Liturgie de la Parole

Notre page « Echos de la communauté »

Nous aimerions sur cette page vous faire partager quelques échos de notre communauté, les événements que nous vivons « Au fil des jours », les témoignages de nos soeurs et ce que les différents médias (cath.ch, la RTS, KTO, VaticanNews...) partagent au sujet de nos communautés en Suisse et à Madagascar et de nos activités et services. Cliquez sur les liens pour accéder aux articles publiés.

Le temps de confinement, où l'Eucharistie n'était plus possible, nous a incitées à chercher des alternatives. C'est ainsi que l'Office du milieu s'est transformé en une « Liturgie de la Parole (accès aux textes publiés) » et cinq sœurs de la communauté se sont relayées pour commenter le texte de la liturgie du jour. Même si les célébrations ont maintenant repris, nous poursuivons cette belle expérience de partage de la Parole.

Sr Claire-Isabelle Siegrist

Commentaire de la Parole
28e semaine du t.o. A

Ephésiens 1,1-10 / Psaume 97 / Luc 11,47-54

En 1ère lecture, nous avons entendu le début de la lettre de saint Paul aux Ephésiens. Cette grande bénédiction que nous prions chaque lundi à l’Office des Vêpres. Il vaut donc la peine de nous arrêter sur ce passage. D’emblée, deux dimensions apparaissent : l’homme bénit Dieu et il bénit Dieu de l’avoir béni de toute bénédiction spirituelle. Dans la tradition biblique, la bénédiction a pour origine Dieu, elle est associée à la parole et elle est efficace, elle réalise ce qu’elle exprime. Quel contenu a cette bénédiction dans ces premiers versets de la lettre aux Ephésiens ? Je retiens trois aspects : le choix – l’élection, l’adoption, et la Rédemption.

Tout d’abord, le choix, l’élection : « Il nous a choisis, dans le Christ, avant que le monde fut créé, pour être saints et sans péchés devant sa face grâce à son amour. » (v. 4) Dieu a voulu et choisi l’humanité de toute éternité. Il nous aime dès l’origine, dès avant la fondation du monde et jusqu’à la plénitude des temps. Rien ne conditionne ce choix. C’est le projet, le rêve d’Amour du Père pour l’humanité. Cette élection est en vue de l’adoption filiale :

« Il nous a prédestinés à être, pour lui, des fils adoptifs par Jésus, le Christ. » Dieu nous veut à l’image de son Fils en qui nous devenons des fils, des filles… nous sommes aimés du même Amour dont Il aime le Fils. C’est là notre identité profonde et la « colonne vertébrale » de nos vies.

Mais ce Don inouï est fait à l’être humain tenté par le refus. La rédemption nous libère de nos fautes. Chacun, chacune peut mettre des mots, un contenu à ce que cela signifie dans sa propre vie. L’Evangile de ce jour y met des mots forts. Quant à moi, j’y vois la conséquence d’un doute ou même d’un refus du don de cette élection, de ce dessein d’Amour non seulement pour nos propres vies, mais aussi pour celles de nos frères et sœurs.

Quelques réflexions à partir de là :

« Election », « adoption », « rédemption »… Cette grande bénédiction nous livre le dessein d’Amour de Dieu, sa Grâce. Au quotidien, nous sommes appelées à discerner, à vivre à partir de cette joie. Elle est gratuite, nécessitée par rien, ne dépend en aucun cas de nos mérites ou de nos efforts. C’est Dieu qui a l’initiative. Et nous situer dans l’ordre de la Grâce, c’est non seulement être face à du non calculable, mais également face à quelque chose de non cumulable, comme la Manne. Ce que nous sommes, nous le recevons chaque jour. Nous ne sommes pas à l’origine du Don, donc pas à l’origine de la Vie et de l’Amour.

Face à la Grâce de Dieu, nous n’avons pas à rendre quelque chose qui aurait la même valeur… impossible. Face à ce Don le plus grand, déployé par Paul, Dieu n’attend de l’homme qu’une seule chose : qu’il reçoive le Don en témoignant sa reconnaissance, en répondant à sa Grâce. Ainsi, après avoir accueilli cette vie qui nous est donnée par le Christ, après donc avoir accueilli la Grâce, nous sommes appelés à y répondre, à rendre grâce, c’est-à-dire consentir à la vie qui nous est donnée comme un Don et à entrer dans ce mouvement de Don de Dieu en nous donnant à notre tour.

Cette dynamique se trouve dans nos Constitutions. En effet, ce passage d’Ephésiens ouvre le chapitre sur notre vie liturgique : l’article n° 19 dit « Dès le commencement, le Père nous a bénis de toute bénédiction. Dès le commencement, son amour attend, comme réponse libre et joyeuse, la liturgie d’adoration, de louange et de reconnaissance de tous ses enfants. » Et la suite précise de quel ordre est cette « réponse libre et joyeuse » en expliquant que cette « liturgie que le Père attendait (…) a pu s’exercer sans entrave ni limite » en Jésus et qu’à la suite de Jésus et des martyrs, « notre vie tout entière (…) peut devenir une liturgie à la gloire du Père. » Ce chapitre sur notre vie liturgique est le chapitre 2 ; toute notre vie suit dans les chapitres suivants. Ainsi, la liturgie célébrée est un versant indissociable d’un autre, à savoir de la « liturgie d’amour » de nos vies.

L’Eglise et chacune de nous sommes dépositaires de ce projet d’Amour de Dieu qui concerne l’humanité entière. A nous d’en témoigner par nos choix, notre manière d’être et de vivre partout où nous sommes et quoi que nous fassions.

sœur Claire-Isabelle Siegrist