Commentaire de la Parole
5^e lundi du Carême C

Daniel 13, 41c-62, Psaume 22 et Jean 8, 12-20

Comme chaque année, au lundi de la 5^ème semaine de Carême, nous lisons le récit intitulé « la chaste Suzanne » et nous sommes un peu empruntés pour en tirer notre nourriture spirituelle… Mais, dans les premiers versets, quelque chose mérite notre attention : c’est la prière touchante à la fois de désolation et de confiance de cette femme injustement condamnée :

« Dieu éternel, toi qui pénètres les secrets,
toi qui connais toutes choses avant qu’elles n’arrivent,
tu sais qu’ils ont porté contre moi un faux témoignage.
Voici que je vais mourir, sans avoir rien fait
de tout ce que leur méchanceté a imaginé contre moi. »

« Mourir sans avoir rien fait. » Quelle douleur, pour une femme encore jeune, de voir se terminer brusquement son existence, et donc ses rêves d’avenir d’épouse et de mère… Sa prière rejoint les cris de détresse de tant de femmes d’aujourd’hui, privées de leurs droits et de leur dignité : pensons aux femmes et aux filles de l’Afghanistan sous le régime des Talibans ; aux femmes dans les zones de guerre ; à celles qui subissent la violence domestique tout près de chez nous… Donc, cette histoire est toujours actuelle ; pour Suzanne, elle se termine bien, heureusement. Le mensonge est démasqué, la jeune femme innocentée : elle échappe à la mort.

Le Paume 22 qui suit notre lecture exprime si bien ce que peuvent ressentir des personnes sauvées du pire : 

« Le Seigneur est mon berger :
il me conduit par le juste chemin pour l’honneur de son nom.

Si je traverse les ravins de la mort,
je ne crains aucun mal, car tu es avec moi. 

Tu prépares la table pour moi devant mes ennemis ;
ma coupe est débordante.
Grâce et bonheur m’accompagnent tous les jours de ma vie. 

Puissent toutes nos sœurs en humanité, un jour, elles aussi, faire leurs ces mots pleins de gratitude et de louange. Car nous croyons que le Christ vit avec elles et en elles tous leurs drames ; Lui qui, comme tant de victimes, a été injustement condamné et livré au bon plaisir de ses malfaiteurs.

Et voilà que, peu avant sa propre mort, il se révèle encore à nous pour notre réconfort dans les ténèbres : « Moi, je suis la lumière du monde. Celui qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres, il aura la lumière de la vie. » Accueillons sa lumière qui nous fera discerner la dimension pascale de chaque évènement : du fond de nos tristesses, laissons-nous entrainer par Lui sur le chemin qui mène à Pâques.

Sr Jacqueline Lorétan