Liturgie de la Parole

Notre page « Echos de la communauté »

Nous aimerions sur cette page vous faire partager quelques échos de notre communauté, les événements que nous vivons « Au fil des jours », les témoignages de nos soeurs et ce que les différents médias (cath.ch, la RTS, KTO, VaticanNews...) partagent au sujet de nos communautés en Suisse et à Madagascar et de nos activités et services. Cliquez sur les liens pour accéder aux articles publiés.

Le temps de confinement, où l'Eucharistie n'était plus possible, nous a incitées à chercher des alternatives. C'est ainsi que l'Office du milieu s'est transformé en une « Liturgie de la Parole (accès aux textes publiés) » et cinq sœurs de la communauté se sont relayées pour commenter le texte de la liturgie du jour. Même si les célébrations ont maintenant repris, nous poursuivons cette belle expérience de partage de la Parole.

Soeur Jacqueline Lorétan

Commentaire de la Parole
Samedi de la 4e semaine t.o. C

Marc 6, 3-34

Le court passage de l’Evangile selon Marc que la liturgie offre aujourd’hui à notre méditation commence par « En ce temps-là », tout comme le passage d’hier et celui de demain… Nous connaissons bien cette formule utilisée pour la proclamation liturgique de l’Evangile. Elle ne fait pas partie du texte de la bible où notre passage figure à l’intérieur d’un récit continu. C’est ce contexte plus large qui nous guidera dans notre méditation.

Jeudi, nous avons entendu comment Jésus avait commencé à envoyer ses disciples deux par deux en mission. Hier, c’était l’épisode - difficile à entendre - de la décapitation de Jean Baptiste. Et aujourd’hui, voici le retour des Douze, avides de raconter à Jésus ce qu’ils ont vécu durant leur stage missionnaire. Le Maître, plein d’humanité, les invite à se reposer après les fatigues de leur expédition. En plus, nous dit l’évangéliste : «  ceux qui arrivaient et ceux qui partaient étaient nombreux, et l’on n’avait même pas le temps de manger. »

Mieux vaut partir en barque, loin de la foule. Donc, vacances en perspective. Très vite, la joyeuse attente tourne en désillusion car, en débarquant dans cet endroit soi-disant désert, ils voient la foule qui les a devancés à pied ! J’essaie de me mettre dans le cadre : Je pars pour trouver la bienfaisante solitude et le silence de la montagne et voilà que c’est plein de touristes bruyants ! Quelle sera ma première réaction ? Déception, agacement ou même colère et larmes ? Retour immédiat ?

Rien de tel chez Jésus.

« Il fut saisi de compassion envers eux. »
Ces gens, qui sont-ils, pour avoir couru jusqu’ici à pied ? Ce ne sont décidément pas des touristes. Jésus, en bon Pasteur, les voit immédiatement comme des brebis sans berger. Donc livrées aux prédateurs, ne trouvant pas de pâturage le jour, ni d’abri pour la nuit. Il va s’en occuper aussitôt et s’investir sans compter ni son temps ni sa peine. Ces gens qui errent et qui cherchent, il faut les nourrir. On s’attendrait ici, sur le point, à la multiplication des pains, n’est-ce pas ?

Vient alors cette conclusion étrange :

« Il se mit à les instruire longuement. » - Les pains attendront.
Ceci peut nous surprendre et même choquer, nous qui vivons à l’heure du “tout / tout de suite“ et du confort physique impératif. Bien sûr qu’il ne peut s’agir, dans cette démarche de Jésus, d’un manque de compassion, ce qui est impensable. Sa compassion va à la rencontre de leur détresse la plus fondamentale, existentielle : Ils ont faim de sa Parole, faim d’une Parole qui leur soit CHEMIN, VERITE, VIE.
(Les apôtres ensuite ne manqueront pas de le rappeler à l’ordre. Ils mangeront tous à leur faim, mais pas sans leur contribution active.)

Rappelons-nous aussi l’épisode du paralysé ayant été descendu par le toit. Jésus l’a d’abord délivré du fardeau de ses péchés ; ensuite seulement il lui a rendu sa capacité de marcher. Méditer sur l’attitude de Jésus peut nous rappeler qu’il ne nous est pas spontané de mettre nos besoins physiques à la seconde place pour nous soucier d’abord des besoins de l’âme et de l’esprit. Cela peut s’acquérir par la pratique du jeûne chrétien, peut-être pas accessible à tout le monde. Reste notre humble quotidien, où la sainteté grandit sans faire de bruit :

Par exemple en choisissant d’aller jusqu’au bout de ma lecture spirituelle, même si le facteur vient d’apporter le journal ; ou de ne pas abréger mon temps d’attention à la personne qui a besoin d’être écoutée juste au moment où mon programme préféré va commencer à la télé. A chacun∙e de trouver des occasions.

Pour ma part, j’espère ne pas avoir parlé trop longuement, alors que la bonne odeur du dîner chatouille déjà nos narines. Bon appétit !

 

Sr Jacqueline Lorétan