Commentaire de la Parole
Octave de Pâques
Quelques mots sur Luc 24,35-38
L’Octave de Pâques se déploie comme une seule journée : matin et soir nous psalmodions les mêmes psaumes, nous répétons les mêmes antiennes qui ne disent qu’une seule chose : Christ est vraiment ressuscité !
Et chaque jour est proclamé un récit des apparitions du Ressuscité à travers les 4 évangiles. Depuis hier nous voici avec S. Luc.
Le chapitre 24 a débuté par une énigme autour du corps de Jésus. D’abord son corps mort et à qui quelques femmes sont venues rendre hommage : il a disparu du tombeau ! Puis celui du Ressuscité : « Pourquoi cherchez-vous le Vivant parmi les morts ? Il n’est pas ici. » (v. 6)
Mais alors où est-Il ? Le lecteur est invité à parcourir tout le chapitre pour trouver la réponse à cette question.
Arrêtons-nous un court instant sur deux versets du récit entendu hier : « Il advint, comme il était à table avec eux, qu’il prit le pain, dit la bénédiction, puis le rompit et le leur donna. Leurs yeux s’ouvrirent et ils le reconnurent… mais il avait disparu de devant eux. » (vv. 30-31). Le Ressuscité apparaît et il disparaît.
Parler d’apparitions du Ressuscité c’est du même coup parler de ses disparitions. Parler de sa présence c’est du même coup parler de son absence. Et l’Evangile de Luc va se conclure avec la grande « disparition » de Jésus qu’est l’Ascension.
Il disparaît donc au regard des pèlerins mais paradoxalement cela ne les enfonce pas davantage dans la tristesse ; bien au contraire le courage est revenu et ils retournent en hâte à Jérusalem retrouver les onze. Là ils apprennent que le Seigneur est apparu à Simon.
Et voici notre texte : « … Ils racontaient ce qui s’était passé sur la route, et comment le Seigneur s’était fait reconnaître à la fraction du pain. Comme ils en parlaient encore, lui-même fut présent au milieu d’eux, et leur dit : « La Paix soit avec vous ! »
La réponse à la question du début la voici : le Ressuscité est là au milieu du groupe des disciples, c’est-à-dire de ceux et de celles qui ont fait l’expérience de sa présence. Il est au centre, Il est Celui vers qui les regards se tournent et qui assure la cohésion du groupe. Son corps de Ressuscité dont il montre les mains et les pieds à jamais marqués par les marques de la passion, son corps qu’Il invite à toucher, son corps qui mange du poisson grillé, va disparaître.
Et c’est un autre corps qui prend le relai jusqu’à la fin des temps : un corps de frères et de sœurs qui forment l’Eglise. Désormais Il se donne à voir par nous, par nos liens fraternels.
Le corps eucharistique dont nous sommes privé.e.s depuis plusieurs semaines nous est vital, indispensable pour que nous formions le corps fraternel du Christ ressuscité. Que ce temps de disette nous en fasse prendre conscience.
Et ne l’oublions jamais : il nous reste la Parole, à lire et à interpréter inlassablement parce que c’est là que Jésus nous parle et nous explique ce qui le concerne. C’est elle qui rend notre cœur tout brûlant au-dedans de nous. (v. 32)
Sœur Adrienne Barras