Liturgie de la Parole

Notre page « Echos de la communauté »

Nous aimerions sur cette page vous faire partager quelques échos de notre communauté, les événements que nous vivons « Au fil des jours », les témoignages de nos soeurs et ce que les différents médias (cath.ch, la RTS, KTO, VaticanNews...) partagent au sujet de nos communautés en Suisse et à Madagascar et de nos activités et services. Cliquez sur les liens pour accéder aux articles publiés.

Le temps de confinement, où l'Eucharistie n'était plus possible, nous a incitées à chercher des alternatives. C'est ainsi que l'Office du milieu s'est transformé en une « Liturgie de la Parole (accès aux textes publiés) » et cinq sœurs de la communauté se sont relayées pour commenter le texte de la liturgie du jour. Même si les célébrations ont maintenant repris, nous poursuivons cette belle expérience de partage de la Parole.

Paix

Commentaire de la Parole
Octave de Pâques

Actes 20,28-38 et Jean 17,11b-19

En lisant l’Evangile que nous venons d’entendre, j’ai été frappée par l’insistance de l’Evangéliste sur le refus de croire des disciples. Eux qui ont communié au corps et au sang du Christ, eux qui ont entendu Jésus leur dire : « une fois ressuscité, je vous précéderai en Galilée » (Mc 14, 28), ne peuvent faire le lien entre toutes ces Grâces reçues et la vie nouvelle telle qu’elle se manifeste à eux.

Marc nous laisse avec ce refus. Nous aimerions bien une autre fin à cet Evangile. Cette période que nous vivons, de privation des sacrements, me fait entendre autrement cette fin dérangeante, car c’est bien à nous, lecteur d’aujourd’hui, que Marc s’adresse. Il y a une place pour chacune de nous dans ce texte. A partir de là, j’aimerais vous partager ce qui m’habite en cette période de jeûne eucharistique.

Croyons-nous vraiment au Don le plus grand qui nous est fait, dont nous avons fait mémoire durant le Triduum pascal, que nous célébrons dans l’Eucharistie et auquel nous communion ? Jeudi Saint dernier, notre évêque Jean-Marie s’est exprimé au sujet de ce jeûne eucharistique que nous devons vivre. Il disait :

« La privation de l’eucharistie est une forme de jeûne extrêmement rude. (…). Quand tout va bien et qu’on peut célébrer l’eucharistie (…), la célébration nous fait du bien et nous conforte car il y a une réelle présence du Christ (…). Mais est-ce que j’y mets ma propre vie, dans l’eucharistie ? Elle est d’abord l’offrande du Christ pour l’humanité à son Père, il se donne totalement, corps et sang. Ce sacrifice, ce corps du Christ ne le sera pas totalement si je n’y mets pas mon propre sang, ma vie. Le sang du Christ sera encore exsangue si je ne mêle pas à la célébration de l’eucharistie ma propre existence. Actuellement, alors que la communauté est privée de cette célébration, il reste la possibilité d’offrir son corps, son sang, sa personne, son humanité à Dieu et cette démarche est eucharistique. »

Quand nous achevons une célébration par ces mots : « nous rendons grâce à Dieu », nous employons un mot qui se dit, en grec, eucharistein… une manière de dire que, jusqu’à la prochaine célébration, ce sont nos vies et nos manières d’être qui prennent le relais, qui sont, d’une certaine manière, eucharistiques.

Pendant le Carême, nous avons souvent chanté cette hymne “Il est bon d’écouter…”. Or, dans cette hymne, il y a une expression qui m’habite en cette période de jeûne eucharistique : « Se peut-il que ta grâce me donne ce délai… ».

L’épreuve que nous vivons en communion avec la très grande majorité de nos frères et sœurs dans le monde n’est en aucun voulue par Dieu ! Ce que je voulais vous partager, c’est que j’y entends un appel à en faire, dans chacune de nos vies, un « délai » offert par la Grâce, pour discerner le Corps du Seigneur dans la Parole et y communier, un « délai » offert par la Grâce pour discerner le Corps du Seigneur dans mes sœurs et frères et y communier. Un « délai » offert par la Grâce pour devenir par toute ma vie ce Corps auquel nous communions.

Célébrer l’Eucharistie, c’est-à-dire célébrer le mémorial du Don le plus grand et communier, sont deux réalités indissociables qui engagent nos vies. Douloureux, mais heureux « délai offert par la Grâce » pour donner un contenu de chair, de vie offerte, à cet « Amen » si souvent prononcé quand on nous dit, lors de la communion : « le corps du Christ… ». L’Evangile de Marc peut donner l’impression qu’il n’est pas conclu… : c’est la place de chacune de nos vies. Alors, gardons au cœur ces mots de Jean-Marie Lovey : « Le sang du Christ sera encore exsangue si je ne mêle pas à la célébration de l’eucharistie ma propre existence… »

Sr Claire-Isabelle Siegrist