Liturgie de la Parole

Notre page « Echos de la communauté »

Nous aimerions sur cette page vous faire partager quelques échos de notre communauté, les événements que nous vivons « Au fil des jours », les témoignages de nos soeurs et ce que les différents médias (cath.ch, la RTS, KTO, VaticanNews...) partagent au sujet de nos communautés en Suisse et à Madagascar et de nos activités et services. Cliquez sur les liens pour accéder aux articles publiés.

Le temps de confinement, où l'Eucharistie n'était plus possible, nous a incitées à chercher des alternatives. C'est ainsi que l'Office du milieu s'est transformé en une « Liturgie de la Parole (accès aux textes publiés) » et cinq sœurs de la communauté se sont relayées pour commenter le texte de la liturgie du jour. Même si les célébrations ont maintenant repris, nous poursuivons cette belle expérience de partage de la Parole.

Soeur Isabelle Donegani

Commentaire de la Parole
Mercredi de la 23e semaine t.o.

Luc 6, 20-26

(6,20) Et (Jésus), levant ses yeux vers ses disciples, disait : Heureux les pauvres, car vôtre est le royaume de Dieu. (21) Heureux ceux qui-ont-faim maintenant, car vous-serez-rassasiés. Heureux ceux qui-pleurent maintenant, car vous rirez. (22) Heureux êtes-vous quand les humains vous haïront, et quand ils vous excluront et (vous) insulteront et jetteront-dehors votre nom comme mauvais, à cause du Fils de l’humain ; (23) réjouissez-vous en ce jour-là et tressaillez, car voici que votre récompense (est) abondante au ciel ; ces choses-là, leurs pères (les) faisaient aux prophètes.

(24) Cependant, malheureux vous les riches, car vous obtenez votre consolation. (25) Malheureux, vous, qui vous-trouvez-repus maintenant, car vous aurez-faim. Malheureux ceux-qui-rient maintenant, car vous serez-en-deuil et pleurerez. (26) Malheureux, quand tous les humains diront (du) bien de vous, car de la même (façon) leurs pères faisaient aux faux-prophètes. 

* * * * * * * * * *

Heureux les pauvres ! Heureux les affamés ! Heureux ceux qui pleurent ! Heureux ceux qui sont détestés et exclus à cause du Fils de l’homme !

Décidément, quand Jésus prend la parole, ce n’est pas pour dire des choses convenues, qui couleraient de source selon notre manière humaine de penser les choses et la vie. Aujourd’hui, dans l’évangile selon Luc, il parle à tous, autant à ses disciples redescendus de la montagne avec lui qu’aux foules nombreuses venues à lui de partout (qu’il vient d’enseigner et parmi lesquelles il a guéri nombre de malades et de possédés). C’est pourtant vers ses disciples que se porte son regard, comme pour les tenir au plus près, les inviter à ouvrir grandes leurs oreilles, ce qu’il a à dire les concernant au premier chef. 

Jésus parle de bonheur et de malheur, ce à quoi chacun·e sur terre aspire le plus (être heureux) et que tou·te·s nous craignons le plus (le malheur). Il le fait non pas abstraitement, mais en impliquant son auditoire. C’est bien “à vous” que ces paroles s’adressent, dit-il.

A vous, qui ? Pas à tels ou tels qu’il jugerait plus “pauvres” que les autres et louerait pour cela, ou à tels ou tels autres qu’il considérerait comme “malheureux” et pointerait du doigt. Car il y a du pauvre et du riche, de l’affamé et du rassasié, de l’endeuillé et du riant, du rejeté haï et du bien vu renommé en chacun·e.

C’est en tou·te·s et chacun·e que la parole de Jésus tranche et fait la vérité. Une vérité difficile à entendre, lente – ô combien – à faire son chemin en nos esprits et nos corps, une vérité bonne à entendre pourtant, « évangile » pour le monde :

  • C’est aux pauvres qu’appartient le royaume de Dieu. Ici, au présent. Bonheur à eux. Les riches, hélas, trouvent en eux-mêmes et dans leur suffisance leur propre consolation.
  • C’est aux affamés qu’est promis le rassasiement : seul le désir ouvre à l’accueil du don. Les repus quant à eux, que peut-il leur arriver de mieux que de découvrir la faim ?
  • C’est aux exclus à cause de leur attachement au Fils de l’homme qu’est révélée la vraie joie, celle qui comble le cœur. Celle-ci ne vient pas de la considération facile que les hommes se plaisent à se donner entre eux, selon leurs propres critères de réussite. Etre prophète selon Dieu n’a jamais causé que rejet et exclusion. Une filiation seulement humaine et charnelle ne produit que des comportements à l’identique : ce qu’ont fait les pères, le fils le reproduisent. Le royaume de Dieu, lui, s’offre largement aux frères et sœurs du Fils de l’homme qui se reçoivent et reçoivent tout d’un Autre, le Père qui donne et fait grâce.

De telles paroles de Jésus nous invitent tou·te·s à revisiter nos existences :  quelle pauvreté nous est richesse véritable ? Quelle faim nourrit notre désir de Dieu et du prochain ? Quelles larmes et quel rire nous évangélisent ? Quelle marginalisation nous unit au Fils venu livrer sa vie pour manifester la vérité du don, côté ciel, côté bonheur ?

Nous t’adorons, au Christ : tu es venu sauver notre désir, tu l’orientes vers la lumière du Royaume. En toi et par toi, Fils de l’homme, notre marche trouve sens, et bonheur. 

sœur Isabelle Donegani