Commentaire de la Parole
2e lundi du Carême C
Luc 6, 36-38
Don sans mesure
Le verbe DONNER est celui qui éclaire le verbe AIMER en lui donnant tout son sens. L’amour véritable prend chair lorsqu’il devient don désintéressé et sans calcul. Il manifeste ainsi le vrai visage du Père, tel que Jésus nous l’a révélé.
A bien tendre l’oreille, c’est tout le mystère pascal qui résonne dans ce discours de Jésus que nous venons d’entendre. Souvenons-nous de sa Passion, de ses dernières paroles lorsque, moqué, sans tunique ni vêtement, il met en pratique de manière inégalable son propre enseignement : « Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font. »
Le Fils se montre miséricordieux comme son Père (23,34) quand il implore le pardon pour ceux qui le crucifient. Et davantage encore, lorsqu’il s’adresse au criminel crucifié à côté de lui : « Avec moi, aujourd’hui, tu seras dans le Paradis » (23,43).
Tout est don sans mesure jusqu’au dernier souffle : « En tes mains je remets mon esprit. » (23,46).
Oui, dans sa Passion, le Christ a tout accompli à la lettre : Il ne juge pas, ne condamne pas, mais il accorde son pardon. Cette mesure bien pleine, tassée, secouée, débordante, il désire que nous l’appliquions nous aussi dans nos relations, comme nous le disons en priant avec Saint Maurice :
« Tu t’es révélé, Seigneur en ton Fils Jésus, qui, par le don de sa vie, accomplissait le mystère pascal. Nous te rendons grâce et nous te prions : que l’Esprit Saint prolonge en nous et par nous
la louange d’une vie qui se donne. »
Fait partie de ce don le difficile sinon impossible pardon vécu au quotidien. Impossible aux yeux des hommes. Plus héroïque que nos exploits le plus fous. Car ce que le Christ nous demande là est proprement une folie, celle de sa croix.
Sr Jacqueline Lorétan