Liturgie de la Parole

Notre page « Echos de la communauté »

Nous aimerions sur cette page vous faire partager quelques échos de notre communauté, les événements que nous vivons « Au fil des jours », les témoignages de nos soeurs et ce que les différents médias (cath.ch, la RTS, KTO, VaticanNews...) partagent au sujet de nos communautés en Suisse et à Madagascar et de nos activités et services. Cliquez sur les liens pour accéder aux articles publiés.

Le temps de confinement, où l'Eucharistie n'était plus possible, nous a incitées à chercher des alternatives. C'est ainsi que l'Office du milieu s'est transformé en une « Liturgie de la Parole (accès aux textes publiés) » et cinq sœurs de la communauté se sont relayées pour commenter le texte de la liturgie du jour. Même si les célébrations ont maintenant repris, nous poursuivons cette belle expérience de partage de la Parole.

Sr Jacqueline Lorétan

Commentaire de la Parole
Samedi de la 18e semaine t.o.

Deutéronome 6, 4-13 et Matthieu 17, 14-20

Le texte d’aujourd’hui nous met en présence d’un enfant souffrant et de son père suppliant Jésus à genoux de le guérir ; car ses disciples, dit-il, en ont été incapables.
La première réaction de Jésus consiste à donner libre cours à son impatience, à son “ras-le-bol“ d’être avec « cette génération incroyante et dévoyée… ». La situation doit être grave pour que Lui, le Maître plein de douceur, utilise un tel vocabulaire. Quand il s’agit de la foi, rien n’est anodin, comme nous le verrons par la suite.
Mais d’abord il fat délivrer l’enfant du démon qui le fait souffrir, et le rendre à son père.
Ce qu’il semble faire en un rien de temps.

Vient alors la question des disciples :
« Pourquoi pas nous ? »
Réponse :
« A cause de votre peu de foi. »

Il ne laisse pas le temps aux disciples, toujours un peu perplexes, de lui demander comment faire pour en avoir davantage ? Là ne semble pas être la vraie question, car Jésus enchaîne directement avec une de ses belles comparaisons :

« …si vous avez de la foi gros comme une graine de moutarde, vous direz à cette montagne :
“Transporte-toi d’ici jusque là-bas”, et elle se transportera ; rien ne vous sera impossible. »

Avec deux énormes exagérations, Jésus leur donne un enseignement magistral sur la nature de LA FOI. Elle est une superpuissance, capable de transporter une montagne. D’ailleurs l’expression « une foi à transporter les montagnes » est encore courante de nos jours.
De cette puissance, une quantité minuscule, telle une graine de moutarde, suffit pour qu’elle devienne agissante.

Je me suis alors rappelée que St. Paul reprend lui aussi l’expression « la foi à transporter les montagnes », dans le célèbre hymne à la charité, au chapitre 13 de la 2ème lettre aux Corinthiens :
« …j’aurais beau avoir toute la foi jusqu’à transporter les montagnes, s’il me manque l’amour, je ne suis rien. »
Saint Paul semble subordonner la puissance de la foi à celle de l’amour, tant il est vrai que la FOI n’est pas un simple outil à faire des miracles ; le génie de Paul la voit inséparable de sa dimension relationnelle, dimension de confiance totale en Dieu, autrement dit : l’Amour.
Amour que nous voyons à l’œuvre en chaque guérison, en chaque libération opérée par Jésus en faveur d’un être souffrant.
Amour révélé pleinement dans sa Passion dont nous lirons la deuxième annonce lundi, suite à notre passage médité aujourd’hui.

Mais revenons à la petite parabole du début. Ce qui est beau, c’est que Jésus ne parle pas au conditionnel « si vous aviez, …  rien ne vous serait… »
Non, c’est au futur de l’indicatif, mode de ce qui est réel et réalisable.
« Si vous avez de la foi grande comme une graine de moutarde… rien ne vous sera impossible. »
En invitant à une telle confiance, Jésus nous fait sortir de la logique de l’avoir ; avoir ou même “posséder“ la foi, vouloir l’acquérir par nos propres efforts crispés : ce n’est pas ce qu’il entend. Il nous oriente vers l’être ; être croyants c’est-à-dire être en relation de totale confiance.

Ce qu’illustre bien cette anecdote de l’enfant dans l’incendie de sa maison ; il n’ose pas sauter de la fenêtre parce que la fumée l’empêche de voir son père qui l’appelle et lui tend les bras. Celui-ci finalement réussit à lui crier : « Fais confiance, moi, je te vois. » Et l’enfant saute.

 

Sr Jacqueline Loretan