Liturgie de la Parole

Notre page « Echos de la communauté »

Nous aimerions sur cette page vous faire partager quelques échos de notre communauté, les événements que nous vivons « Au fil des jours », les témoignages de nos soeurs et ce que les différents médias (cath.ch, la RTS, KTO, VaticanNews...) partagent au sujet de nos communautés en Suisse et à Madagascar et de nos activités et services. Cliquez sur les liens pour accéder aux articles publiés.

Le temps de confinement, où l'Eucharistie n'était plus possible, nous a incitées à chercher des alternatives. C'est ainsi que l'Office du milieu s'est transformé en une « Liturgie de la Parole (accès aux textes publiés) » et cinq sœurs de la communauté se sont relayées pour commenter le texte de la liturgie du jour. Même si les célébrations ont maintenant repris, nous poursuivons cette belle expérience de partage de la Parole.

Soeur Jacqueline Lorétan

Commentaire de la Parole
Samedi de la 3e semaine t.o. C

Marc 4, 35-41

La tempête apaisée: après les paraboles, les actions.

Je vous partage ici un commentaire publié sur le site internet « aulargebiblique » par un prêtre bibliste ; en voici quelques extraits :

« Ce n’est pas un jour différent. Marc le souligne. Ce passage est en lien avec le discours en paraboles et peut-être devrions-nous l’entendre comme une parabole vivante, en trois dimensions déconcertantes.

« Ce jour-là, le soir venu, Jésus dit à ses disciples : “ Passons sur l’autre rive.“ Quittant la foule, ils emmenèrent Jésus, comme il était, dans la barque, et d’autres barques l’accompagnaient. »

Quelque chose peut (et doit) nous surprendre. C’est le verbe “ils emmenèrent“ (litt. ils prirent) Jésus. Si l’initiative de la traversée est bien celle de Jésus, les disciples qui sont à la manœuvre, allant jusqu’à prendre Jésus comme simple passager au milieu de leurs barques.

L’autorité désormais leur appartient pour ce voyage. Ils ont la compétence nécessaire. N’y a-t-il pas parmi eux, d’ailleurs, quatre professionnels de la mer ? Que se cache-t-il derrière ce geste de préhension ? Une idée de mainmise des disciples sur Jésus, comme s’ils pensaient avoir tout saisi à son propos ?

« Survient une violente tempête. Les vagues se jetaient sur la barque, si bien que déjà elle se remplissait. Lui dormait sur le coussin à l’arrière. Les disciples le réveillent et lui disent : « Maître, nous sommes perdus ; cela ne te fait rien ? »

La description ne laisse pas de doute. La tempête est effroyable et le danger mortel. Les disciples sont confrontés à la réalité du danger et de la mort. Les eaux tempétueuses s’apprêtent à engloutir et la barque et ses passagers. Leurs paroles sont un cri de détresse : nous sommes perdus ! Et l’image devient saisissante entre la légitime peur des disciples et Jésus, tranquillement assoupi sur son confortable coussin.

Deux mondes. Ils sont angoissés, il dort d’un sommeil assimilé ici, par ses disciples, à de l’indifférence. L’attitude de Jésus peut effectivement surprendre : Pourtant présent, il est comme absent….

« Réveillé, il menaça le vent et dit à la mer : « Silence, tais-toi ! » Le vent tomba, et il se fit un grand calme. Jésus leur dit : « Pourquoi êtes-vous si craintifs ? N’avez-vous pas encore la foi ? » Saisis d’une grande crainte, ils se disaient entre eux : « Qui est-il donc, celui-ci, pour que même le vent et la mer lui obéissent ? »

Quand l’endormi s’éveille, tout change. Sa parole chasse la tempête comme elle a chassé le mal et les esprits impurs. Bien plus, à travers le vent et la mer, c’est la mort qui est vaincue. On intitule souvent ce récit “la tempête apaisée“, nous focalisant sur l’aspect merveilleux du miracle de Jésus sur la mer.

Mais en premier lieu – et nous l’oublions vite – sa parole sauve les passagers d’une mort, inéluctable il y a quelques instants. Les disciples sont vivants grâce à lui. Jésus sauve. Il n’empêche pas les tempêtes : la mer et le vent ont assailli la barque malgré sa présence à bord. Et les disciples ont vécu dans leur chair ce dangereux déferlement contre leur embarcation. Seule la parole de Jésus rétablit le calme et la paix. Mais pas de n’importe quelle manière. Cette parole est à la poupe, autrement dit à la gouverne. La parole de Jésus dirige la barque des disciples en toute sûreté. Cependant, Jésus indique le manque de foi de ses disciples. Comptant sur leurs seules compétences, ils avaient pris Jésus à bord comme un passager que l’on transporte. Les rôles s’inversent : Jésus prend le commandement. Ils l’avaient réveillé en l’appelant maître (plus exactement didascale, l’enseignant). Jésus n’est ni un simple passager, compagnon de voyage, ni un maître de sagesse, pas même un prophète, ni un guérisseur.

Sa parole exprime l’autorité même de Dieu qui règne et gouverne sur toute la création, depuis le fond de la mer jusqu’au vent du ciel. Comme Dieu dans la Genèse, Jésus parle et il en est ainsi. Il révèle sa souveraineté divine en vue d’un salut , tel que le dit le Psaume 106 : 

« Ils crièrent au Seigneur dans leur détresse,
et il les a tirés de leurs angoisses :
il a réduit la tempête au silence,
et les vagues se sont tues.
Ils se sont réjouis de ce retour au calme
et Dieu les a guidés au port désiré. »

La parole du Christ a toute l’autorité de la Parole de Dieu. Celle qui crée et donne vie. Laisser la parole dormir sur une étagère, sur un ambon, et surtout dans sa vie, revient à vouloir mener sa barque sans lui. Réveiller la Parole signifie non seulement l’écouter mais aussi la laisser agir à la gouverne de son Église et de nos vies. Alors, où donc est notre foi en sa parole et en lui ? Qui est-il donc, ce beau parleur en paraboles, ce thaumaturge à succès ? Qui est-il donc celui-ci, à qui le vent et la mer obéissent ? Jésus échappe à la mainmise de ses disciples… il y a encore beaucoup à découvrir de lui. »

 

Sr Jacqueline Lorétan