, la RTS, KTO, VaticanNews...) partagent au sujet de nos communautés en Suisse et à Madagascar et de nos activités et services. Cliquez sur les liens pour accéder aux articles publiés.

Le temps de confinement, où l'Eucharistie n'était plus possible, nous a incitées à chercher des alternatives. C'est ainsi que l'Office du milieu s'est transformé en une « Liturgie de la Parole (accès aux textes publiés) » et cinq sœurs de la communauté se sont relayées pour commenter le texte de la liturgie du jour. Même si les célébrations ont maintenant repris, nous poursuivons cette belle expérience de partage de la Parole.

Sr Claire-Isabelle Siegrist

Commentaire de la Parole
33e semaine du t.o. A

Apocalypse 1,1-4 et 2,1-5a / Psaume 1 / Luc 18,35-53

L’évangile que nous venons d’entendre est bien connu. Mais peut-être faisons-nous notre propre texte entre la version qu’en donne S. Marc au chapitre 10 de son évangile et le texte de Luc.

Nous sommes au chapitre 18 de l’évangile de Luc. Jésus est en marche vers Jérusalem depuis la fin du chapitre 9 où il est dit que « Jésus, le visage déterminé, prit la route de Jérusalem. »

En observant les autres personnages de ce texte, nous y voyons :
La foule : elle marche devant Jésus. Elle n’est donc pas dans l’attitude du disciple qui marche à la suite de Jésus.
L’aveugle : contrairement à Marc qui donne son nom – Bartimée – cette information ne figure pas dans la version de Luc. Nous pouvons ainsi facilement nous identifier à lui. Ce que nous savons donc de lui, ce n’est pas son nom, mais qu’il est aveugle, mendiant, assis, au bord de la route. Et, à la fin du passage, qu’il a retrouvé la vue et suivait Jésus en rendant gloire à Dieu. 

Les déplacements sont également intéressants : le cheminement qui est au centre de ce texte est bien Jésus qui marche vers Jérusalem.
Or, cet aveugle-mendiant est non seulement privé de la vue, mais il est au bord du chemin, immobile, en opposition à ce qui est dit de Jésus qui, lui, est sur le chemin, en marche. Il faudra un certain nombre d’actions pour que ces deux puissent entrer en dialogue.

Alors, regardons les actions : on pourrait penser que ce texte est d’abord un récit de guérison. En tout cas, il s’en distingue en partie : ainsi, Jésus ne va pas aller jusqu’à l’aveugle pour lui prendre la main et le relever, il ne va pas lui imposer les mains. Cet homme avait la foi puisqu’il reconnaît Jésus comme « Fils de David » (v. 38), alors que la foule lui avait simplement dit que c’était Jésus le Nazaréen qui passait. Mais cette foi est comme immobilisée par son état : aveugle-mendiant-assis-au bord du chemin. Cet homme a un pas à faire : se mettre debout et aller vers Jésus. C’est alors que du cri, il peut passer à la parole personnelle et au dialogue avec Celui qui l’appelle à exprimer son désir profond.

Par moments dans notre vie, nous pouvons nous sentir ainsi, assises, immobilisées et non plus marchant à la suite du Christ. L’évangile de ce jour nous apprend que le cri ne suffit pas, le Seigneur ne peut pas faire sans nous, sans notre liberté. Notre part est de nous lever, d’être des êtres « debout » dans nos vies, des êtres qui choisissent d’aller à Lui.

« Choisir de suivre le Christ implique de renoncer à ce qui limite notre marche », nous disait Sr Joëlle Ferry pendant la retraite. A chacune Il demande : « Que veux-tu que je fasse pour toi ? » (v. 41) Le Seigneur n’a pas besoin que nous l’informions de nos besoins, mais que nous cherchions quel est notre désir profond et que nous le Lui remettions. Alors osons nous poser cette question : « de quoi ai-je besoin d’être guérie pour marcher à sa suite, pour être disciple qui rende gloire à Dieu ? »

Car Dieu a besoin de notre parole, il souhaite notre engagement. Il nous crée libres et habite notre liberté. Vivre par Lui, avec Lui et en Lui ne se fait pas sans nous, sans notre engagement et sans notre confiance. C’est tout Lui et tout nous. Un Jésuite hongrois du XVIIe siècle le formulait ainsi :

Mets ta confiance en Dieu comme si tout dépendait de toi et non de lui,
Et livre-toi à l’action comme si tout dépendait de lui et non de toi.

sœur Claire-Isabelle Siegrist