Liturgie de la Parole

Notre page « Echos de la communauté »

Nous aimerions sur cette page vous faire partager quelques échos de notre communauté, les événements que nous vivons « Au fil des jours », les témoignages de nos soeurs et ce que les différents médias (cath.ch, la RTS, KTO, VaticanNews...) partagent au sujet de nos communautés en Suisse et à Madagascar et de nos activités et services. Cliquez sur les liens pour accéder aux articles publiés.

Le temps de confinement, où l'Eucharistie n'était plus possible, nous a incitées à chercher des alternatives. C'est ainsi que l'Office du milieu s'est transformé en une « Liturgie de la Parole (accès aux textes publiés) » et cinq sœurs de la communauté se sont relayées pour commenter le texte de la liturgie du jour. Même si les célébrations ont maintenant repris, nous poursuivons cette belle expérience de partage de la Parole.

Sr Claire-Isabelle Siegrist

Commentaire de la Parole
6e semaine TO

Marc 8,11-13

« Pourquoi cette génération cherche-t-elle un signe ? Amen, je vous le déclare : aucun signe ne sera donné à cette génération. » (v. 12) Cette réponse de Jésus à la fois solennelle et directe, presque rude, peut nous laisser songeurs tant le passage est bref et sans explications. Je vais m’arrêter sur deux questions qui peuvent se poser à l’écoute de ce texte : de quel signe s’agit-il et qui est « cette génération » ?

S’il est toujours important de voir le contexte des lectures que nous entendons, il est, pour le passage qui nous occupe, essentiel ; nous sommes comme pris dans un autre passage : juste avant, Jésus a nourri la foule avec sept pains et quelques petits poissons et juste après, Jésus reprochera aux disciples de n’avoir pas saisi le sens de ce geste. L’Evangile de ce jour se situe entre les deux. Nous sommes sur l’autre rive, dans un échange entre Jésus et les pharisiens. Immédiatement après, Jésus et les disciples reprennent la barque pour une nouvelle traversée. L’Evangile que nous venons d’entendre est donc pris au cœur de cette question du sens d’un geste qui peut apparaître comme un miracle extraordinaire. Les pharisiens, eux, n’ont pas vu ce qu’il vient de passer. Mais les lecteurs que nous sommes, nous, nous le savons. C’est dire que ce passage peut nous apprendre… à lire.

Jésus répond aux pharisiens qui demandent un signe qu’il n’en sera pas donné à cette génération. Que faut-il entendre, alors que Jésus vient précisément d’en poser un et que l’Evangile en est rempli ? En lisant le texte, on voit que ce n’est pas de n’importe quel signe qu’il s’agit : les pharisiens « cherchent à obtenir » de Jésus un « signe venant du ciel ». Il s’agirait là d’un miracle, d’une manifestation où l’intervention de Dieu serait manifeste, évidente, quelque chose d’impressionnant et indiscutable qui épargnerait la question de chercher qui est Jésus.

Il y a bien, dans l’Evangile, un signe de ce type : au chapitre suivant, lors de la Transfiguration. Mais le contexte est différent : nous sommes après la première annonce et juste avant la deuxième annonce de la Passion et Jésus est seul avec Pierre, Jacques et Jean. La voix entendue affirme l’identité de Jésus « Celui-ci est mon Fils bien-aimé » (Mc 9, 7), et appelle à l’écouter. Mais Jésus demande le silence au trois apôtres présents. Ainsi, nul signe public de ce type n’est posé. Découvrir qui est Jésus et le sens de son action n’est pas de ce côté-là.

Un signe est « donné » dit Jésus. Mais nous le voyons bien, les pharisiens ne sont pas dans la démarche de recevoir un don… ils sont dans l’exigence d’obtenir quelque chose qui ressemble fort à une preuve. Mais un signe ne s’impose pas, il donne quelque chose à voir et à entendre ; la suite du texte (nous l’entendrons demain) le dit lorsque Jésus reproche aux disciples de n’avoir pas compris le sens du signe. Et pourquoi n’ont-ils pas compris ? Parce qu’ils ont le cœur endurci, parce qu’ils ont des yeux et ne voient pas, des oreilles et n’entendent pas (cf. Mc 8,17-18).

Ainsi, nous pouvons comprendre ce qu’est vraiment un signe : un signe est donné – il y a donc appel à le recevoir – il se donne à lire par un cœur ouvert, et n’est donc pas du côté du spectaculaire qui s’imposerait. Le signe, une semence jetée en terre, dans la terre que nous sommes… quelque chose qui grandit dans le secret et se donne à comprendre à qui écoute et voit avec le cœur.

Nous nous demandions qui est cette génération à qui « il ne sera pas donné de signe »… Y a-t-il des personnes qui sont de cette « génération » et d’autres qui n’en sont pas ? Ou en sommes-nous chaque fois que nous souhaitons nous épargner le discernement, chaque fois que nous rêvons ou exigeons une réponse claire du Seigneur ? Mais y a-t-il LA réponse à l’identité de Jésus, LA réponse au sens de tel événement, LA réponse face à telle défi, telle question de vie… ?

La parabole du semeur enseigne aux disciples que nous sommes quelle est la logique de l’Evangile : « … il y a ceux qui ont reçu la semence dans la bonne terre : ceux-là entendent la Parole, ils l’accueillent, et ils portent du fruit… » (Mc 4, 20) Ainsi, être disciple, c’est écouter la Parole, écouter ce qu’elle dit, chercher à la comprendre, la connaître toujours davantage et écouter comment elle traverse la terre que je suis, comment la Parole se donne dans ma vie, dans la vie de notre Congrégation, de l’Eglise, qui est le Seigneur pour moi, pour nous. Par cette réponse de Jésus aux pharisiens, nous apprenons également que nous devons résister à la tentation de chercher à prouver qui nous sommes. C’est dans cette écoute engagée de la Parole que se trouve notre identité de disciple, la source de notre vocation personnelle et les raisons profondes de notre manière d’agir.

Sans doute s’agit-il donc moins d’interroger Jésus pour avoir un signe, une réponse, que de se laisser interroger, travailler par la Parole à l’œuvre autour de nous et en nous.

Sr Claire-Isabelle Siegrist