Liturgie de la Parole

Notre page « Echos de la communauté »

Nous aimerions sur cette page vous faire partager quelques échos de notre communauté, les événements que nous vivons « Au fil des jours », les témoignages de nos soeurs et ce que les différents médias (cath.ch, la RTS, KTO, VaticanNews...) partagent au sujet de nos communautés en Suisse et à Madagascar et de nos activités et services. Cliquez sur les liens pour accéder aux articles publiés.

Le temps de confinement, où l'Eucharistie n'était plus possible, nous a incitées à chercher des alternatives. C'est ainsi que l'Office du milieu s'est transformé en une « Liturgie de la Parole (accès aux textes publiés) » et cinq sœurs de la communauté se sont relayées pour commenter le texte de la liturgie du jour. Même si les célébrations ont maintenant repris, nous poursuivons cette belle expérience de partage de la Parole.

Soeur Jacqueline Lorétan

Commentaire de la Parole
Samedi de la 2e semaine t.o. C

Marc 3, 20-21

Deux versets, cinq lignes…Les amoureux de la Bible savent s’arrêter longuement sur quelques mots seulement pour en scruter le sens et en vivre. Ainsi, notre passage, en le regardant de près, nous livre une connaissance encore plus profonde de la vie du Christ ; de l’intensité de son ministère. Dès le début de sa vie publique, sa renommée se répand, les foules accourent de partout, comme nous l’avons entendu jeudi : « une multitude de gens qui avaient entendu parler de ce qu’il faisait vint à lui. »

Nous revoyons Jésus ici, non plus en plein air au bord du lac, mais coincé, encerclé dans la maison, pressé par la foule qui cherche à l’écouter et à le toucher pour se faire guérir. Jésus se fait littéralement manger par la foule, au point plus pouvoir manger lui-même !  

On peut comprendre que cette manière de vivre de Jésus, l’intensité avec laquelle il se donne dans son ministère, ait choqué les gens de chez lui, qui arrivent en disant : « Il a perdu la tête. » (Littéralement : “Il est sorti de son esprit.“)

Ils ne viennent pas simplement lui dire bonjour ; non, le texte dit : « Ils vinrent pour se saisir de lui. »

Or, ce verbe assez violent est le même que celui utilisé dans le récit de la passion, juste après le baiser de Judas : « Les soldats mirent la main sur lui et l’arrêtèrent. »

Ainsi, les gens de chez lui arrivent là pour mettre fin aux folies d’un des leurs. Et c’est tout à fait dans leur intérêt. On sait que les sociétés traditionnelles accordaient une grande importance à l'honneur de la famille. Jésus risque d'apporter le déshonneur aux gens de chez lui s'il continue d’agir d'une manière aussi extrême. Par ses actions et son franc-parler, il s’est mis les chefs religieux sur le dos. A cause de tout cela, ses proches craignent pour leur réputation.

Se pose alors la question pour nous : en essayant d’imiter le Christ, faut-il en arriver là, faut-il se dévouer jusqu’à ne plus pouvoir manger ? – La question est mal posée. Pour imiter quelqu’un, on ne peut pas se baser sur un seul instant particulier de sa vie. Jésus n’a pas été constamment dévoré par les foules. Rappelons-nous qu’il s’est retiré dans la solitude pour prier son Père. Et rappelons-nous cet autre passage où, dans un contexte semblable, il dit à ses disciples : « Venez à l’écart dans un endroit désert, et reposez-vous un peu. » (Mc 6, 31)

Ainsi, pour nous, imiter le Christ ne signifie pas être constamment sous pression. Il arrive bien sûr que nous soyons débordées, acculées à nos limites humaines dans l’exercice de notre mission reçue. Dans ces moments, tournons le regard vers ce même Christ qui, ailleurs dans l’évangile, appelle au repos ceux qui peinent et ploient sous le fardeau. Nous éviterons ainsi de cultiver, soit un apitoiement stérile sur nous-mêmes, soit un héroïsme recherché qui flatterait notre image.

Il est vrai que nous suivons un maître déconcertant, contesté par les siens et par les gens raisonnables. Dans les vies des saints, cela se répète régulièrement. N’ayons donc pas peur d’être regardés un peu de travers par notre entourage, d’être incompris par certaines de nos connaissances.

Si notre manière d’être est critiquée ou même ridiculisée par les sages et les habiles, ce n’est pas la fin d’un monde. Par contre, assurons-nous bien que notre comportement ne scandalise jamais, au grand jamais les petits et les plus faibles.

Ainsi, nous ressemblerons au Christ en qui nous sommes enfants du Père.

 

Sr Jacqueline  Loretan