Liturgie de la Parole

Notre page « Echos de la communauté »

Nous aimerions sur cette page vous faire partager quelques échos de notre communauté, les événements que nous vivons « Au fil des jours », les témoignages de nos soeurs et ce que les différents médias (cath.ch, la RTS, KTO, VaticanNews...) partagent au sujet de nos communautés en Suisse et à Madagascar et de nos activités et services. Cliquez sur les liens pour accéder aux articles publiés.

Le temps de confinement, où l'Eucharistie n'était plus possible, nous a incitées à chercher des alternatives. C'est ainsi que l'Office du milieu s'est transformé en une « Liturgie de la Parole (accès aux textes publiés) » et cinq sœurs de la communauté se sont relayées pour commenter le texte de la liturgie du jour. Même si les célébrations ont maintenant repris, nous poursuivons cette belle expérience de partage de la Parole.

Sr Adrienne Barras

Commentaire de la Parole
Samedi de la 3e semaine de Pâques

Actes 9,31-42 et Jean 6,60-69

Nous voici arrivé.e.s à la fin du long discours de Jésus au chapitre 6 de S. Jean.

Si nous avons pris le temps de le lire un peu attentivement cette semaine nous sommes sans doute dans le même état que les disciples de Jésus : abasourdis, « sonnés » : cette parole est rude ! Qui peut l’entendre ? (v. 60).  Les disciples viennent en effet d’entendre Jésus déclarer : ma chair est la vraie nourriture et mon sang est la vraie boisson (v. 55). Auparavant déjà des Juifs se sont indignés : Comment celui-là peut-il donner sa chair à manger ? (v. 52).

Ces propos sont si énormes qu’ils en deviennent inaudibles, inacceptables, provoquant, nous dit le texte, le départ de beaucoup : A partir de ce moment, beaucoup de disciples s’en retournèrent et cessèrent de l’accompagner. (v. 66)

C’est bien ce que Jésus comprend : cela vous scandalise ? (v. 61)…
Jésus invite alors ses auditeurs à un déplacement décisif : Et quand vous verrez le Fils de l’homme monter là où il était auparavant ? (v. 62) ou dans une traduction plus proche (et plus inspirante me semble-t-il !) du texte grec : Si vous contempliez le Fils de l’homme montant là où il était auparavant ? :

  • Si le Fils de l’homme monte là où il était auparavant c’est qu’il est d’abord descendu du ciel. C’est-à-dire : le Fils de l’homme, celui qui nous parle n’est pas seulement le fils de Joseph, Il est aussi et d’abord le Fils du Père dont il partage l’intimité depuis toute éternité. Il nous faut consentir à ce qu’il nous parle d’une réalité qui échappe à nos prises et à notre compréhension.
  • Le Fils de l’homme monte… Il va donc disparaître car il va mourir. Manger sa chair et boire son sang: ces propos sont bien évidemment à relier avec la passion, au don de sa vie : Le pain que je donnerai, c’est ma chair, donnée pour la vie du monde (v. 51) : cette chair donnée c’est sa vie, toute sa vie donnée de sa naissance à sa mort ; et sa chair, justement parce qu’elle est donnée, est vraie nourriture, pain pour le monde.

Depuis 2000 ans nous sommes invité.e.s à entrer en relation avec celui que nous nommons comme Pierre le Seigneur (v. 68), ce Jésus qui a donné sa vie, qui est ressuscité et qui est monté vers le Père. Il est présent et il le sera jusqu’à la fin du monde sous le mode de l’absence. Jésus nous dit ici que sa disparition était nécessaire pour que nous puissions entendre ses paroles sans en être scandalisés et pour en découvrir le sens.

Et cela n’est possible que par le passage de la confiance (cf. verbe croire aux v. 64 et 69) : tout se joue là. Croire les paroles de celui qui nous parle. Croire en ses paroles inimaginables (et c’est précisément parce qu’elles ne sont pas imaginables qu’elles doivent être crues !).
Les paroles que je vous ai dites sont esprit et vie (v. 63). Croire celui qui nous dit cela…
Et que veut dire croire en ses paroles sinon les manger, les mastiquer, les mâcher, les « métaboliser » jusqu’à ce qu’elles deviennent chair de notre chair, vie de notre vie, Esprit de notre esprit.

Croire, manger la Parole jour après jour : voilà notre part, cette œuvre que le Père attend de nous (Jn 6,29).

Voulez-vous partir vous aussi ?...
Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle ! (v. 67-68)

Quel dialogue bouleversant !

Ce qui compte pour Pierre, c’est justement cette relation de confiance en Celui qui lui parle. Cela ne veut pas dire que Pierre comprenne plus ou mieux que les autres ce que Jésus lui dit. Mais ce que dit Jésus trouve un écho en lui ; il pressent que les paroles de son maître et Seigneur sont de l’ordre de la vie éternelle. Elles rejoignent son désir de vivre, elles défient la mort. Ces paroles de Jésus il les mange, ils les fait siennes.

Tu as des paroles de vie qui défient la mort, alors pourquoi te quitter, pourquoi chercher ailleurs ?

En ces temps d’après Pâques où le Seigneur est monté là où il était auparavant (v. 62) nous restent ses paroles. Paroles de vie éternelle, en attente d’être semées en chacun.e de nous, pour devenir pain, vraie nourriture pour notre chair.

Sr Adrienne Barras