Liturgie de la Parole

Notre page « Echos de la communauté »

Nous aimerions sur cette page vous faire partager quelques échos de notre communauté, les événements que nous vivons « Au fil des jours », les témoignages de nos soeurs et ce que les différents médias (cath.ch, la RTS, KTO, VaticanNews...) partagent au sujet de nos communautés en Suisse et à Madagascar et de nos activités et services. Cliquez sur les liens pour accéder aux articles publiés.

Le temps de confinement, où l'Eucharistie n'était plus possible, nous a incitées à chercher des alternatives. C'est ainsi que l'Office du milieu s'est transformé en une « Liturgie de la Parole (accès aux textes publiés) » et cinq sœurs de la communauté se sont relayées pour commenter le texte de la liturgie du jour. Même si les célébrations ont maintenant repris, nous poursuivons cette belle expérience de partage de la Parole.

Sr Adrienne Barras

Commentaire de la Parole
Vendredi de la 16e semaine t.o.

Fête de Ste Brigitte, co-patronne de l'Europe

Galates 2, 19-20 et Marc 3, 31-35

Pour la fête de Ste Brigitte nous interrompons à nouveau la lecture continue du livre de l’Exode et de l’évangile de Matthieu.
Les lectures que nous propose la liturgie en ce jour sont brèves : 2 versets pour la 1ère lecture tirée de la lettre aux Galates et 5 pour le passage de l’évangile de Matthieu. Mais soyons sans crainte : cela ne devrait pas nous laisser sur notre faim !

 

Voici quelques remarques que je me suis faites en lisant ces deux textes :

Ce qui saute aux yeux à la lecture des 2 versets tirés de la lettre aux Galates, c’est la répétition du verbe vivre qui revient 5 fois. Je (Paul)vis (4 fois) et le Christ vit (1 fois). Vivre pour qui ? Pour la Loi ? Pour Dieu ? C’est tout l’enjeu de la lettre que Paul adresse aux chrétiens de Galatie et il est de taille : car vivre pour la Loi serait rendre vaine la mort du Christ (v. 21).  Pour Paul il est inimaginable de mettre dans la balance la Loi, si belle soit-elle, et l’expérience fulgurante de la rencontre avec le Christ sur le chemin de Damas. Au cœur de la vie de Paul il n’y a que Jésus Christ. Et les mots s’entrechoquent pour tenter de dire l’intensité de cette relation : avec le Christ j’ai été et je demeure crucifié (parfait grec) et tout de suite après : je vis ; le mystère pascal du Christ ne cesse de le traverser.

Je vis, mais ce n’est plus moi, c’est le Christ qui vit en moi (v. 20) : Le Christ ressuscité non seulement est le compagnon de route (il marche avec) mais il vit en ceux/celles qui sont ses disciples. Et Paul pousse à l’extrême : ce n’est plus moi, c’est le Christ qui vit en moi : il n’y a de place que pour Lui, que pour Sa vie en la sienne, Sa vie qui saisit entièrement la sienne, Sa vie qui absorbe la sienne. Et cela marque l’aujourd’hui de la vie de Paul dans toutes les fibres de sa chair : je vis dans la foi au Fils de Dieu qui m’a aimé et s’est livré lui-même pour moi.
Nous voilà aux limites du langage, au seuil de l’indicible…


Nous avons entendu le même passage d’évangile dans la version de Matthieu il y a quelques jours. Il est bon de le réentendre tel que nous le rapporte Marc. J’ai été attentive aux indications de lieu : il y a un dehors où se trouvent curieusement sa mère et ses frères, qui choisissent de rester dehors et cherchent à attirer Jésus là où ils sont : Arrivent sa mère et ses frères. Restant dehors, ils le font appeler (v. 31). Il y a un dedans (implicite) qui est le lieu où se tient Jésus, au centre d’un cercle formé autour de lui. C’est la foule qui est assise (v. 32 et 34) autour de lui, dans l’attitude traditionnelle du disciple qui écoute le maître.
Où convient-il d’être : dehors avec la mère et les frères de Jésus ? Ou dedans, là où se trouve Jésus, autour de lui ?...
Il ne faut pas cesser d’entendre l’appel au changement de mentalité que nous lance Jésus : désormais les liens véritables sont ceux qui se tissent là où est Jésus, à l’écoute de sa parole, dans le désir de faire comme Lui la volonté de Dieu (v. 35). Avec lui se met en place un nouveau modèle de famille, non plus marqué par les liens de sang, par l’appartenance à une ethnie, à une nation ou un autre corps social. Sur notre carte d’identité de disciple est inscrite notre appartenance au Christ et à tous ceux qui écoutent sa Parole. C’est en Lui que se construit la seule et véritable fraternité.

 

Ces textes nous sont donnés en ce jour de la fête de Ste Brigitte de Suède que le pape Jean-Paul II a instituée co-patronne de l’Europe. N’ont-ils pas quelque chose à nous dire de notre mission de citoyen.nes. de ce continent, citoyen.ne.s et disciples de Jésus Christ ?

Dans l’aujourd’hui de nos vies, nous sommes invité.e.s, dans le sillage de Paul,  à laisser le Christ vivre en nous, à le laisser toujours davantage prendre chair en notre chair pour que des frères et des sœurs puissent, à leur tour, un jour, être saisi.e.s par l’amour du Christ qui les a aimé.e.s et s’est livré pour eux/elles.

Dans l’évangile que nous venons d’entendre, le Christ nous appelle ensuite à vivre et à construire une fraternité selon les seuls critères de l’Évangile. Une fraternité sans frontière, sans exclusive. Une fraternité ouverte à toute personne parce qu’elle trouve sa source dans la présence, au cœur de toutes nos rencontres, du Frère de tous, le Seigneur ressuscité.

Nous y sommes invité.e.s, dans l’aujourd’hui de nos vies, au cœur même de nos pauvretés et de nos fragilités.

 

Sr Adrienne Barras