Liturgie de la Parole

Notre page « Echos de la communauté »

Nous aimerions sur cette page vous faire partager quelques échos de notre communauté, les événements que nous vivons « Au fil des jours », les témoignages de nos soeurs et ce que les différents médias (cath.ch, la RTS, KTO, VaticanNews...) partagent au sujet de nos communautés en Suisse et à Madagascar et de nos activités et services. Cliquez sur les liens pour accéder aux articles publiés.

Le temps de confinement, où l'Eucharistie n'était plus possible, nous a incitées à chercher des alternatives. C'est ainsi que l'Office du milieu s'est transformé en une « Liturgie de la Parole (accès aux textes publiés) » et cinq sœurs de la communauté se sont relayées pour commenter le texte de la liturgie du jour. Même si les célébrations ont maintenant repris, nous poursuivons cette belle expérience de partage de la Parole.

Soeur Jacqueline Lorétan

Commentaire de la Parole
Samedi de la 28e semaine t.o.

Romains 4, 13.16-18 et Luc 12, 8-12

La lettre aux Romains nous offre aujourd’hui comme une grande fresque de la foi d’Abraham :

« Il est notre père devant Dieu en qui il a cru, Dieu qui donne la vie aux morts et qui appelle à l’existence ce qui n’existe pas. Espérant contre toute espérance, il a cru ; »

Tous, nous admirons une telle foi et désirons nous aussi, parfois pouvoir espérer contre toute espérance. Dans l’Evangile du jour, nous voyons une autre manière de décrire la foi vécue ; celle qui consiste à se déclarer ouvertement pour le Christ : 

« Quiconque se sera déclaré pour moi devant les hommes,
le Fils de l’homme aussi se déclarera pour lui devant les anges de Dieu. »

Ce tableau idyllique s’assombrit cependant lors de sa version négative : « Mais celui qui m’aura renié en face des hommes sera renié à son tour en face des anges de Dieu. » 

L’homme a en effet ce redoutable libre choix de confesser sa foi ou de s’en détourner. Il ne s’agit pas là d’adhérer à une théorie ou à un courant de pensée ; non, il s’agit du lien même qui unit l’homme à son ami le plus cher, le Christ. Cela touche à l’essentiel : être pour ou contre le Christ. C’est une question grave, même si cet ami parfait va jusqu’à pardonner une parole qui aurait trahi son amour. Personne d’ailleurs ne voudrait « faire de la peine au Bon Dieu », comme on le dit parfois aux enfants. Il le sait et nous rassure.

Et voilà qu’arrive, comme un grand froid, cette sentence dure et sans équivoque, jamais vraiment expliquée :

« …mais si quelqu’un blasphème contre l’Esprit Saint, cela ne lui sera pas pardonné. »

Cela nous laisse perplexe et peut précipiter dans l’angoisse les âmes sensibles - qui de toute probabilité ne commettraient jamais ce péché ! Que penser alors d’une telle sévérité de la part de « Jésus doux et humble de cœur » ? Est-ce à prendre à la lettre ou doit-on relativiser ce propos ?

Il y a des commentaires qui affirment que toute âme est sauvée par le Christ, à condition de se repentir, fût-ce au tout dernier moment. Un peu selon le cantique : « On ira tous au paradis. » D’autres se demandent si le blasphème contre l’Esprit Saint ne consiste pas justement dans l’endormissement des consciences sur les crimes même les plus odieux. Ce ne sont là que des suppositions.

Mettons-nous devant les faits, devant ce que blasphémer veut dire. En voici quelques synonymes : injurier, insulter, maudire, outrager, profaner, renier, se moquer… et ceci à l’égard de l’Esprit Saint !

Insulter celui qui n’insulte pas. Maudire l’Amour. - C’est trop fort. Il n’ y a pas de mots.

Mais si, il y en a ! Les mots que le Christ lui-même nous a donnés dans le Notre Père : « Ne nous laisse pas entrer en tentation. » - « Délivre-nous du mal. » Voilà ce qu’il nous reste à dire et à redire avec foi dans notre prière pour nous–mêmes et pour ceux qui pourraient tomber dans ce péché. Prier pour eux comme le Christ lui-même l’a fait sur la Croix.

Le reste ne nous appartient pas. Ce qui nous appartient, c’est de croire en l’Amour : croire avec la foi d’Abraham, avec la foi du centurion païen, de la Cananéenne ; avec cette foi des cœurs simples et droits qui a suscité et qui suscite encore et toujours l’émerveillement de Jésus.

 

Sr Jacqueline  Loretan