Commentaire de la Parole
Samedi de la 29e semaine t.o. C
Luc 13, 1-9
Dieu se plaît-il à punir, comme le supposent les témoins de ces deux malheureux incidents ? Les pèlerins galiléens massacrés par Pilate et les 18 personnes tuées par la chute de la tour de Siloé, étaient-ils tous punis pour leurs péchés ?
Jésus n’est pas de cet avis, mais toutefois, il met en garde et invite à la conversion avec ces mots surprenants : « …sinon vous périrez tous de même ». Veut-il dire par là, périr avec de la culpabilité, comme si l’accident mortel était mérité à cause des péchés commis ? Toujours avec cette image d’un Dieu punisseur ?
Il est urgent de convertir en nous l’image de Dieu !
Il est absolument urgent de restaurer le visage de Dieu, comme on restaure un chef-d’œuvre abîmé. Ce chef-d’œuvre qu’est la face de notre Dieu. Un Dieu qui pleure le malheur de ses enfants ; un Dieu à la fois père et mère qui court à la rencontre du prodigue. Rappelons-nous le célèbre tableau de Rembrandt, où les deux mains posées sur le dos du fils sont l’une maternelle, l’autre paternelle.
Le Dieu révélé en Jésus-Christ est ce Père qui va jusqu’à livrer son fils unique, son bienaimé, afin de ramener vers lui l’homme qui s’est égaré loin de lui par le péché, ce péché qui va jusqu’à l’oubli du visage même de Dieu.
Pour mieux nous montrer la tendresse de notre Dieu, Jésus raconte encore une parabole.
« Quelqu’un avait un figuier planté dans sa vigne. » Ce quelqu’un sans nom qui peut représenter n’importe qui a un rapport purement utilitaire à ce qu’il possède. Déçu de ne pas trouver de fruit, il décide que l’arbre n’a plus de raison d’être : « Coupe -le ! »
Et voici que Jésus fait entrer en scène un personnage tout différent : le vigneron, homme de terrain qui a vu croître le figuier jour après jour. Il se met à intercéder pour qu’on laisse vivre ce figuier; lui-même en prendra soin : « Je bêcherai autour pour y mettre du fumier. Peut-être donnera-t-il du fruit à l’avenir. Sinon, tu le couperas. » - Nous pouvons lire cette petite parabole comme décrivant deux manières d’être et d’agir : une manière purement humaine, matérialiste, axée sur le rendement. Et puis la manière divine, qui respecte la vie, qui espère et prend patience. Ainsi sommes-nous conduits doucement vers la découverte du vrai visage de Dieu.
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Demain, c’est le dimanche de la mission universelle. Nous ne prendrons ni le bateau, ni l’avion pour aller convertir quelque tribu lointaine. Par contre, n’aurions-nous pas comme mission de faire connaître ce visage plein de bonté à telle ou telle personne qui aurait encore peur d’un Dieu sévère et punisseur ? Des personnes qui se demandent pourquoi Dieu leur envoie malheur.
A ce sujet, j’ai lu cette très belle réflexion de la pasteure Marion Müller-Colard : « e pourquoi n’indique pas une direction, c’est un contre-courant, un contre-temps : il fait remonter les choses vers leur révolu, vers un passé où elles n’ont plus place à prendre, un pourquoi mortifère. Au pourquoi, Jésus préfère le “pour quoi“ qui regarde en avant. »
Place donc à l’espérance, au devenir, le nôtre et celui du monde en attente de la Bonne Nouvelle.
sœur Jacqueline Lorétan