Commentaire de la Parole
Lundi de la 25e semaine t.o.
Esaïe 1,1-6 et Luc 8, 16-18
Après la parabole du semeur, nous trouvons dans l’Evangile de Luc trois versets apparemment insolites ; ces mini-paraboles semblent pourtant se rapporter, elles aussi, à la parabole du semeur et au sort que nous réservons à la Parole semée en nos cœurs.
Jésus utilise des images familières à ses auditeurs ; pour eux, pas besoin d’expliquer l’histoire de la lampe. De leur temps, il n’y avait pas de lumière électrique. Imaginons une famille réunie le soir à la maison. La nuit tombe vite sous ces latitudes. Comme d’habitude, quelqu’un se lève et va chercher la lampe. Il l’allume et la porte dans la chambre pour …mais, qu’est ce qui le prend ? Le voici qui la pousse sous le divan ! et tous de s’exclamer : « Mais, tu es fou ? Pose donc cette lampe sur la table ! »
Tout aussi insensé serait-il de garder la Parole de Dieu rangée dans la bible bien fermée.
Ce n’est pas la reliure en cuir ni la tranche dorée qui en feront connaître le contenu. Cette parole-là, elle est vivante, elle veut se communiquer. C’est surtout lorsqu’elle est lue en groupe ou en communauté qu’elle devient lumière sur nos pas. Baptisés et donc envoyés, annonçons-la comme on partage un trésor.
Et là s’enchaîne la seconde phrase :
« Car rien n’est caché qui ne doive paraître au grand jour ;
rien n’est secret qui ne doive être connu et venir au grand jour ».
Luc utilise le verbe devoir : il s’agit là de quelque chose qui doit paraître, un secret qui doit être connu désormais. Cela s’apparente à l’expression biblique « il faut », que nous trouvons dans la bouche de Jésus lors des annonces de la Passion et puis sur le chemin d’Emmaüs : « Ne fallait-il pas… ».
Oui, il faut que la Bonne Nouvelle soit proclamée partout afin que le dessein de salut s’accomplisse.
Et alors, que tirer de cette dernière sentence un peu tordue où il est dit que l’on a et puis on n’a plus… ?
« Car à celui qui a, on donnera ; et à celui qui n’a pas, même ce qu’il croit avoir sera enlevé. »
Surtout, n’omettons pas ce qui précède : « Faites attention à la manière dont vous écoutez. »
Il y a donc différentes manières d’écouter : la parabole du semeur nous l’a montré. Bien que j’aie reçu la semence, (donc, j’ai quelque chose) je ne lui donne pas la chance de prendre racine, de germer et de devenir du blé. Cela me fait penser à certaines conversations où l’on affirme avoir lu un livre au contenu profond ou avoir entendu une homélie formidable. « De quoi s’agissait-il, qu’est-ce qu’il a dit le prédicateur ? » demandent les autres. « Ah, je ne sais plus trop, mais c’était très beau, très émouvant. » Voici qui est nourrissant.
Plus loin dans son évangile, dans la parabole des “mines“ (des talents chez Matthieu), Luc nous présente une situation un peu analogue. Le “mauvais“ serviteur, ayant caché son argent dans un linge, se voit privé même de ce qu’il avait. Et Jésus de conclure : « Je vous le déclare : on donnera à celui qui a ; mais celui qui n’a rien se verra enlever même ce qu’il a. » (Lc 19, 26)
Soyons donc attentifs à notre manière d’écouter, de lire la Parole de Dieu. Comme Paul enjoint les chrétiens de Corinthe à « discerner le corps du Seigneur » (I Co 11,29), ainsi convient-il de “discerner“ le texte sacré, de le reconnaître pour ce qu’il est : Parole vivante, donnée en présence et en nourriture.
Sr Jacqueline Loretan