Commentaire de la Parole
Lundi de la 7e semaine t.o. C
Marc 9, 14-29
En montant au Thabor avec Pierre, Jacques et Jean, Jésus avait laissé seuls les autres disciples. En redescendant, il les voit en prise avec des scribes, entourés de la foule. Les interrogeant sur leur discussion, c’est quelqu’un d’autre qui répond à leur place : un homme venu chercher la guérison de son enfant. Cet homme dit bien : « Maître, je t’ai amené mon fils. » Et voilà qu’il ne peut que constater l’impuissance des disciples en l’absence du maître. On pourrait dire qu’en plus de la maladie du fils, la puissance des disciples a besoin elle aussi d’être guérie… et sans doute aussi l’état d’esprit du père, qui s’attend uniquement à un acte de puissance magique.
C’est donc à lui que s’adresse Jésus. En dialoguant avec lui, il déplace la question de la guérison du domaine du merveilleux vers celui de la relation interpersonnelle. C’est un père que Jésus rencontre. Il ne s’intéresse pas seulement au mal, mais d’abord à l’enfant et à son père. La maladie est dès lors décrite en termes de danger mortel omniprésent. Petit à petit, en avançant dans l’échange avec Jésus, le père n’exige plus simplement l’expulsion d’un démon pour son fils, mais le salut pour eux deux : viens à notre secours. Il supplie une aide vitale en faisant appel à la miséricorde de Jésus, Fils de Dieu.
Paradoxalement, son credo est marqué par l’imperfection : Je crois, viens au secours de mon incrédulité. Le père a maintenant tout compris. Sa foi est de l’ordre du sincère et elle exprime toute sa faiblesse, son infirmité. Lui qui exigeait un miracle, invoquant la force de Jésus et de ses disciples, reconnaît que la véritable foi s’exprime dans la faiblesse. Et cette pauvreté est offerte à la grâce du Christ. Ce ne sont pas les parfaits dans la foi, ni les bien-portants (2, 13-17) que Jésus vient guérir, mais ceux qui reconnaissent leurs fragilités et leurs limites. Le pouvoir du croyant est dans cette humilité que révèle Jésus.
Vient ensuite la description détaillée et mouvementée de l’expulsion du démon muet, et donc de la guérison de l’enfant. L’histoire ne se termine pas là car, une fois rentrés à la maison, les disciples veulent savoir pourquoi eux, ils n’ont pas réussi…
Je me permets de citer ici un prêtre bibliste qui propose sur internet ce commentaire qui me semble éclairant, même lumineux :
« A leur question, Jésus répond en pointant la nécessité de la prière. Mais la réponse assez évasive est également troublante. Car Jésus lui-même n’a pas prié avant la guérison de l’enfant. En faisant référence à la prière, Jésus n’indique pas une technique pour chasser les esprits impurs. Il fait ici référence à l’attitude du disciple et croyant, une posture d’humilité dans la reconnaissance de son impuissance et de ses limites – attitude dont le père de l’enfant a fait preuve. À sa prière, seul le Christ agit. La prière devient l’expression d’une conversion nécessaire devant une attente que Dieu seul veut et peut combler par la grâce vivifiante de son Messie. La prière mentionnée ici désigne ce lieu de la rencontre vitale entre les croyants et leur Seigneur, lieu de conversion au Christ et à sa parole.1 »
Sr Jacqueline Lorétan