Liturgie de la Parole

Notre page « Echos de la communauté »

Nous aimerions sur cette page vous faire partager quelques échos de notre communauté, les événements que nous vivons « Au fil des jours », les témoignages de nos soeurs et ce que les différents médias (cath.ch, la RTS, KTO, VaticanNews...) partagent au sujet de nos communautés en Suisse et à Madagascar et de nos activités et services. Cliquez sur les liens pour accéder aux articles publiés.

Le temps de confinement, où l'Eucharistie n'était plus possible, nous a incitées à chercher des alternatives. C'est ainsi que l'Office du milieu s'est transformé en une « Liturgie de la Parole (accès aux textes publiés) » et cinq sœurs de la communauté se sont relayées pour commenter le texte de la liturgie du jour. Même si les célébrations ont maintenant repris, nous poursuivons cette belle expérience de partage de la Parole.

Soeur Isabelle Donegani

Commentaire de la Parole
Lundi de la 28e semaine t.o. C

Galates 4, 22-24.26-27.31-5, 1 et Luc 11, 29-32

“C’est pour que nous soyons libres que le Christ nous a libérés” (Ga 5, 1). Quand nous lisons ces paroles de la lettre aux Galates, nous pouvons imaginer un peu ce qu’elles signifiaient pour Paul, qui venait de la Loi, qui jamais n’a renié ses origines juives, ni Moïse ni l’alliance du Sinaï, – il l’écrit dans l’épître aux Romains notamment.

Pourtant, quand il s’est agi de manifester la nouveauté advenue dans le Fils de l’homme, dans l’incarnation du Christ, Paul n’a pas craint de clarifier les enjeux. Il y a deux filiations, dit-il, en parlant des deux fils d’Abraham : la filiation par la servante, Agar, qui engendre selon la chair et rend esclave, et la filiation par la femme libre, qui engendre selon la promesse de Dieu, et qui elle rend libre.

Paul nous entraîne ensuite, il faut bien l’avouer, dans une allégorie où nous perdons un peu nos repères. Il y a deux femmes, et ce sont deux alliances, dit-il. Mais voilà que la première alliance n’est autre que celle du mont Sinaï ; et Paul dit qu’elle met au monde des esclaves, et l’identifie avec Agar, la servante ! Quant à la seconde alliance, alors que l’on aurait attendu ici mention de Sara, la femme libre d’Abraham, voilà que ce n’est pas une femme, mais une ville ; et pas une ville terrestre, mais “la Jérusalem céleste”, qui elle seule est libre, dit Paul, et elle est notre mère.

Quel renversement d’entendre qu’être engendrés dans le Christ libère de l’esclavage qu’est l’alliance du Sinaï ! Et que pour être libres, il faut être engendrés d’en haut et devenir les fils de la Jérusalem céleste. Il y a de quoi méditer et lâcher du lest sur nombre de nos précompréhensions…

L’évangile de ce jour nous vient un peu en aide, puisqu’il y est encore question de ces deux modes d’engendrement :

  • Il y a, dit Jésus, “cette génération”, qu’il qualifie de “mauvaise” : toujours en quête de signe à sa portée, elle semble vouloir mettre Dieu en boîte et se rendre maître du royaume des cieux qui s’annonce ! C’est une génération qui rend esclave : elle se compose de gens engendrés selon la chair, entendons selon eux-mêmes et leurs propres valeurs et critères.
  • Mais il y a aussi la génération selon la promesse. “La reine de Saba”, venue des extrémités du monde, en fait partie, elle qui a “écouté” la sagesse de Salomon. “Ecouter, entendre” (akouein en grec), le verbe est décisif.

Et “les habitants de Ninive” aussi sont de cette génération : face à la parole du prophète Jonas, “ils se sont ravisés” (meta-noein en grec, à tel point que le Seigneur a brusquement changé de projet (il renonce à détruire la ville) et que Jonas en a d’abord été fou de rage et de jalousie.

Quand Jésus qualifie ses auditeurs de “génération mauvaise”, il désigne par là moins une tranche d’âge précise qu’un mode d’être face à la parole de l’Autre : son rejet et son refus, dans la surdité et le blocage de qui n’en veut rien entendre. Lors du Jugement, quand la vérité sera manifestée, ceux qui vous jugeront seront ceux qui ont écouté et ceux qui, contre toute attente, se sont convertis. Vos juges, dit Jésus, seront des étrangers, venus parfois de très loin ou étant de prime abord très éloignés de Dieu et de ceux qui se vivent comme son peuple élu. Ils auront eu de l’oreille et auront su écouter, se raviser et vivre de vie nouvelle.

Or, leur dit Jésus, “il y a ici bien plus que Salomon”, “il y a ici bien plus que Jonas !”

Ce rappel sonne comme un avertissement. Il nous est aussi adressé, à nous qui désirons devenir en vérité disciples de Jésus, nous qui avons commencé à entendre l’heureuse annonce du Royaume et avons commencé aussi à nous raviser : le rendez-vous du Fils de l’homme nous attend encore, soyons assuré·e·s qu’il nous demeurera toujours neuf et inouï.

“C’est pour que nous restions libres que le Christ nous a libérés”.

sœur Isabelle Donegani