Liturgie de la Parole

Notre page « Echos de la communauté »

Nous aimerions sur cette page vous faire partager quelques échos de notre communauté, les événements que nous vivons « Au fil des jours », les témoignages de nos soeurs et ce que les différents médias (cath.ch, la RTS, KTO, VaticanNews...) partagent au sujet de nos communautés en Suisse et à Madagascar et de nos activités et services. Cliquez sur les liens pour accéder aux articles publiés.

Le temps de confinement, où l'Eucharistie n'était plus possible, nous a incitées à chercher des alternatives. C'est ainsi que l'Office du milieu s'est transformé en une « Liturgie de la Parole (accès aux textes publiés) » et cinq sœurs de la communauté se sont relayées pour commenter le texte de la liturgie du jour. Même si les célébrations ont maintenant repris, nous poursuivons cette belle expérience de partage de la Parole.

Sr Adrienne Barras

Commentaire de la Parole
Vendredi de la 12e semaine t.o.

Genèse 17,1.9-10.15-22 et Matthieu 8,1-4

Aujourd’hui la liturgie nous propose deux beaux récits de rencontre : l’un tiré du livre de la Genèse consacré au cycle d’Abraham (dès le chapitre 12), l’autre de l’évangile de Matthieu, juste après le long discours de Jésus sur la montagne (Mt 5-7).

Je désire simplement mettre en valeur l’un ou l’autre aspect de ces récits et les proposer à votre méditation.

Commençons avec Abraham (Abram) ; au début du chapitre 17 que nous venons d’entendre, on commence par nous renseigner sur son âge :  99 ans (Gn 17,1). Il en avait 75 quand il a quitté Harane (Gn 12,4), 86 à la naissance d’Ismaël (Gn 16,16) ; il en aura 100 à la naissance d’Isaac (Gn 21,5). Il y a une volonté de l’auteur, à chaque étape importante, de nous donner ces repères chronologiques et d’insister ainsi sur le temps, le long temps qui passe : ainsi depuis sa sortie d’Ur en Chaldée cela fait 24 ans qu’Abraham marche (même jusqu’en la lointaine Egypte (Gn 12,10 et ss) ; sur son chemin il a dû se séparer de son neveu Lot (Gn 13), il a affronté l’armée de rois puissants (Gn 14). La promesse de faire de lui une grande nation (Gn 12,2) la promesse d’une descendance ne s’est toujours pas réalisée. Pourtant Abraham continue d’avancer et à la seule lumière de la parole de son Dieu. Dieu éprouve Abraham, il lui apprend à durer dans la confiance et ce qui est magnifique c’est qu’Abraham consent à cette pédagogie : Abraham eut foi dans le Seigneur et le Seigneur estima qu’il était juste (Gn 15,6)  A 99 ans il est donc (enfin !) mûr pour accueillir l’alliance que Dieu veut conclure avec lui : une alliance dont la caractéristique est d’être inscrite dans la chair même d’Abraham et de ses descendants : inscrite dans votre chair, mon alliance deviendra une alliance éternelle (Gn 17,13). Dans un long dialogue avec Dieu, Abraham comprend qu’elle ne passera pas par Ismaël mais par le fils que lui donnera sa vieille épouse Sara (v.18-22). La promesse de Dieu va prendre corps.

Passons à l’évangile. Jésus est descendu de la montagne (Mt 8,1) où il a prononcé son long discours inaugural. Le temps des rencontres commence avec celle d’un lépreux. Dans une société qui attache une si grande importance à la purification comme exigence d’une vie harmonieuse avec les autres et avec Dieu, il n’est pas anodin que cette première rencontre ait lieu avec un lépreux (par définition impur)…

Seigneur, si tu le veux, tu peux me purifier (8,2). Cet homme atteint de lèpre ne doute pas de la compétence de Jésus à le purifier mais il interroge son désir : si tu le veux… Jésus y répond positivement et sans hésitation : je le veux, sois purifié (8,3). S’il fallait traduire dans le langage d’aujourd’hui on pourrait dire ceci : Tu as vu juste ! Je le veux, c’est mon désir profond que tu sortes de l’affreuse solitude dans laquelle t’enferme ta lèpre, je veux que tu sois enfin accueilli dans une communauté fraternelle où tu auras ta place ! Le désir de Jésus rejoint celui du lépreux et de tout être humain de vivre en communion fraternelle. Remarquons aussi que cette purification passe par le corps : Jésus étend la main et touche (8,3) : Jésus touche l’intouchable. Chez lui aucune peur, aucun tabou : seule compte la rencontre avec l’autre et ce qu’elle exige d’engagement de soi.

Sois purifié : la formule est ouverte. Qui est l’auteur de la purification : Jésus ? Dieu ?... Ce qui est sûr c’est qu’il n’y a chez Jésus aucune trace d’appropriation : Attention, ne dis rien à personne, mais va te montrer au prêtre. Et donne l’offrande que Moïse a prescrite : ce sera pour les gens un témoignage (8,4). Ce qui importe seulement c’est que cet homme soit enfin reconnu comme un frère.

Abraham et Dieu. Le lépreux et Jésus.

Deux rencontres, où se dit le désir essentiel de Dieu pour tout homme : une vie d’alliance qui porte du fruit et s’ouvre à la communion.

Sr Adrienne Barras