Commentaire de la Parole
Jeudi de la 5e semaine de Pâques
Actes 15, 7-21 et Jean 15, 9-11
Les trois versets du chapitre 15 de S. Jean que nous venons d’entendre sont parmi les plus connus, les plus cités et médités de son Evangile. Nous ne nous lassons pas de les intérioriser, de les retourner dans notre bouche et dans notre esprit. Ils sont inépuisables : qui donc arrivera à scruter jusqu’au bout ce que veut dire le verbe demeurer quand il s’agit de notre vie avec Dieu ?
Et non seulement demeurer, mais demeurer dans l’amour. Jésus ne décrit pas un sentiment, mais une réalité, une action même : garder les commandements de son Père. Garder, mettre en pratique, bien faire. C’est de cet abîme d’amour que va naître la JOIE parfaite.
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L’Evangile de Jean n’était pas encore écrit au temps où Pierre, Paul, Barnabé, Jacques et les autres apôtres se voyaient devant le défi que certaines situations nouvelles soulevaient; mais ils connaissaient les Paroles de Jésus prononcées lors du repas d’adieu : « Je vous donne un commandement nouveau… »
Le passage des Actes qui nous est proposé aujourd’hui est parfois appelé « le Concile de Jérusalem ». Alors que l’Evangile avait gagné les nations païennes, il s’agissait d’apaiser les inquiétudes que cela provoquait chez les disciples issus du judaïsme, encore attachés aux prescriptions anciennes.
Hier, nous avons entendu qu’ils exigeaient la circoncision pour tous. Aujourd’hui, il est question d’aliments permis et non permis…
Le moment était venu pour les apôtres d’appliquer le commandement de l’amour à ces situations compliquées, afin d’éviter un scandale pour les uns et un fardeau trop pesant pour les autres.
N’était-ce pas Jésus lui-même qui avait portée à son accomplissement la loi de Moïse en l’allégeant des interprétations aberrantes ? Jésus, le révolutionnaire, en plaçant l’amour plus haut que les sacrifices, l’esprit avant la lettre, avait changé le joug pesant de la loi ancienne en loi de la liberté.
L’Esprit de liberté donné aussi aux païens qui avaient entendu les paroles de l’Evangile par la bouche de Pierre, cet Esprit allait guider le discernement des apôtres quant à l’accueil des païens dans la communauté. Le seul joug à porter sera désormais celui de Jésus :
« Prenez sur vous mon joug, devenez mes disciples, car je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos pour votre âme. Oui, mon joug est facile à porter, et mon fardeau, léger. » (Mt 11, 29-30).
Demeurer dans l’amour du Christ en gardant ses commandements, voilà ce qui donne sa vraie couleur à une vie de disciple, une vie en Eglise.
Restons à l’écoute de sa Parole précieuse :
« Je vous ai dit cela pour que ma joie soit en vous, et que votre joie soit parfaite. »
Sr Jacqueline Lorétan