Liturgie de la Parole

Notre page « Echos de la communauté »

Nous aimerions sur cette page vous faire partager quelques échos de notre communauté, les événements que nous vivons « Au fil des jours », les témoignages de nos soeurs et ce que les différents médias (cath.ch, la RTS, KTO, VaticanNews...) partagent au sujet de nos communautés en Suisse et à Madagascar et de nos activités et services. Cliquez sur les liens pour accéder aux articles publiés.

Le temps de confinement, où l'Eucharistie n'était plus possible, nous a incitées à chercher des alternatives. C'est ainsi que l'Office du milieu s'est transformé en une « Liturgie de la Parole (accès aux textes publiés) » et cinq sœurs de la communauté se sont relayées pour commenter le texte de la liturgie du jour. Même si les célébrations ont maintenant repris, nous poursuivons cette belle expérience de partage de la Parole.

Homélie du pasteur Martin Hœgger
Eucharistie du Dimanche 29 octobre 2023,
Lectio Divina œcuménique mensuelle,
La Pelouse sur Bex.

Les deux amours

Faut-il opposer service de Dieu et service de l’homme ? Quel est le plus grand commandement de la loi ?

On pose à Jésus cette question classique à cette époque. En effet, dans les écoles rabbiniques on distinguait dans la loi de Dieu 365 interdits et 248 préceptes. On se demandait lequel de ces 613 commandements prenait le pas sur les autres et les résumait ?

Jésus répond en liant l’amour de Dieu et celui du prochain : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu, et ton prochain comme toi-même » (Mt 22,34-40). Il invite à ne jamais dissocier ces deux amours, pas plus qu’on ne saurait séparer le tronc des racines d’un arbre, ou le soleil de ses rayons. 

Homélie du pasteur Martin Hœgger
Eucharistie du Dimanche 29 octobre 2023,
Lectio Divina œcuménique mensuelle,
La Pelouse sur Bex.

Les deux amours

Faut-il opposer service de Dieu et service de l’homme ? Quel est le plus grand commandement de la loi ?

On pose à Jésus cette question classique à cette époque. En effet, dans les écoles rabbiniques on distinguait dans la loi de Dieu 365 interdits et 248 préceptes. On se demandait lequel de ces 613 commandements prenait le pas sur les autres et les résumait ?

Jésus répond en liant l’amour de Dieu et celui du prochain : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu, et ton prochain comme toi-même » (Mt 22,34-40). Il invite à ne jamais dissocier ces deux amours, pas plus qu’on ne saurait séparer le tronc des racines d’un arbre, ou le soleil de ses rayons. 

L’accent de Jésus ne porte pas sur l’observation rigoureuses de tous les interdits et des prescriptions, mais sur la relation avec la personne, sur l’élan du cœur. Mon cœur a deux amours, comme dit la chanson : celui de Dieu et celui du prochain. « Notre amour pour Dieu intensifie notre amour envers nos frères et plus nous aimons notre prochain, plus s’approfondit notre amour pour Dieu ».[1]

L’amour pour Dieu et pour le prochain est le centre de la Bible, la norme avant toutes les normes, le préambule de toute règle et le critère d’interprétation de toute l’Ecriture. Jésus le dit en rappelant que « toute la loi de Moïse et tout l’enseignement des prophètes dépendent de ces deux commandements. »

Trois questions

Qui est ce Dieu à aimer ?

Posons-nous d’abord cette question de notre relation avec Dieu. Cette relation se construit lentement, elle grandit avec le temps, avec nos expériences de joies, d’erreurs, de défaites. Plus j’avance dans la vie chrétienne, plus je découvre ce Dieu qui ne change pas à mon égard, malgré mes incapacités et mes limites. Son attitude envers nous est toujours la même : une attitude de bienveillance.

Le texte de l’Exode (autre texte de ce dimanche) nous montre la bienveillance de Dieu envers tous ceux qui vivent dans une situation de faiblesse : les étrangers, les veuves et les orphelins et les pauvres. (Exode 22.20-26)

L’attention de Dieu ne change pas d’intensité selon le comportement négatif ou positif de l’homme à son égard. Nous avons l’habitude de penser que si on commet une erreur, alors Dieu changerait d’attitude envers nous, qu’il nous aimerait moins. Mais en fait Dieu reste le tout bienveillant.

Cela nous semble incroyable, mais Dieu reste celui qui ne peut qu’offrir son amour. Avons-nous de la peine à l’accepter ? Pensons-nous que nos défaites et nos erreurs peuvent empêcher notre relation avec lui ?

Qui est-ce prochain à aimer ?

Le texte de l’Exode nous le montre à nouveau dans toute sa fragilité. La personne dont je dois me rendre proche n’est pas le prochain en général, mais celui qui fait l’expérience de la faiblesse, de la pauvreté, du déracinement à l’étranger, de la rupture affective. C’est ce prochain que j’ai à aimer comme moi-même.

Que veut dire s’aimer soi-même ? Et comment s’aimer soi-même quand on découvre également en nous toutes ces fragilités rencontrées chez les autres ? Ne suis-je pas le premier prochain à devoir aimer ? N’ai-je pas à accepter sur moi-même comme sur les autres ce regard de Dieu : regard infini de tendresse et de compassion ?

Qui suis-je appelé à devenir ?

Si Dieu est le tout bienveillant et que je suis créé « à son image », n’ai-je pas alors vocation urgente de refléter son image ? Je suis vraiment moi-même lorsque je suis porteur de cette image. Et je le suis quand je suis bienveillant comme Lui est bienveillant, compatissant comme lui est compatissant, accueillant comme lui est accueillant.

Un jour, au lendemain d’un culte consacré aux réfugiés, je vis arriver dans mon bureau, une famille roumaine exilée. Elle n’avait pas mangé depuis deux jours et avait dû dormir à la belle étoile, car elle n’avait plus rien.

Il me semblait alors que le Seigneur me disait : tu as parlé hier de l’accueil des étrangers, eh bien, maintenant vis-le ! Que faire dans cette situation ? Je me suis dit : comment Jésus aurait-il réagi à ma place ; comment puis-je refléter quelque chose de son image de compassion ? Alors, j’ai consacré une bonne partie de la journée à aider ces personnes, à travers qui une volonté de Dieu se manifestait pour moi, me semblait-il. Et une relation d’amitié s’est développée entre nous.

Aimer Dieu de tout son cœur…

 …Et son prochain comme soi-même. Deux commandements qui sont semblables, dit Jésus. Mais sont-ils sur le même niveau ? Parfois nous passons trop vite à la deuxième partie. Car ce qui nous est demandé d’abord, c’est d’aimer Dieu de manière totale. « De tout notre cœur… », Jésus aime ce mot «tout», qui est caractéristique de son langage.

 « Ce que nous devons faire, c’est aimer Dieu. A lui tout notre être, notre temps, notre travail, notre cœur, notre intelligence. Et pour lui exprimer notre amour, il nous faut apporter nos soins, nos attentions, notre amour aux créatures. Mais c’est pour lui que nous devons le faire, pour continuer à l’aimer. » (Chiara Lubich)

Comment l’aimer ? La prière.

Regardons à Jésus. Mieux que personne il connaît ce Dieu, qui est son Père et notre Père. C’est dans la prière que nous le découvrons et que nous lui montrons qu’il compte pour nous. Que signifie prier ? Je crois que c’est d’abord établir un rapport personnel avec Dieu. On peut réciter beaucoup de prières, on peut consacrer beaucoup de temps à la méditation, mais ne pas avoir prié une seconde.  La prière devient prière quand nous répondons à son regard bienveillant en lui disons « tu ».

 Quand j’ai commencé des études théologie, il y a bientôt cinquante ans, je n’avais jamais prié de cette manière. Durant un an, j’ai étudié la théologie sans jamais avoir prié…Puis Dieu m’a manifesté sa bienveillance et j’ai rencontré son regard… Et pour la première de ma vie, je lui ai dit une prière où un seul mot sorti de ma bouche : pardon ! Pas du bout des lèvres, mais du fond de mon cœur. J’avais découvert la prière et un incendie s’alluma en moi et qui ne s’est jamais éteint.

« La prière est, en fait, le moment où nous sortons du monde qui nous entoure, tout en restant plongé en lui, moment où finalement nous rentrons à la maison, dans notre vrai monde, le monde de la Trinité. Pour cela, prier, est le moment le plus beau de notre journée, où dans le silence intérieur, nous écoutons Dieu, qui parle avec une voix subtile et nous aide affronter la réalité concrète de tous les jours, avec ses échecs, ses épreuves, la fatigue physique et nerveuse, avec tous les problèmes »[2].

C’est dans la prière que nous pouvons lui dire et lui redire notre amour exclusif. Trouvons chaque jour un moment où nous pouvons le faire. Souvent je dois lutter pour garder ce moment de dialogue et de communion avec lui, car tout dans notre société hyperactive et orientée presque uniquement vers l’ici-bas m’en éloigne. Je sais que si je rate ce moment, le reste de la journée n’a pas la même saveur.

Voici notre vraie vie : nous tourner vers le Père et en lui nous tourner avec son amour vers toutes les créatures, particulièrement celles qui sont les plus fragiles. Que l’Esprit saint enflamme nos cœurs et nous donne de vivre ces deux amours en mettant Dieu à la première place et en honorant en lui chaque prochain !