Liturgie de la Parole

Notre page « Echos de la communauté »

Nous aimerions sur cette page vous faire partager quelques échos de notre communauté, les événements que nous vivons « Au fil des jours », les témoignages de nos soeurs et ce que les différents médias (cath.ch, la RTS, KTO, VaticanNews...) partagent au sujet de nos communautés en Suisse et à Madagascar et de nos activités et services. Cliquez sur les liens pour accéder aux articles publiés.

Le temps de confinement, où l'Eucharistie n'était plus possible, nous a incitées à chercher des alternatives. C'est ainsi que l'Office du milieu s'est transformé en une « Liturgie de la Parole (accès aux textes publiés) » et cinq sœurs de la communauté se sont relayées pour commenter le texte de la liturgie du jour. Même si les célébrations ont maintenant repris, nous poursuivons cette belle expérience de partage de la Parole.

Sr Adrienne Barras

Commentaire de la Parole
Vendredi après le Mercredi des cendres

Is 58,1-9 et Mt 9,14-15

La page d’Évangile inaugurant le temps du Carême (Mt 6,1-17) évoquait les trois domaines où nous sommes invité.e.s à nous convertir : celui de l’aumône, de la prière et du jeûne. Pour chacun d’eux Jésus nous invite à faire le passage de l’apparence à l’intériorité, en ce lieu secret de notre être où Dieu demeure.

En ce vendredi la liturgie nous propose de poursuivre notre méditation sur la question du jeûne. Commençons par l’Évangile.

Pourquoi, alors que nous et les pharisiens nous jeûnons, tes disciples ne jeûnent-ils pas ? (9,14). C’est la question du sens du jeûne que posent les disciples de Jean le Baptiste. Dans la réponse de Jésus, relevons d’abord la belle image des noces : la présence de Jésus est celle d’un Époux qui invite à son repas de noces. Quand Jésus est là c’est le temps de la joie et de la fête, le temps où l’on se rassemble autour de l’Époux et où on se réjouit ensemble en mangeant et buvant. Après cette évocation Jésus avertit : la fête ne va pas durer car des jours viendront où l’Époux sera enlevé (9,15) : on pense bien sûr à la passion et à la mort de Jésus. Quand Jésus sera enlevé, viendra alors pour ses disciples le moment de jeûner.

Mais qu’en est-il pour nous aujourd’hui ? Le Christ a traversé la mort, il est ressuscité et comme il nous l’a promis il est avec nous tous les jours jusqu’à la fin du monde (Mt 28,20). L’époux enlevé aux jours de la Passion nous a été (re)donné c’est vrai : Il est notre compagnon de route (Lc 24,13-35), Il est présent lorsque nous nous rassemblons en son nom (Mt 18,20), mais n’oublions pas que c’est sous le mode particulier de l’absence (signifié dans notre chapelle par cet espace vacant entre l’autel et l’ambon) : jeûner aujourd’hui c’est donc exprimer le manque de sa présence totale et plénière dans nos vies, c’est raviver (parce que nous sommes tenté.e.s de nous assoupir, d’oublier qu’il nous manque !) le désir du jour des noces éternelles. Et tout cela non pas d’une manière intellectuelle mais au vif de notre chair…

Le beau passage d’Isaïe entendu en première lecture commence, comme l’Évangile, par un pourquoi ? Quand nous jeûnons, pourquoi ne le vois-tu pas ? Quand nous faisons pénitence, pourquoi ne le sais-tu pas ? (Is 58,3). Dieu va répondre longuement à la question de son peuple (v. 4-9). Dans un premier temps il dénonce deux dérives : d’abord celle qui consiste à considérer le jeûne comme un « en soi » sans que cela convertisse en quoi que ce soit notre manière d’être : Quand vous jeûnez, vous savez bien faire vos affaires et vous traitez durement ceux qui peinent pour vous. Votre jeûne se passe en disputes et querelles, en coups de poing sauvages… (58,3-4). Il dénonce ensuite un jeûne qui replie sur soi, qui enferme dans une sorte de jouissance masochiste : Est-ce le jeûne qui me plaît, un jour où l’homme se rabaisse ? S’agit-il de courber la tête comme un roseau, de coucher sur le sac et la cendre ? (58,5).

Mais il y a un jeûne qui plaît à Dieu ! (58,6) : c’est celui qui dilate le cœur, qui ouvre aux autres ; celui qui pousse à agir, à s’engager pour la justice et de manière très concrète :  faire tomber les chaînes injustes, délier les attaches du joug, rendre la liberté aux opprimés, briser tous les jougs, partager le pain avec celui qui a faim, accueillir chez soi les pauvres sans abri, couvrir celui qui est sans vêtement, ne pas se dérober à son semblable… (58,6-7).

En ce temps de Carême Dieu nous invite au jeûne qui lui plaît : celui qui creuse notre désir de la présence de l’Époux, celui qui libère de nos replis sur nous-mêmes, qui transforme nos cœurs de pierre en cœurs de chair, nous ouvrant à toute détresse, toute solitude, toute souffrance.

Alors…

ta lumière jaillira comme l’aurore, et tes forces reviendront vite. Devant toi marchera la justice, et la gloire du Seigneur fermera la marche. Alors, si tu appelles, le Seigneur répondra ; si tu cries, il dira : « Me voici » (Is 58,8-9)

Sr Adrienne Barras