Commentaire de la Parole
Samedi dans l'octave de Pâques
Marc 16, 9-15
La fin de l’évangile de Marc, en ce 6e jour de l’octave de Pâques, nous offre une sorte de récapitulation des apparitions du Ressuscité. Nous constatons que les disciples, bouleversés par cet événement inouï, refusent de croire les témoins qui pourtant avaient vu le Seigneur vivant. Enfermés et tout en pleurs, ou en route vers Emmaüs, ils s’obstinent dans leur incrédulité. C’est cela que Jésus ressuscité leur reproche lorsqu’il se manifeste aux Onze réunis autour de la table.
Sont–ils les rescapés d’un désastre ou déjà le timide germe de l’Eglise ?
Marc, dans son style ramassé, passe directement à l’envoi des Apôtres, et donc au début de l’Eglise en mission.
Jésus avait bien dit à Marie-Madeleine de ne pas le retenir, mais de partir annoncer aux autres ce qui s’était passé. Cette même dynamique vaut pour tous ses disciples. « Allez ! » leur dit-il. Cette-fois-ci pas seulement jusqu’à l’étroit cénacle, mais dans le vaste monde. Si, liturgiquement, Pentecôte n’arrive qu’après 50 jours, le mouvement centrifuge est lancé dès le matin de Pâques. Dans les multiples apparitions que nous relatent les quatre évangiles, Jésus ne vient pas vers les siens juste pour passer un bon moment intime et nostalgique avec eux. Non, il les mobilise, il les dynamise. Ce qui commence là, avec la libération des captifs des enfers, avec le tombeau vide, c’est le non-retour de la mort, c’est le coup d’envoi de la vie que rien ni personne ne pourra plus arrêter.
Tout cela est tellement beau qu’il nous semble difficile de le transposer dans la réalité de l’histoire du monde. Pourtant, cette foi en la vie éternelle, nous l’avons confessée en renouvelant nos vœux de baptême au cours de la Veillée pascale.
Nous restons mortels, tout semble nous le prouver : les guerres, les catastrophes climatiques, les pandémies et même le décès paisible d’un vieillard mourant “de mort naturelle“. La mort est toujours bien présente dans nos vies. Il peut même y avoir comme une fascination lorsqu’elle qu’elle survient.
Voyons : Pourquoi les médias, en cas de cataclysme ou d’accident grave, commencent-ils invariablement par mentionner d’abord le nombre de morts, avant de parler des accidentés, des sans-abri, des endeuillés ? De même nous autres, vivant dans un pays sûr et paisible, nous regardons d’abord les avis de décès dans le journal, et ensuite seulement les pages qui parlent des vivants.
A travers toute l’histoire humaine, depuis les cultures les plus anciennes, on peut trouver cette intuition universelle où l’homme n’admet pas que la mort corporelle ait le dernier mot. Sinon à quoi bon les rites funéraires, les tombes et les mausolées, les pyramides d’Egypte avec leurs momies ?
Souvenons-nous des femmes venues au tombeau de Jésus avec des aromates pour oindre son corps…qu’elles ne trouvaient pas là !
Le Christ nous tourne résolument vers l’autre versant, celui du passage vers la vie. Dans sa Pâque, la seconde mort est abolie. Nous le savons, nous le croyons : notre mort ouvre sur la Rencontre, sur la vie sans fin en la présence de Celui qui nous a aimés et s’est livré pour nous.
Sr Jacqueline Lorétan