Commentaire de la Parole
5e semaine de Pâques
Le prix de l'amour
Jean 15,18-21
« Si le monde vous hait, sachez qu’il m’a haï avant vous. Si vous étiez du monde, le monde aimerait son bien : Parce que vous n’êtes pas du monde, mais parce que je vous ai choisis, retirés du monde, le monde vous hait. Souvenez-vous de la parole que je vous ai dite : Le serviteur n’est pas plus grand que son seigneur ; s’ils m’ont persécuté, vous aussi, ils vous persécuteront ; s’ils ont gardé ma parole, la vôtre aussi, ils la garderont. Mais ils feront tout cela contre vous à cause de mon nom, parce qu’ils ne connaissent pas celui qui m’a envoyé. »
Jésus, après avoir parlé à ces disciples du commandement de l’amour : « Aimez-vous les uns les autres, comme je vous ai aimés », et du plus grand amour : « Nul n’a de plus grand amour que celui qui donne sa vie pour ses amis », les avertit de la haine et des persécutions dont ils seront victimes, de la part du monde, car leur sort de serviteur sera égal au sort du Maître. Et c’est leur qualité même de disciples qui leur attirera l’agressivité du monde.
Ce sont deux choses qui exposent les disciples à l’aversion du « monde » :
- Tout d’abord le fait d’avoir été choisis par Jésus et retirés du monde. C’est le motif qui leur attire la haine du monde.
- Le fait ensuite d’avoir été qualifiés comme serviteurs. C’est le motif qui provoque la persécution.
La haine découle du fait que les disciples cessent d’être le bien du monde. Le monde aime son bien, ce qui lui est propre, ce qui lui appartient, ce qui ne se distingue pas d’un tout maîtrisable. Le choix de Jésus enlève au monde cette propriété, son bien. Jésus ne s’approprie pas les disciples, il les appelle, Il leur donne d’accéder à une relation d’écoute, de parole. Une relation avec Lui et avec le Père, donc en quelque sorte il leur donne d’accéder à la liberté, de sortir d’un tout indistinct, que Jésus appelle « monde », pour aller vers cet « être disciple », capable d’écouter, de parler d’aimer, de témoigner de la vérité, de témoigner de la vie. Jésus a choisi les siens qui appartenaient à ce monde et ce choix, cette élection les a distingués. Les disciples se détachent du monde et naissent à la relation avec le Christ et avec les autres. Ce choix de Jésus les a séparés du monde pour les installer comme ses interlocuteurs, les siens, mais aussi ceux du Père et ceux des autres.
Jésus avertit ses disciples de la haine du monde dont il est victime lui-même et dont eux seront victimes après lui.
Et cette haine du monde se décline en deux degrés, tout comme l’amour dont Jésus parlait précédemment à ses disciples se décline en deux degrés :
- Le premier degré de l’amour, c’est de garder son commandement : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés ».
- Et le deuxième degré est le plus grand amour : « Nul n’a de plus grand amour que celui qui donne sa vie pour ceux qu’il aime ».
Dans la haine, il y a aussi deux degrés :
- L’agressivité du monde, qui résulte d’un rejet de ceux qui accèdent à la relation libre avec le Seigneur Jésus, avec son Père et avec les autres. Ceux qui acceptent d’être séparé du monde, du tout indistinct pour devenir des interlocuteurs. Ceux qui acceptent que le choix du Seigneur les distingue.
- La persécution, qui est le fait de ceux appartenant au monde qui ne supportent pas cette distinction, qui refusent d’être choisis, d’accéder à la relation avec Dieu, avec les autres et peut-être avec eux-mêmes. Ceux-là persécuteront les disciples, les serviteurs, comme ils ont persécuté le Seigneur.
C’est peut-être là qu’il nous est donné de comprendre que nous ne pouvons pas combattre la haine et la jalousie. Elles ont leurs racines dans le cœur de l’homme qui par nature ne cherche pas à se distinguer. Nous ne pouvons que nous laisser choisir par le Seigneur pour lui permettre de nous enseigner l’observance de son commandement : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés ».
Autrement dit, nous sommes invités à nous en remettre à la miséricorde de Dieu, à croire à sa parole qui nous signifie que sa Volonté c’est de sauver tout homme qui se laisse appeler. « La gloire de Dieu, c’est l’homme debout » (saint Irénée).
Sr Berta Lütolf