Liturgie de la Parole

Notre page « Echos de la communauté »

Nous aimerions sur cette page vous faire partager quelques échos de notre communauté, les événements que nous vivons « Au fil des jours », les témoignages de nos soeurs et ce que les différents médias (cath.ch, la RTS, KTO, VaticanNews...) partagent au sujet de nos communautés en Suisse et à Madagascar et de nos activités et services. Cliquez sur les liens pour accéder aux articles publiés.

Le temps de confinement, où l'Eucharistie n'était plus possible, nous a incitées à chercher des alternatives. C'est ainsi que l'Office du milieu s'est transformé en une « Liturgie de la Parole (accès aux textes publiés) » et cinq sœurs de la communauté se sont relayées pour commenter le texte de la liturgie du jour. Même si les célébrations ont maintenant repris, nous poursuivons cette belle expérience de partage de la Parole.

Soeur Claire-Isabelle Siegrist

Commentaire de la Parole
Lundi de la 22e semaine t.o.

1 Thessaloniciens 4, 13-18, Psaumes 95, Luc 4, 16-30

L’évangile que nous venons d’entendre se situe après le baptême de Jésus et immédiatement après les tentations au désert. Il s’agit du début de la mission apostolique de Jésus après 30 ans de vie cachée. La scène semble habituelle : Jésus est chez lui, à Nazareth où il a grandi et se rend comme à son habitude à la synagogue. Pourtant la solennité avec laquelle Luc décrit les gestes de Jésus indique que quelque chose d’important est en train de se passer. Luc écrit : « il se leva pour faire la lecture. On lui remit le livre du prophète Isaïe. Il ouvrit le livre et trouva le passage où il est écrit (…), puis « Jésus referma le livre, le rendit au servant et s’assit » (v. 20).

Ces versets sont rédigés dans une structure plaçant au centre la parole tirée du prophète Isaïe : « L’Esprit du Seigneur est sur moi parce que le Seigneur m’a consacré par l’onction. Il m’a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres, annoncer aux captifs leur libération, et aux aveugles qu’ils retrouveront la vue, remettre en liberté les opprimés, annoncer une année favorable accordée par le Seigneur. » Jésus la fait sienne en disant pour seul commentaire : « Aujourd’hui s’accomplit ce passage que vous venez d’entendre. » (v. 21) La traduction littérale de ce verset est plus forte : « Aujourd’hui s’accomplit à vos oreilles ce passage… ». En grec, le mot pour dire « oreille » est de la même racine que le verbe écouter. Or, dans la bible, écouter signifie tout à la fois : écouter et mettre en pratique, obéir, verbe qui a lui aussi la même racine. Ainsi, pour qui ouvre son oreille, écoute cette promesse et s’y fie, la sortie du désespoir, de l’aveuglement et de l’enfermement est donnée aujourd’hui. Il me semble qu’il y a là le cœur de notre vie de disciple.

Un deuxième point sur lequel je désire m’arrêter est la question de l’identité de Jésus. Les lecteurs que nous sommes savent déjà que Jésus doit être « chez son Père » (Lc 2, 49) et qu’au baptême une voix venant du ciel proclame qu’Il « est le Fils bien-aimé » (Lc 3, 22) et nous reconnaissons dans les paroles du prophète Isaïe Jésus lui-même. On voit dans ce passage que les habitants de Nazareth sont certes admiratifs des « paroles de grâce » (Lc 4, 22) qui sortent de sa bouche, mais Jésus perçoit dans leur interrogation – « N’est-ce pas là le fils de Joseph ? » – non pas un esprit de reconnaissance et de foi, mais le murmure de ceux qui doutent Ainsi se fait-il l’écho de ce qui traverse leurs cœurs : « Nous avons appris tout ce qui s’est passé à Capharnaüm ; fais donc de même ici dans ton lieu d’origine ! » (Lc 4, 23). On peut y entendre cette pensée : prouve-nous que tu es le Messie annoncé par Isaïe.

D’autres passages de l’Evangile de Luc font écho à cette question de l’identité de Jésus. Ainsi, par ex. lors des tentations au désert, le diable lui dit « Si tu es Fils de Dieu, ordonne à cette pierre de devenir du pain » (Lc 4, 3), « Si tu es Fils de Dieu, d’ici jette-toi en bas » (Lc 4, 9). A la croix, à trois reprises, Jésus est tourné en dérision : « Si tu es le Christ, sauve-toi toi-même ! » (cf. Lc 23, 35.37.39). A chaque fois, Jésus résistera à la tentation de prouver qui il est.

Le cœur de la mission de Jésus n’est pas d’affirmer et encore moins de prouver qui il est et sa mission n’est pas de remplir un programme. Jésus est le Fils bien-aimé, sur lui repose l’Esprit, il est « consacré par l’onction » (v. 18), et il est l’envoyé. Le cœur de sa mission est cette obéissance filiale. C’est cette écoute de l’Esprit qui guidera Jésus vers les pauvres où qu’ils soient, vers ceux et celles qui vont entendre qu’aujourd’hui la promesse est accomplie à leurs oreilles.

A sa suite, nous sommes envoyés en mission et, nous aussi, c’est l’Esprit qui doit nous conduire. C’est cet appel qui conclut l’Evangile de Luc et qui ouvre le livre des Actes : « vous allez recevoir une force quand le Saint-Esprit viendra sur vous ; vous serez alors mes témoins… » (Ac 1, 8). Le cœur de notre vie de disciple-missionnaire : un appel à écouter la Parole s’accomplissant aujourd’hui en notre vie personnelle, à fonder notre vie sur cette libération, à obéir, c’est-à-dire tendre à vivre en cohérence avec ce don. Le seul « programme » de notre vie de disciple-missionnaire est d’être fils et filles du Père, de discerner la présence de l’Esprit en nos propres vies et dans celle de nos contemporains, d’en témoigner par notre manière d’être, par nos actes et parfois nos paroles.

 

 

Sœur Claire-Isabelle Siegrist