Liturgie de la Parole

Notre page « Echos de la communauté »

Nous aimerions sur cette page vous faire partager quelques échos de notre communauté, les événements que nous vivons « Au fil des jours », les témoignages de nos soeurs et ce que les différents médias (cath.ch, la RTS, KTO, VaticanNews...) partagent au sujet de nos communautés en Suisse et à Madagascar et de nos activités et services. Cliquez sur les liens pour accéder aux articles publiés.

Le temps de confinement, où l'Eucharistie n'était plus possible, nous a incitées à chercher des alternatives. C'est ainsi que l'Office du milieu s'est transformé en une « Liturgie de la Parole (accès aux textes publiés) » et cinq sœurs de la communauté se sont relayées pour commenter le texte de la liturgie du jour. Même si les célébrations ont maintenant repris, nous poursuivons cette belle expérience de partage de la Parole.

Sr Claire-Isabelle Siegrist

Commentaire de la Parole
25e semaine du t.o. A

Méditation - vigile de la S. Maurice

En méditant sur cette fête, et en particulier sur la question du martyre, m’habitaient deux images : la grande fête de la S. Maurice avec la messe solennelle, la procession, et le père Hamel, humble prêtre assassiné pendant une messe rassemblant une poignée de personnes. Se mêlaient donc en moi les fastes d’une fête et l’humilité de tous ceux et celles qui ont donné leur vie en raison de leur foi.

Le martyre, est-ce un événement glorieux du passé ? Un acte héroïque réservé à des personnes sortant du lot ? Ce n’est pas tout cela et pourtant, cette perception peut nous habiter par moments. Alors, le martyre… qu’est-ce que cela a à nous dire aujourd’hui ? Question fondamentale pour tout baptisé, mais d’autant plus pour nous qui vivons d’un charisme qui trouve son fondement dans cet événement du martyre, le martyre de soldats morts à la fin du 3ème siècle.

Le martyre de S. Maurice et ses compagnons est un événement fondateur pour notre Congrégation. C’est dire que célébrer cette fête et, plus largement, faire mémoire du don de leur vie, n’est pas simplement être fidèle à un événement dont nous désirons garder souvenir parce qu’il marque la foi de notre congrégation, un événement important donc, mais passé. Non… Si cet événement est fondateur pour notre Congrégation et pour chacune de nous, c’est qu’il concerne chacune de nos vies et de nos vocations aujourd’hui. 

S. Maurice et ses compagnons étaient des hommes comme nous, pas des héros parfaits et inaccessibles. Durant mes vacances dans une communauté des sœurs Xavières, j’ai rencontré Ghislaine de Chergé, la sœur de Christian de Chergé. Elle me disait qu’en rencontrant les frères de Tibhirine, puis aujourd’hui en lisant leurs écrits, elle avait compris que la sainteté n’était pas ce qu’elle croyait, que c’étaient des hommes comme nous avec leur tempérament, leurs forces, leurs combats et fragilités. Les martyrs d’Algérie, le père Hamel, S. Maurice et ses compagnons et tant d’autres n’étaient pas des hommes et des femmes différents de nous. Ce n’est pas du côté de la force ou de dons hors du commun qu’il faut chercher leur sainteté, mais bien dans ce qui les faisait vivre et agir jour après jour. Et par leur martyre, c’est de cela qu’ils sont témoins : témoins non d’une conviction mais de Quelqu’un, Jésus-Christ, qui par Amour pour nous, a donné sa vie pour que nous ayons la Vie. Témoins de ce Don le plus grand qui traversait tout leur être et leur vie. 

L’Eucharistie du dimanche est célébrée en mémorial de la Pâque du Christ, c’est Pâques pour nous aujourd’hui. Communier à ce Don engage nos vies à être « eucharistie ». Ce Pain de la Parole et du Corps du Christ auquel nous communions dans l’Eucharistie, dans l’écoute et la méditation de la Parole, dans la Liturgie des Heures, dans notre vie fraternelle. Tout ce que nous sommes et vivons est traversé, transformé par le Mystère pascal, transformant en Vie tout ce qui est de l’ordre de la mort. Vie eucharistique qui nous appelle à être nourriture pour tous ceux et celles que nous rencontrons.

Le martyre n’est pas d’abord le courage héroïque d’un instant mais l’aboutissement d’une vie transformée par la victoire de la Vie sur toute forme de mort, l’aboutissement d’une vie donnée dans l’humilité et l’épaisseur du quotidien. Le don de notre vie est pris dans le mouvement du Mystère pascal du Christ, le don de notre vie est indissociable de celui du Christ à qui nous consacrons notre vie. Ce don auquel nous sommes appelées découle du Mystère pascal.

Alors oui, il est bon de fêter avec faste S. Maurice et ses compagnons… Mais ce faste ne doit pas masquer l’appel fondamental que cela nous lance aujourd’hui : vivre une vie eucharistique, c’est-à-dire nous engager chaque matin dans la louange d’une vie qui se donne, rendant ainsi témoignage au Christ en qui la Vie a vaincu la mort. C’est au-delà de nos forces… comme le martyre était sans doute au-delà des forces de Maurice et de chacun de ses compagnons. Car ce qu’ils ont vécu n’est pas le dépassement de la peur par la force humaine, mais la force d’un Amour qui a marqué tout leur être et leur vie et qui a peu à peu tout emporté… C’est ensemble que nous sommes en route et le compagnonnage auquel nous tenons tant est à la fois soutien pour le chemin et mémoire vivante de cet appel qui nous rassemble.

sœur IClaire_Isabelle Siegrist