Liturgie de la Parole

Notre page « Echos de la communauté »

Nous aimerions sur cette page vous faire partager quelques échos de notre communauté, les événements que nous vivons « Au fil des jours », les témoignages de nos soeurs et ce que les différents médias (cath.ch, la RTS, KTO, VaticanNews...) partagent au sujet de nos communautés en Suisse et à Madagascar et de nos activités et services. Cliquez sur les liens pour accéder aux articles publiés.

Le temps de confinement, où l'Eucharistie n'était plus possible, nous a incitées à chercher des alternatives. C'est ainsi que l'Office du milieu s'est transformé en une « Liturgie de la Parole (accès aux textes publiés) » et cinq sœurs de la communauté se sont relayées pour commenter le texte de la liturgie du jour. Même si les célébrations ont maintenant repris, nous poursuivons cette belle expérience de partage de la Parole.

Unis en Ton Nom

Commentaire de la Parole
7e semaine de Pâques

Actes 20,28-38 et Jean 17,11b-19

Aujourd’hui, c’est à deux pages admirables que nous sommes confronté.e.s : dans l’Evangile comme dans les Actes, Celui qui est sur le point de partir sur une autre rive délivre un message à ceux qui restent là et prie devant eux et pour eux (Jésus dans l’Evangile) ou prie avec eux (Paul dans les Actes).

C’est l’unique prière de Jésus qui nous est donnée à entendre dans l’Evangile de Jean ; aujourd’hui, nous en entendons l’extrait central. Cette prière de Jésus à son Père est délivrée dans la foulée de son long discours d’adieu après le lavement des pieds et le départ de Judas, nous sommes donc au cours du repas avant l’arrestation de Jésus, sa Passion et son retour au Père.

Dans les Actes des Apôtres, c’est le message que Paul délivre aux Anciens d’Ephèse – 1ers chefs de communautés, pourrions-nous dire – avant son départ pour Jérusalem et Rome. « Veillez sur vous-mêmes et sur tout le troupeau dont l’Esprit Saint vous a établis - episcopos – gardiens/responsables, pour être les pasteurs de l’Eglise de Dieu » (qui est à Ephèse). Mission dont il développera quelques traits et points d’attention avant de les confier « à Dieu et à la parole de sa grâce », expression magnifique qui donne les points d’appui du pasteur. Ce message est suivi d’une prière avec eux tous – dont rien ne nous est dit - laissant advenir aux lecteurs ou auditeurs que nous sommes le contenu probable. Les marques et le climat d’affection profonde de cet au revoir poignant nous sont partagés : des embrassades - comme nous ne pouvons en vivre maintenant - dans les larmes et l’affliction.

Revenons à la prière de Jésus :

Nous y voyons le regard de Jésus tourné vers le Père : une relation de circularité entre le Père et le Fils - le Père ayant envoyé le Fils dans le monde - et le Fils vers le Père : il va retourner à Lui et s’adresse à Lui. Cette relation est ouverte sur les disciples au cœur du monde, car Jésus est venu dans le monde pour réconcilier le monde avec le Père et conduire l’humanité au Père, dans un amour et une connaissance mutuels.

Jésus s’adresse à son Père avec ces mots : « Père Saint », unique fois où « Père » est associé à « Saint ». Bien sûr, nous savons que Dieu est Saint, le Premier Testament nous a même révélé qu’il est « 3x Saint », c’est-à-dire on ne peut plus Saint, le Saint par excellence. Mais, au cœur de la Trinité, nous avons l’habitude de qualifier l’Esprit de Saint ; dans les synoptiques, dès le début de sa prédication, Jésus est appelé « le Saint de Dieu », reconnu comme tel par les esprits impurs/mélangés : eux le reconnaissent et en ont peur car Il n’est pas « mélangé », en Lui tout est « pur ». Le Père, lui, est souvent défini par le possessif : « mon Père, notre Père, votre Père » ; mais ici, en disant « Père Saint », Jésus le caractérise comme la source de toute Sainteté, une sainteté offerte à tous.

La prière de Jésus à son Père exprime le désir profond de Jésus : l’unité de ses disciples dans le Nom du Père, c’est-à-dire dans sa réalité profonde : sa Sainteté : « Garde mes disciples unis dans ton Nom, le Nom que tu m’as donné, pour qu’ils soient un, comme nous-mêmes » (v.11b). La deuxième demande de Jésus est la sanctification de ses disciples. Il frappe à la porte de Celui dont il nous dit qu’il est la source de toute sainteté par lui-même et par sa parole : « Sanctifie-les dans la vérité : ta parole est vérité ».

Ce désir de Jésus, cette demande pour ses disciples est fondée sur un passé avec eux, un agir pour eux et un don déjà reçu : Il a veillé sur eux comme le Bon berger veille sur ses brebis : « Quand j’étais avec eux, je les gardais unis en Ton Nom, j’ai veillé sur eux ». « Je leur ai donné Ta Parole » : il les a nourris en leur donnant la Parole du Père qui les a travaillés, unis et sanctifiés déjà. Mais une Parole qui divise aussi car elle suscite au cœur du monde le rejet, un choix.

Alors que Jésus vient au Père, il demande ces grâces : leur unité dans le Père et le Fils et leur sanctification pour les disciples qui sont placés au cœur du monde, là où ils ont été envoyés.

C’est en les gardant du Mauvais et à travers la Parole du Père - Jésus est la Parole du Père - qu’ils pourront grandir en sainteté dans la vérité : « Ta parole est vérité ».

Cette unité des disciples dans le Père et leur sanctification ouvre une existence nouvelle, sans la présence physique de Jésus, mais en Lui, en Dieu. Elle est : « pour qu’ils soient un en nous » et « pour qu’ils aient en eux ma joie et qu’ils en soient comblés ». Être un en Dieu, le Père et le Fils par l’Esprit ; vivre plongés en Dieu au cœur du monde, cela comble de joie !

Si nous relisons les chapitres 13 à 16 de l’Evangile de Jean, nous verrons combien Jésus a montré ce chemin d’unification en Dieu et de sanctification à travers le commandement du service et de l’amour (Jn 13), l’image de la vigne et des serments (Jn 15), le guide ou défenseur - Paraclet - offert (Jn 16), face à leurs interrogations et tristesse, il les avait encouragés et leur a annoncé une joie parfaite que personne ne pourra leur ravir (Jn 14).

Que les disciples deviennent Un en Dieu comme le Père et le Fils sont UN – Qu’ils entrent dans l’intimité du Père et deviennent saints comme le Père est Saint, sanctifiés par l’Esprit et la Parole de Vérité : Jésus désire profondément que nous vivions cela et c’est pour cela qu’il prie le Père devant les siens, une prière pour ses disciples et qui s’ouvre au monde.

Avec Paul dans les Actes, nous découvrons cette même attention à l’unité dans l’Esprit et la Vérité et sous la grâce de la Parole. Veiller, être vigilant car des loups s’introduiront, des discours pervers surgiront, mais Dieu, et la Parole de sa grâce, a le pouvoir de construire l’édifice et de donner à chacun l’héritage promis.

On y voit l’assurance que Paul a en Dieu, en la Parole de sa grâce qui a le pouvoir de construire l’édifice, en l’Esprit qui a établi les Anciens pour être les pasteurs de l’Eglise de Dieu.

Alors, au terme de ces lectures, interrogeons-nous :

Mon désir profond rejoint-il celui du Fils ? du Père ? et de l’Esprit ? Où est-ce que je puise mon assurance ? … ma solidité ? Qu’est-ce qui me fortifie, me constitue enfant de Dieu / sœur de Saint Maurice / … ? Est-ce que je me laisse aimer, unifier, sanctifier en Dieu (Père Saint, Esprit de Vérité, Parole de grâce) ? Suis-je un veilleur qui vit confié à la Parole de la grâce ?

En écho à la méditation de ce Mercredi de la 7ème semaine de Pâques, 3 courts extraits de l’enseignement reçu à la session donnée la semaine dernière par sr Sylvie Robert sur l’engagement, la fidélité et les vœux dans la vie religieuse :

La profession religieuse n’a pas d’autre source que le désir. Ce désir a un point de départ invisible, c’est un don reçu, une initiative de Dieu qui me donne de désirer tout, de Le désirer, Lui. L’engagement, c’est pour chacun de nous d’abord une réponse à Dieu qui s’est déjà engagé envers moi.

Grégoire de Nysse, sur la caractéristique du désir spirituel : « Il se ressource et se relance au fur et à mesure qu’il reçoit satisfaction. Plus le désir se creuse, plus le seigneur nous comble, plus le désir devient grand, grandit en même temps l’attrait et le mystère de Dieu. »

Pour nous, religieux, la solidité de notre vie, c’est un Souffle, une Parole. 

Nicole Lechanteur