Liturgie de la Parole

Notre page « Echos de la communauté »

Nous aimerions sur cette page vous faire partager quelques échos de notre communauté, les événements que nous vivons « Au fil des jours », les témoignages de nos soeurs et ce que les différents médias (cath.ch, la RTS, KTO, VaticanNews...) partagent au sujet de nos communautés en Suisse et à Madagascar et de nos activités et services. Cliquez sur les liens pour accéder aux articles publiés.

Le temps de confinement, où l'Eucharistie n'était plus possible, nous a incitées à chercher des alternatives. C'est ainsi que l'Office du milieu s'est transformé en une « Liturgie de la Parole (accès aux textes publiés) » et cinq sœurs de la communauté se sont relayées pour commenter le texte de la liturgie du jour. Même si les célébrations ont maintenant repris, nous poursuivons cette belle expérience de partage de la Parole.

Sr Berta Lütolf

Commentaire de la Parole

Hébreux 4,1-5,11 et Marc 2,1-13

Dans ce récit, ce qui concerne la foule encadre l’histoire du paralysé. On peut donc se demander en quoi la relation entre Jésus et la foule est affectée par cette histoire. La rencontre avec le paralysé se passe tout autrement que celles qui ont déjà eu lieu avec des malades au chapitre précédent. Ici, cette rencontre suscite une opposition.

Jésus est dans une maison, la foule afflue, la maison est envahie et l’entrée est bloquée du dehors. Jésus en fait un lieu de parole. Rien ne nous est dit du contenu de la parole.
L’important est que Jésus reprenne lui-même la parole après que celle du lépreux guéri l’ait empêché d’entrer ouvertement dans une ville.

Surviennent des gens, portant vers Jésus un paralysé soulevé par quatre hommes. Ne pouvant le porter près de lui, à cause de la foule, ils cherchent le moyen de placer l’infirme, là où se trouvait Jésus. Il n’y a pas de demande de guérison : ni de la part des porteurs, ni de la part du paralysé. S’ils voulaient que le paralysé soit proche de Jésus, n’est-ce pas plutôt pour qu’il entende la parole ?

Sans attendre la moindre requête, Jésus prend les devants et accueille le malade par une parole surprenante : « Mon enfant, tes péchés sont remis ». Nous quittons brusquement le domaine du mal physique, corporel et de sa guérison, pour passer à celui du péché et de sa rémission.

Jésus a vu leur foi.
Il reconnaît la foi dans ce qui s’offre à ses yeux. Du point de vue de Jésus, cette manière de placer auprès de lui, en dépit de tout obstacle, celui qu’on lui présente en sa détresse, s’appelle « foi ». Cette foi n’échappe pas au regard de Jésus. Jésus reconnaît la foi qui ouvre, décentre, pratique cette sortie de soi que rien n’arrête sur le chemin de la rencontre de Celui qui peut sauver.

« Mon enfant, tes péchés sont remis ».
L’enfant… en train de naître. « Tu es libre de tout ce qui t’empêche de vivre, en enfant, né d’une parole de libération ». La foi que Jésus salue par la remise des péchés ne s’arrête pas à lui et à sa puissance de guérir. Elle signale un désir ouvert qui rencontre le désir du Père qui donne la vie et dont Jésus révèle quelque chose à l’enfant qui l’accueille.
Il révèle en même temps au paralysé, porté jusqu’à lui, un vœu plus radical que celui de la guérison, un manque et une attente qui l’habitent en profondeur et qui, loin de l’amoindrir, le constituent et le font exister. La remise des péchés devient naissance et liberté de vivre.

Aux scribes qui contestent sa manière de parler, Jésus propose de la mettre à l’épreuve. Si « Dieu seul peut remettre les péchés », et cela n’est pas en cause, encore faut-il quelqu’un pour le signifier aux pécheurs.

Qu’y-t-il de plus facile à dire à ce paralysé : « tes péchés sont pardonnés » ou de lui dire : « lève-toi, prends ton grabat et marche » ?
Eh bien ! Pour que vous sachiez que le Fils de l’homme a autorité de pardonner les péchés sur la terre, Jésus s’adresse au paralysé disant : Je te le dis : lève-toi, prends ton grabat et vas dans ta maison. Cette insistance nous montre qu’il ne suffit pas de prononcer une formule. Il faut encore se faire entendre.

« Je te le dis » : Jésus convoque l’autre. Et rien n’arrive sans que l’auditeur exécute chacun des trois impératifs reçus : « Il se leva, et aussitôt prenant son grabat, il sortit devant tous ».
Force de la parole dans sa faiblesse : elle ne fait rien si elle n’est pas reçue, mais elle peut toucher l’autre, le faire sortir de soi, éveiller la confiance et le désir de vivre, le mettre debout et le faire marcher.

La sortie de cet homme mis debout ouvre une brèche dans la maison obstruée. Et Jésus sort lui aussi. Désormais l’enseignement pour la foule se fera en plein air, sur le rivage (Mc 4,2), ou dans le désert (Mc 6,34).

 

Sr Berta Lütolf