Liturgie de la Parole

Notre page « Echos de la communauté »

Nous aimerions sur cette page vous faire partager quelques échos de notre communauté, les événements que nous vivons « Au fil des jours », les témoignages de nos soeurs et ce que les différents médias (cath.ch, la RTS, KTO, VaticanNews...) partagent au sujet de nos communautés en Suisse et à Madagascar et de nos activités et services. Cliquez sur les liens pour accéder aux articles publiés.

Le temps de confinement, où l'Eucharistie n'était plus possible, nous a incitées à chercher des alternatives. C'est ainsi que l'Office du milieu s'est transformé en une « Liturgie de la Parole (accès aux textes publiés) » et cinq sœurs de la communauté se sont relayées pour commenter le texte de la liturgie du jour. Même si les célébrations ont maintenant repris, nous poursuivons cette belle expérience de partage de la Parole.

Soeur Jacqueline Lorétan

Commentaire de la Parole
Lundi de la 25e semaine t.o. C

1 Corinthiens 11, 17-26.33 et Luc 7, 1-10

« J’ai moi-même reçu ce qui vient du Seigneur, et je vous l’ai transmis :
la nuit où il était livré, le Seigneur Jésus prit du pain, puis, ayant rendu grâce, il le rompit, et dit :
« Ceci est mon corps, qui est pour vous. Faites cela en mémoire de moi. »
Après le repas, il fit de même avec la coupe, en disant :
« Cette coupe est la nouvelle Alliance en mon sang. Chaque fois que vous en boirez, faites cela en mémoire de moi. »
Ainsi donc, chaque fois que vous mangez ce pain et que vous buvez cette coupe, vous proclamez la mort du Seigneur, jusqu’à ce qu’il vienne. »

Ce passage solennel, que nous avons l’habitude d’entendre le Jeudi Saint et à la Fête du Saint Sacrement, apparaît ici en un simple jour de semaine. Cela nous permet de mieux connaître le contexte dans lequel Paul a écrit sa 1ère lettre aux Corinthiens.

Nous savons que la communauté chrétienne de Corinthe lui a donné du fil à retordre. Parmi bien d’autres désordres, il doit les reprendre au sujet de leurs réunions du “Repas du Seigneur“, prémices de nos Eucharisties dominicales. Ces réunions avaient pris une drôle d’allure. Voilà ce que Paul constate :

« Donc, lorsque vous vous réunissez tous ensemble, ce n’est plus le repas du Seigneur que vous prenez ; en effet, chacun se précipite pour prendre son propre repas, et l’un reste affamé, tandis que l’autre a trop bu ».

Et encore : « Méprisez-vous l’Église de Dieu au point d’humilier ceux qui n’ont rien ? Que puis-je vous dire ? Vous féliciter ? Non, pour cela je ne vous félicite pas ! »

(Ce qui se passait là à Corinthe reviendrait de nos jours à se précipiter sur l’apéritif dînatoire bien garni, avant même d’avoir assisté à la messe.)

A entendre Paul, ce qui le peine surtout, ce n’est pas quelque déviance liturgique, c’est le fait que les pauvres soient humiliés, désavantagés par rapport aux piqueniques copieux que chacun apporte pour soi-même. Ainsi est trahi ce qui fait le cœur, le centre du repas eucharistique : la charité.

Paul entreprend alors de leur rafraîchir la mémoire en leur rappelant avec quel amour Jésus a pris le pain et le vin au soir de la Cène, « la nuit où il fut livré ». Scellant dès cet instant le don irréversible de sa vie, de son corps et son sang, Jésus demande aux disciples d’en faire mémoire par ce même geste, jusqu’à son retour. Sommet de Charité.

A nous donc de faire de chaque célébration eucharistique un moment de véritable amour fraternel, par notre attention aux pauvres, ceux présents dans nos assemblées comme tous les autres dispersés dans le vaste monde.

Je me souviens ici d’une réflexion du Chne Rouiller, disant qu’il serait bon que flotte dans nos sacristies une odeur de boulangerie : c’est-à-dire de vrai pain. Car ces hosties, une fois consacrées, ne seront pas mangées par des anges, mais par des humains bien incarnés et invités au partage.

Il en va de même lorsque nous prions : « donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour ». N’oublions pas de demander au Père également le pain “ordinaire“, nourriture pour ses enfants qui ont faim. Ceci est le cas actuellement en Somalie où sévit la pire des famines, ainsi que dans beaucoup d’autres parties du monde. Si les médias en parlent si peu, ce n’est pas une raison pour que nous, chrétiens, nous ignorions le sort de tous ces hommes, femmes et enfants, nos semblables.

C’est sans doute dans cette perspective que nous pouvons prendre à cœur le v. 28 du texte de Paul : « Que chacun donc s’éprouve soi-même et qu’ainsi il mange de ce pain et boive de cette coupe ». Concrètement, que chacun se demande : Où en suis-je dans mon souci du prochain ? 

Avec le centurion de l’Evangile, reconnaître que nous ne sommes pas dignes de recevoir le Seigneur, aussi longtemps que notre cœur n’est pas assez grand ouvert pour qu’il puisse y entrer avec tout le cortège des pauvres, ses amis.

sœur Jacqueline Lorétan