Liturgie de la Parole

Notre page « Echos de la communauté »

Nous aimerions sur cette page vous faire partager quelques échos de notre communauté, les événements que nous vivons « Au fil des jours », les témoignages de nos soeurs et ce que les différents médias (cath.ch, la RTS, KTO, VaticanNews...) partagent au sujet de nos communautés en Suisse et à Madagascar et de nos activités et services. Cliquez sur les liens pour accéder aux articles publiés.

Le temps de confinement, où l'Eucharistie n'était plus possible, nous a incitées à chercher des alternatives. C'est ainsi que l'Office du milieu s'est transformé en une « Liturgie de la Parole (accès aux textes publiés) » et cinq sœurs de la communauté se sont relayées pour commenter le texte de la liturgie du jour. Même si les célébrations ont maintenant repris, nous poursuivons cette belle expérience de partage de la Parole.

Sr Berta Lütolf

Commentaire de la Parole
34e semaine du t.o. A

Apocalypse 22,1-7 et Luc 21,34-36

 

Au verset 8 du chapitre 21 de l’Évangile de Luc, nous avons lu :
« Prenez garde de ne pas vous laisser égarer ».

Aujourd’hui nous lisons :
« Tenez-vous sur vos gardes, de crainte que votre cœur ne s’alourdisse dans la débauche, l’ivrognerie et les soucis de la vie, et que ce jour ne tombe sur vous à l’improviste ».
« Restez éveillés et priez ».

Comme déjà évoqué, dans l’Évangile de Luc, nous sommes au dernier discours de Jésus à la veille de son arrestation. Discours sur « la fin des temps » ?, « d’une phase terminale » ?

Depuis son entrée dans le monde, Jésus s’est résolument tourné vers le Père. Il a annoncé à temps et contre-temps qu’Il est venu pour sauver les hommes, pour révéler la Volonté du Père : qu’en tout homme advienne la relation de fils dans le Fils de l’Homme. Dès le début de l’Évangile, Jésus est engagé dans ce combat.

De la naissance à la mort, tout homme, toute génération, est confronté à ce combat. Effondrement d’un monde, levée d’un jugement, d’une vérité : chacun sait qu’il peut y avoir plusieurs temps de ce type dans son existence.

Jeudi, nous avons lu que, sur terre, les nations seront affolées par le climat de catastrophe « finale ». Les hommes mourront (plus littéralement : « rendront l’âme ») de peur, dans la crainte des malheurs arrivant sur le monde. “Rendre l’âme” n’est pas seulement mourir, c’est connaître une défaillance. Défaillir de crainte, dans l’attente de ce qui vient : sans trop savoir ce qui vient, on se met à imaginer le pire pour l’humanité.

Aujourd’hui, l’Évangile nous parle de l’alourdissement du cœur. Celui-ci se manifeste à travers trois comportements :

  • Le premier, traduit dans la version liturgique par « débauche », signifie plutôt, littéralement : la « gueule de bois ».
  • Vient ensuite l’ivrognerie.
  • Et enfin les inquiétudes ou les préoccupations de la vie.

Deux termes sur trois touchent à l’ivresse, et on est surpris de l’insistance. Quant à l’agitation ordinaire de la vie, qui oserait dire qu’il n’y a pas d’ivresse dans les occupations et préoccupations auxquelles on consent pour organiser le monde, le gérer, l’occuper, le plier à ce que l’on veut, et qu’il n’y a pas d’états d’hébétude (de gueule de bois) lorsqu’on récolte les fruits de l’agitation ? En fait, il semblerait que la mise en garde de Jésus concerne cette impatience qui conduit chacun à se donner du neuf à soi-même faute de le voir venir. Dans l’ivresse, on donne le change à la vérité, on joue à exister autrement, on défie les pesanteurs.

En face de cette force de l’alourdissement du cœur et du sommeil, il y a le jour du Fils de l’homme comme un filet survenant hors de toute attente et de tout savoir et qui s’abat sur tous les hommes de la terre. Installé sur la terre comme si cela devait durer toujours, telle est la condition de chaque génération, son rêve éveillé aux formes infinies. Pourtant, pas une génération qui échappe au terme, au « filet » qui laisse entendre la fin d’un travail, et le temps où l’on évalue la prise.

La vigilance et la prière de chaque instant que Jésus recommande pour faire face, dans la succession indéfinie des jours, à la menace constante et puissante de ce « sommeil », ne semble pas être un simple moyen pour échapper au malheur. Ce qui se profile est un discernement : « tenir debout devant le Fils de l’homme », précédé par cette prescription : « Demandez, priez, en tout temps, afin d’être plus forts » (et non pas : « d’être trouvés dignes »). « Afin d’être plus forts pour échapper à toutes ces choses qui doivent arriver. »

L’Évangile de la fin des temps nous parle d’un commencement, de la venue du Fils de l’homme ! D’une délivrance qui est en marche. Délivrance qui nous arrache à l’attraction qu’exercent sur nous ivresses et soucis de la vie.

« Tenir debout devant le Fils de l’homme. » C’est une position d’immense dignité que nous attendons.

  

Sr Berta Lütolf

 

(J’ai puisé abondamment dans un commentaire d’Alain Dagron et dans ce que Sr Isabelle disait précédemment).