Commentaire de la Parole
3e lundi du Carême C
2 Rois 5, 1-15a
Nous sommes devant un récit plein de contrastes avec, dès le début, deux personnages, eux aussi bien contrastés.
D’abord Naaman : un grand homme, un homme qui a réussi. Haut dignitaire à la cour du roi. Mais, devenu lépreux, il est considéré comme impur, exclu de la société. Sa maladie est incurable et sa condition désespérée.
Une fillette ensuite, vivant elle aussi à la cour royale. Prisonnière de guerre et servante, elle est si insignifiante que l‘on ne dit pas son nom. Et pourtant, Dieu va se servir de cette petite pour indiquer à Naaman le chemin de la guérison.
Nous avons entendu l’histoire avec tous ses détails ; et voici que Naaman, avec ses chevaux et ses chars chargés de cadeaux d’une impressionnante richesse, arrive à la maison du prophète Elisée, sûr être reçu avec les honneurs dus à son rang. Et voilà, qu’il n’en est rien. L’homme de Dieu ne daigne pas même le recevoir personnellement ; il lui envoie juste un message très banal : « Va te baigner sept fois dans le Jourdain. »
Nous avons entendu comment le grand Naaman s’est indigné, mis en colère, se sentant mésestimé, presque ridiculisé. Là encore, Dieu se sert de simples serviteurs pour l’empêcher de tout abandonner : « Père ! Si le prophète t’avait ordonné quelque chose de difficile, tu l’aurais fait, n’est-ce pas ? »
Nous connaissons l’heureuse fin de l’histoire. Comme tout récit biblique, elle a quelque chose à nous apprendre.
Tout d’abord que nous ne faisons pas notre salut par des exploits spectaculaires, mais en accomplissant de bon cœur nos simples tâches quotidiennes ; selon cette belle sentence du prophète Michée (6,8) : « Homme, on t’a fait connaître ce qui est bien, ce que le Seigneur réclame de toi : rien d’autre que pratiquer la justice, aimer la fidélité, et marcher humblement avec ton Dieu. »
- Ce Dieu qui, comme pour Elie sur l’Horeb, n’est pas dans ce qui fait du tapage, mais dans l’inaudible brise du silence ;
- Ce Dieu Sauveur qui, pour nous, chrétiens, n’a rien d’une apparition mirobolante ; il est le Serviteur Souffrant, tel qu’il l’avait dit dans les annonces de sa Passion.
Il en est de même pour l’histoire de l’Eglise : tout tournait mal à l’époque où ses pasteurs se faisaient appeler « princes évêques » et « éminences » (et malheureusement, encore de nos jours, lorsqu’on joue au cléricalisme, affublant de “révérends“ nos prêtres, les entourant d’un halo de sainteté déjà acquise…). Nous avons donc de quoi rendre grâce pour François, Serviteur des serviteurs de Dieu.
Et, du coup, apprenons le vrai bonheur du Poverello d’Assise et de toutes les « petites gens » devenus de grands Saints, tels que Thérèse de Lisieux, Bernadette, et bien sûr, Marie et Joseph, vivant à la cour royale du Fils de Dieu, dans un bled insignifiant du nom de Nazareth !
Sr Jacqueline Lorétan