Commentaire de la Parole
5e lundi du Carême C
Isaïe 65, 17-21 et Jn 4, 43-54
C’est un seul chant de joie que le prophète Isaïe nous livre aujourd’hui ! Il se penche tout ému sur ce qui advient à son peuple et à Jérusalem au retour de l’exil. Cette sombre époque doit être oubliée au plus vite. « … on ne se souviendra plus du passé, il ne reviendra plus à l’esprit. » La joie se dessine à l’horizon comme un avenir radieux.
Pour nous, c’est souvent le contraire : ce sont nos souvenirs des temps d’autrefois qui nous remplissent de joie, notre enfance heureuse, dans un monde bien meilleur ; une manière de vivre saine et simple, proche de la nature ; une société honnête et des églises pleines le dimanche…
On peut néanmoins se demander si notre mémoire est fidèle, vu qu’elle a cette capacité miséricordieuse d’effacer ce qui était trop douloureux et de magnifier les bons souvenirs. Quant à notre prospection de l’avenir par contre, elle nous procure bien des angoisses et des cauchemars. Comment dès lors être objectif, réaliste ? Toutes, nous avons appris dès le noviciat qu’il faut vivre le moment présent. Un peu comme le proverbe que Valérie avait cité lors de notre journée régionale :
« Hier est une histoire. Demain est un mystère. Aujourd’hui est un cadeau, c’est pourquoi nous le nommons PRESENT. »
Notre texte pourtant nous invite à nous évader du passé pour transiter par le présent vers l’avenir : un avenir radieux qui ne relève pas de nos rêveries, mais de la Promesse de Dieu : « Exultez sans fin de ce que je crée (présent), car je vais recréer Jérusalem, (futur) pour qu’elle soit exultation, et que son peuple devienne joie. »
Jérusalem - et donc toi, moi, nous tous appelés à DEVENIR JOIE ? Appelés à faire la joie de Dieu ? Mais c’est absolument inouï ! Et c’est du pur réalisme, puisque toutes, tous, créés par Dieu et recréés dans le Christ par notre baptême, nous sommes destinés à faire la joie de Dieu par vocation !
Cela ne veut pas dire que les épreuves nous seront épargnées. Quelle que soit notre situation, Dieu veut les vivre avec nous, en nous ; il s’invite dans nos joies et nos peines ; il habite nos handicaps et nos deuils de manière à en faire un acte de confiance, un grand acte de FOI.
Une FOI contagieuse comme celle qui nous est montrée dans l’Evangile du centurion : « Il crut, lui, ainsi que tous les gens de sa maison. »
Le témoignage, même sans paroles, de personnes vivant en alliance avec leur Dieu, leur rayonnement de paix et de joie toutes intérieures peut avoir une portée insoupçonnée. Ce sont des existences hautement apostoliques.
La prophétie se termine par : « …le plus jeune mourra centenaire ». Faut-il prendre à la lettre, au nombre près une telle prédiction ? S’agira-t-il vraiment de vivre 100 x 365 jours ? Loin d’un esprit de calcul, il semble plutôt que cent ans, c’est symbole de plénitude, symbole d’une existence accomplie, d’une vie vécue pleinement en présence de Dieu.
Nous ferons alors, quel que soit notre âge, la joie de notre Dieu – et celle du prochain !
Sr Jacqueline Lorétan