Liturgie de la Parole

Notre page « Echos de la communauté »

Nous aimerions sur cette page vous faire partager quelques échos de notre communauté, les événements que nous vivons « Au fil des jours », les témoignages de nos soeurs et ce que les différents médias (cath.ch, la RTS, KTO, VaticanNews...) partagent au sujet de nos communautés en Suisse et à Madagascar et de nos activités et services. Cliquez sur les liens pour accéder aux articles publiés.

Le temps de confinement, où l'Eucharistie n'était plus possible, nous a incitées à chercher des alternatives. C'est ainsi que l'Office du milieu s'est transformé en une « Liturgie de la Parole (accès aux textes publiés) » et cinq sœurs de la communauté se sont relayées pour commenter le texte de la liturgie du jour. Même si les célébrations ont maintenant repris, nous poursuivons cette belle expérience de partage de la Parole.

Soeur Claire-Isabelle Siegrist

Commentaire de la Parole
Samedi de la 19e semaine t.o.

Josué 24, 4-29, Psaume 5 et Matthieu 19, 13-15

Les quelques versets de l’évangile de ce jour que nous venons d’entendre peuvent être mis en lien avec un autre passage que nous aurions dû entendre mardi, mais dont la fête de S. Laurent nous a privées. Voici donc le début du chapitre 18 de Matthieu :

À ce moment-là, les disciples s’approchèrent de Jésus et lui dirent : « Qui donc est le plus grand dans le royaume des Cieux ? » Alors Jésus appela un petit enfant ; il le plaça au milieu d’eux, et il déclara : « Amen, je vous le dis : si vous ne changez pas pour devenir comme les enfants, vous n’entrerez pas dans le royaume des Cieux. Mais celui qui se fera petit comme cet enfant, celui-là est le plus grand dans le royaume des Cieux. Et celui qui accueille un enfant comme celui-ci en mon nom, il m’accueille, moi. (Mt 18, 1-5)

C’est donc l’évangile prévu le mardi de la 19e semaine du T.O. Ainsi, au début du chapitre 18 de l’évangile selon S. Matthieu, puis à nouveau au chapitre 19, il est mentionné la question de la place des enfants et de leur lien avec le Royaume des Cieux. Il s’agit donc de tenir ces deux passages ensemble et, plus largement, de s’intéresser à ce qui se trouve entre ces deux passages et que nous avons partiellement entendu cette semaine. Je ne pourrai que mentionner quelques traits, chacune pourra approfondir.

Le chapitre 18 de cet évangile est le 4e discours de Jésus et il a pour thème la Communauté. Un premier aspect est le contenu même de ce discours sur la Communauté. Nous aurions pu imaginer une liste des personnes et des lieux à qui les disciples sont envoyés. Or, ces versets ne font que parler d’une manière de vivre et d’être en relation les uns avec les autres. Ainsi, sont évoqués successivement : l’appel à ne pas scandaliser ou mépriser le plus petit, tout laisser pour chercher la brebis égarée, la correction fraternelle et le pardon. Suit un échange de Jésus avec les pharisiens sur le mariage, Jésus resituant tant le mariage que le célibat par rapport au Père et au Royaume.

Un deuxième aspect est la mention du Royaume des Cieux. Cette question préoccupe les disciples. Au début du chapitre 18, ils interrogent Jésus : « Qui donc est le plus grand dans le royaume des Cieux ? » (Mt 18, 1). D’emblée, Jésus appelle à un déplacement intérieur ne répondant pas à la question de qui est le plus grand dans le Royaume, mais de comment être pour entrer dans le Royaume : devenir comme les enfants (Mt 18, 2) parce que « le royaume des Cieux est à ceux qui leur ressemblent. » (Mt 19, 14). Le problème n’est donc pas une question de hiérarchie des grandeurs, mais une manière d’être : comme les enfants. Aucun détail sur les caractéristiques de l’être d’un enfant. Nous pouvons nous laisser habiter par ce que représente un enfant : un être qui reçoit la vie, un être en croissance, un être dépendant. 

Mais je crois que nous pouvons aller plus loin en lisant ces chapitres 18 et 19. En effet, en Mt 18, 2, il est mentionné que Jésus appelle un petit enfant et le place « au milieu d’eux ». Or, cette même indication de lieu se retrouve quelques versets plus loin, au verset 20 : « quand deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis là, au milieu d’eux. » Et au verset 5, Jésus dit encore : « Et celui qui accueille un enfant comme celui-ci en mon nom, il m’accueille, moi. » Tout cela m’a donné à réfléchir. Pour chercher qui est l’enfant, il faut contempler Celui qui est au milieu de nous et qui, par toute sa vie, a incarné cette manière d’être qui caractérise le Royaume des Cieux. Ainsi, se faire petit comme un enfant, changer pour devenir comme les enfants n’est pas une forme de retour en arrière ou une manière puérile de concevoir la vie spirituelle, mais un appel à nous recevoir de Lui dans notre être, nos choix, nos vies personnelles et communautaires.

J’aimerais revenir sur cette question du Royaume des Cieux. En méditant sur ces versets, est revenue en moi la réflexion du Concile Vatican II sur le rôle de la vie religieuse dans l’Église, qui affirme qu’au cœur du peuple de Dieu, elle apparaît comme un signe visible des exigences propres à notre consécration baptismale, manifestant l’appel à fonder sa vie sur les valeurs du Royaume. Par notre manière de vivre, l’Église nous appelle à faire apparaître à tout baptisé les réalités du Royaume. Toute vie chrétienne contient en germe le Royaume et est en marche vers lui, mais notre vocation religieuse nous appelle à en faire le cœur de notre vie.

C’est dire qu’il nous faut méditer longuement ces chapitres 18 et 19 de l’évangile de Matthieu. Ces quelques versets proposés à notre écoute dans la liturgie de ce jour interrogent donc notre manière d’être et de vivre et c’est là le cœur de notre mission dans l’Église. La question première à nous poser n’est donc pas d’abord ce que nous avons à faire, vers qui, dans quelle activité de l’Église ou de la société d’aujourd’hui nous sommes appelées, même si ces questions restent importantes. Non, Jésus nous interpelle sur notre manière de nous recevoir comme Lui, du Père, sur notre manière de vivre ensemble, sur la place que nous accordons aux plus petits. Non seulement faire quelque chose pour eux, être à leur service, mais les mettre au centre de nos processus de discernement. Appel aussi, pour chacune de nous, à contempler Jésus en notre propre vie, à intégrer tout ce que nous sommes, en incluant cette part de nous qui est la plus fragile. En nous, le Royaume des Cieux est à ce qui ressemble aux enfants…

 

Sœur Claire-Isabelle Siegrist