Commentaire de la Parole
Jeudi de la 22^e semaine t.o.

1Co 3, 18-23 et Luc 5, 1-11

Hymne à la folie

Si Paul prêche la folie selon le Christ, l’Evangile nous montre cette folie en action. C’est bien le cas dans le passage d’Evangile que nous lisons aujourd’hui : nous sommes donc au bord du lac de Génésareth où la foule se presse pour écouter Jésus qui parle depuis la barque de Simon. Et voilà que Jésus lui demande d’avancer au large et de jeter les filets, en plein jour !

1^ère folie :  Simon, en pêcheur expérimenté, obéit et jette les filets, alors que tout le monde sait que c’est de nuit que les poissons montent à la surface.

2^e folie : il fait cela sur la parole d’un étranger, un charpentier par-dessus le marché !

3^e folie : non seulement Simon exécute l’ordre de ce prédicateur ambulant, mais – ô stupeur ! – il retire son filet plein à craquer !

4^e folie : et ce n’est pas tout : Simon, habituellement si fier, tombe à genoux devant cet homme Jésus, et se reconnaît pécheur.

5^e folie : étonnamment, personne n’ose se moquer, mais tous sont pris d’effroi.

6^e folie : l’étranger adresse une parole encore plus “folle“ à Simon : « Désormais, ce sont des hommes que tu prendras. ». Cette fois-ci, il va vraiment trop loin. Est-ce qu'on peut prendre des hommes comme des poissons ?

7^e folie : Simon met le comble à cette succession de folies en plaquant tout pour suivre Jésus, avec ses compagnons.

Quel est donc le secret de tout cela ? – La première phrase nous le révèle : ils étaient là pour écouter la Parole de Dieu ; touchés en profondeur par les paroles de Jésus, ils pressentent quelque chose du mystère qui l’habite. Comment lui résister ?

Ce qui, à ce moment-là, s’est mis en branle dans la vie de Simon et de ses compagnons, ce n’était pas un coup de tête, ni un feu de paille ; non, cela allait durer jusqu’au témoignage suprême du don de leur vie pour Jésus et la Bonne Nouvelle. Et bien au-delà, puisque nous sommes ici, aujourd’hui, à écouter la Parole.

Chacune, chacun d’entre nous peut faire l’inventaire des folies dont sa vie est parsemée. Ne serait-ce que le fait de se déclarer croyant·e dans un monde indifférent ou même hostile. Tous nos gestes d’amour gratuit représentent autant de folies dans une société dirigée par le gain. En vivant dans la logique opposée, que nos existences témoignent des vraies richesses, comme l’affirme Paul : «Tout vous appartient, (…) le monde, la vie, la mort, le présent, l’avenir : tout est à vous, mais vous, vous êtes au Christ, et le Christ est à Dieu. »

Sr Jacqueline Lorétan