Liturgie de la Parole

Notre page « Echos de la communauté »

Nous aimerions sur cette page vous faire partager quelques échos de notre communauté, les événements que nous vivons « Au fil des jours », les témoignages de nos soeurs et ce que les différents médias (cath.ch, la RTS, KTO, VaticanNews...) partagent au sujet de nos communautés en Suisse et à Madagascar et de nos activités et services. Cliquez sur les liens pour accéder aux articles publiés.

Le temps de confinement, où l'Eucharistie n'était plus possible, nous a incitées à chercher des alternatives. C'est ainsi que l'Office du milieu s'est transformé en une « Liturgie de la Parole (accès aux textes publiés) » et cinq sœurs de la communauté se sont relayées pour commenter le texte de la liturgie du jour. Même si les célébrations ont maintenant repris, nous poursuivons cette belle expérience de partage de la Parole.

Soeur Berta Lütolf

Commentaire de la Parole
11e semaine du t.o. A

Fête du cœur immaculé de Marie

Isaïe 61,9-11 et Luc 2,41-51

Aujourd’hui, l’Église fait mémoire du cœur de Marie. Cette dévotion au Cœur de Marie est née au XVIIe siècle, du courant spirituel issu de saint Jean Eudes, en lien avec la dévotion au Sacré Cœur de Jésus. Sr Claire-Isabelle nous en a parlé hier.

Dans le passage d’Isaïe que nous avons entendu, il est dit : “Comme la terre fait éclore son germe, et le jardin, germer ses semences, le Seigneur Dieu fera germer la justice et la louange”.

Le passage de l’évangile de ce jour se termine ainsi : “Sa mère gardait dans son cœur ces événements, quant à Jésus, il grandissait en sagesse, en taille et en grâce, sous le regard de Dieu et des hommes”.

Ces jours passés, il était question du Père qui est dans le lieu le plus retiré, caché, là où nous pouvons être en sa présence, en toute vérité. Là où Il nous attend.

Aujourd’hui, l’évangile de Luc nous permet de méditer un passage qui ponctue la longue vie cachée de Jésus à Nazareth. À douze ans, Jésus accompagne ses parents à la fête, à Jérusalem. Le pèlerinage à Jérusalem pour la fête de la Pâque contraste avec le temps ordinaire, la longue durée dont nous parle la finale du texte : “Il grandissait en sagesse, en taille et en grâce”.

Temps de fête, et temps ordinaire. Entre ces deux temps, le fait que Jésus reste à Jérusalem, produit une rupture et ouvre un autre temps, appréhendé de manière différente par les acteurs concernés :

Temps d’inquiétude et de souffrance, pour les parents.

Temps d’émerveillement, pour les docteurs qui écoutent l’enfant.

Temps mystérieux, où Jésus est dans son lieu : “chez son Père”.

Douze ans, c’est l’âge considéré comme la fin de l’enfance et l’entrée dans l’adolescence. Il faut s’attendre à des transformations et, de fait, les choses vont bouger, dans la famille de Nazareth d’une part, et à Jérusalem d’autre part. Jésus reste à Jérusalem à l’insu de ses parents. Marie et Joseph le cherchent pendant trois jours. Mais Jésus, leur enfant, n’est pas là où ils le supposent, auprès de la parenté, des amis, des pèlerins...

Il leur dira : “C’est chez mon Père que je dois être ; ne le saviez-vous pas ?” Il y a là une étrange ressemblance avec un autre troisième jour où il sera dit aux femmes venues au tombeau : “Soyez sans crainte. Je sais que vous chercher Jésus, le crucifié. Il n’est pas ici…”.

“C’est chez mon Père que je dois être ; ne le saviez-vous pas ?” Jésus laisse entendre par là que ses parents auraient dû, ou pu, savoir. Mais ils ne comprennent pas. Manifestement, Jésus les appelle vers un autre lieu de connaissance, d’intelligence, qui ne leur est pas directement accessible.

 Quand ils le retrouvent dans le temple, ils sont littéralement “frappés d’étonnement”, et Marie formule un reproche : “Mon enfant pourquoi nous as-tu fait cela ?”

Marie voit “son petit enfant” encore dépendant. Son fils n’est plus à la place qu’elle lui a donné habituellement. Il est ailleurs, là où il doit être, “chez son Père”. Toute l’Évangile nous révélera Jésus dans son lieu, ce lieu du Père, le lieu filial. 

Ses parents ne comprennent pas. Pourtant l’évangile selon Luc évoque l’Annonciation, la crèche, les anges et les bergers. Il y est question aussi du vieillard Siméon et de prophétesse Anne. Comment se fait-il qu’ils ne comprennent pas ? En sommes-nous étonnés ? Le comprenons-nous nous-mêmes ?

L’évangile place en ce récit une scène où les parents de Jésus ignorent ce qu’ils ont vu et entendu. Les paroles de l’Annonciation sont enfouies dans le cœur de Marie, dans le secret.

Dans les prédications des jours précédents, il était beaucoup question de ce qui se passe “dans le secret, dans ce qui est caché” ; du lieu où habite le Père, Lui qui nous voit.

C’est le lieu où la semence est cachée pour germer et donner son fruit. C’est le lieu où la Parole prend chair, pour habiter parmi les hommes.

C’est notre lieu à chacun, chacune, le lieu de la rencontre avec le Père, le lieu filial dans le quel Jésus nous introduit en se révélant Fils. 

C’est le lieu où le désir de la relation avec Dieu et les autres cherche à se dire.

En ce jour où l’Église nous invite à faire mémoire du Cœur de Marie, demandons la grâce d’une attention renouvelée, d’une adhésion profonde, simple, à la vérité de notre humanité appelée à vivre pleinement cette relation filiale et fraternelle révélée par le Christ-Jésus.

sœur Berta Lütolf