Liturgie de la Parole

Notre page « Echos de la communauté »

Nous aimerions sur cette page vous faire partager quelques échos de notre communauté, les événements que nous vivons « Au fil des jours », les témoignages de nos soeurs et ce que les différents médias (cath.ch, la RTS, KTO, VaticanNews...) partagent au sujet de nos communautés en Suisse et à Madagascar et de nos activités et services. Cliquez sur les liens pour accéder aux articles publiés.

Le temps de confinement, où l'Eucharistie n'était plus possible, nous a incitées à chercher des alternatives. C'est ainsi que l'Office du milieu s'est transformé en une « Liturgie de la Parole (accès aux textes publiés) » et cinq sœurs de la communauté se sont relayées pour commenter le texte de la liturgie du jour. Même si les célébrations ont maintenant repris, nous poursuivons cette belle expérience de partage de la Parole.

Sr Jacqueline Lorétan

Commentaire de la Parole
Samedi de la 12e semaine t.o.

Genèse 18,1-15 et Matthieu 8,5-17

En abordant ces deux grands textes, j’ai été comme saisie d’une sainte crainte… je me suis rendue compte de ma petitesse devant ces monuments de l’Ecriture, surtout en ce qui concerne le récit du Chêne de Mambré, un des textes fondateurs de l’histoire du salut.
De même pour l’évangile de la guérison du serviteur d’un centurion païen, marquant l’ouverture du salut aux nations.

Mais restons pour l’instant avec l’hospitalité d’Abraham et…le rire de Sarah !
Il faisait chaud ce jour-là en plein midi. Qu’est-ce qu’on était bien à l’ombre du vieux chêne, assis à l’entrée de la tente et faisant la sieste. Après les quelques jours de grande chaleur, nous pouvons tout à fait nous voir dans cette situation (avec quelque part une petite voix qui soupire : « pourvu qu’on ne me dérange pas. »

Mais voilà qu’Abraham reçoit de la visite : « le Seigneur apparut à Abraham », dit le texte, ce qu’il ne saura que plus tard. Il lève les yeux − il ne fait pas semblant de dormir – et voit trois hommes debout près de lui. Aussitôt oubliée la sieste, c’est le sprint : il court, il se hâte, il commande ; mais surtout il abonde en paroles de révérence et de respect, se prosternant et saluant les hôtes comme « mes Seigneurs ». Il enchaîne les propositions de bienfaits dont il va les combler, leur garantissant bien-être et confort maximal. Et, en signe de respect, Abraham se tiendra debout pendant que ses hôtes mangent.

Je m’arrête ici pour insérer quelques extraits d’un commentaire du bibliste Gérard Billon*, intitulé : 

Quand Abraham accueille l'étranger et que Sarah rit ... 

« Les Églises d’Orient ont donné à Gn 18 le titre de ''Philoxénie d’Abraham'', autrement dit l’amour de l’étranger. C’est bien d’amour qu’il s’agit lorsqu'Abraham prend soin du corps de ses hôtes – Dieu sans qu’il le sache – et lorsque, presque au même moment, dans le corps de Sara s’annonce l’enfant inespéré…

'' Je vais faire de toi une grande nation '' lisons-nous au ch. 12 de la GenèseLa promesse du Seigneur à Abram devait se jouer d’un obstacle, d’une douleur : la stérilité de Saraï. Longuement, le récit a exploré diverses pistes : l’héritier sera-t-il Lot, Ismaël ou le fidèle intendant ? Est-ce que Agar serait la “mère porteuse“, servante-maîtresse… ? Puis le Seigneur a scellé son alliance avec Abram : nouveaux noms (Abraham, Sara), nouveau rite (la circoncision). Alors seulement, quand ne reste plus que la longue attente, Dieu prend corps et apparaît.

Lorsqu'enfin le Seigneur parle, c'est pour s'inquiéter de Sarah... Abraham n'a pas reconnu Dieu, mais Sara, comment va-t-elle réagir devant ces gens qui la connaissent si bien et qui promettent l'inouï ? Alors elle émerge enfin, tremblante, au statut de partenaire, dans une relation ''je-tu'' : “Je n’ai pas ri.“ - ''Si, tu as ri''. Elle est dans la tente, mais c'est comme si Dieu la tirait hors de l'ombre de son mari, en plein soleil. Elle existe. Elle va donner le jour.

Sans se faire reconnaître, le Seigneur a permis à Abraham de montrer beaucoup d'amour et Sara, qui se dit ''usée'', est rendue capable d'en déployer davantage. Le corps d'Isaac s'annonce, fruit de la promesse divine, fruit aussi d'un amour au-delà de 
l'humainement possible. »

                                                                       ***

 «…dans le corps de Sara s’annonce l’enfant inespéré. »

En quelque sorte, nous la sentons comme une parente de Marie, un peu sa grande sœur. Les deux ont reçu l’annonce d’une maternité hors du commun. Elle sera longue de presque 2000 ans, l’histoire de sa descendance, avant d’aboutir à l’Enfant né de Marie ; Jésus Fils de Dieu, Jésus enfant de Marie et, pour les hommes, de Joseph, grâce à qui il sera de la lignée de David. Ce long cheminement se déroule devant nous à chaque fois qu’est chantée la Généalogie (Mt 1), le 8 septembre ainsi que pendant les Vigiles peu avant Noël.

Et voici qu’aujourd’hui, nous tenons les deux bouts. Partant d’Abraham et aboutissant à Jésus Christ en qui seront abolies les frontières du peuple que Dieu s’était choisi : désormais, il ne faudra plus être de la descendance d’Abraham et de la lignée de David pour en faire partie 

Dans l’admiration devant la foi d’un centurion païen Jésus déclare : « Beaucoup viendront de l’orient et de l’occident et prendront place avec Abraham, Isaac et Jacob au festin du royaume des Cieux. »

Et voilà que la boucle est bouclée. L’histoire Sainte embrasse désormais toutes les nations.

 
*bible-service.net

Sr Jacqueline Lorétan