Liturgie de la Parole

Notre page « Echos de la communauté »

Nous aimerions sur cette page vous faire partager quelques échos de notre communauté, les événements que nous vivons « Au fil des jours », les témoignages de nos soeurs et ce que les différents médias (cath.ch, la RTS, KTO, VaticanNews...) partagent au sujet de nos communautés en Suisse et à Madagascar et de nos activités et services. Cliquez sur les liens pour accéder aux articles publiés.

Le temps de confinement, où l'Eucharistie n'était plus possible, nous a incitées à chercher des alternatives. C'est ainsi que l'Office du milieu s'est transformé en une « Liturgie de la Parole (accès aux textes publiés) » et cinq sœurs de la communauté se sont relayées pour commenter le texte de la liturgie du jour. Même si les célébrations ont maintenant repris, nous poursuivons cette belle expérience de partage de la Parole.

Sr Jacqueline Loretan

Commentaire de la Parole
Vendredi de la 14e semaine t.o.

Genèse 46, 1-7.28-30 et Matthieu 10, 16-23

« Voici que moi, je vous envoie comme des brebis au milieu des loups. Soyez donc prudents comme les serpents, et candides comme les colombes. »

Bien avant notre ami Lafontaine, Jésus a su décrire les comportements humains au moyen d’images empruntées au monde animal. Après avoir, dans Saint Jean, utilisé la métaphore du bon Pasteur qui défend ses brebis contre le loup, il en va tout autrement ici où ce même berger les envoie carrément au milieu des loups. Prudence et candeur seront donc de mise.

En avançant dans notre lecture du DISCOURS D’ENVOI EN MISSION, nous constatons que le ton devient de plus en plus grave. Hier et avant-hier, nous avons entendu Jésus appeler les douze et les envoyer faire son “métier“, c’est-à-dire parcourir villes et villages, proclamer la Bonne Nouvelle et guérir les malades. Cela peut paraître assez idyllique…

Mais notons que Jésus n’envoie pas juste “pour envoyer“, à la manière d’un stage pratique faisant partie de la formation des disciples. Non, l’envoi advient sur fond de compassion pour les foules sans berger, sur fond d’urgence d’une moisson en manque d’ouvriers.

Mission sur fond de COMPASSION et d’URGENCE

Le passage d’aujourd’hui fait résonner en nous les mots utilisés par Jésus dans ses annonces de la Passion. Comme lui, ses disciples, seront rejetés, livrés ; ils seront maltraités, conduits devant les gouverneurs et les rois.

Être envoyé par le Christ, c’est entrer dans ses pas, partager son destin. Jésus ne parle pas ainsi pour leur faire peur, cela ne ferait pas sens. Il précisera: « C’est à cause de moi » Voilà qui fait sens !
Savoir pour quelle cause, mieux encore : pour qui on passe par l’épreuve, cela peut déterminer notre manière de la traverser : non pas subir, mais assumer.
La souffrance du disciple est intimement liée à celle du Maître ; expérience profondément relationnelle ; témoignage rendu à Celui qui nous aime et que nous aimons.

Et voici qu’au milieu de notre passage, soudainement le récit s’éclaircit : une lumière fait irruption dans ce sombre tableau : « Ne vous inquiétez pas ! »

« Quand on vous livrera, quand vous serez devant les juges et les rois,
ne vous inquiétez pas de savoir ce que vous direz ni comment vous le direz : ce que vous aurez à dire vous sera donné à cette heure-là.
Car ce n’est pas vous qui parlerez, c’est l’Esprit de votre Père qui parlera en vous. »

C’est exactement ce que nous lisons dans les Actes des apôtres ; Pierre, Jacques, Jean, simples pêcheurs de Galilée faisant l’étonnement des autorités religieuses lorsqu’ils doivent s’expliquer de leur attachement à Jésus de Nazareth. Ces gens très instruits n’en revenaient pas d’entendre parler ces hommes “sans culture“ avec une telle force et sagesse. 

L’Esprit Saint, l’Esprit du Père parlait en eux :
 « Est-il juste devant Dieu de vous écouter, plutôt que d’écouter Dieu ?
 À vous de juger. Quant à nous, il nous est impossible de nous taire sur ce que nous avons vu et entendu. »  (Ac 4,19-20)

Il leur faudra toute la puissance de cet Esprit lorsque les persécutions feront rage jusque dans leur familles. Ils seront détestés de tous…Mais allons jusqu’au bout de la phrase : «  à cause de mon nom. »

Nous le devinons, Matthieu a écrit son Evangile après la mort et la résurrection de Jésus ; après la Pentecôte, cet envoi à l’envergure universelle. L’histoire des premiers temps de l’Eglise, dès le martyre d’Etienne, nous raconte le courage des chrétiens face à la persécution.

S’ils ont tenu bon, c’est encore et toujours « à cause de Lui ». A cause du lien si profond qui les unissait au Christ. Il en sera de même pour nous et tous les témoins à venir qui auront persévéré jusqu’à la fin. Alors, le Fils de l’homme viendra. Nous le verrons face à face. Plus rien ne pourra nous séparer de Celui qui nous a aimés et qui s’est livré pour nous, écrira S.Paul.

***

Prudence des serpents, candeurs des colombes ? Oui, et bien davantage : un  attachement fort, indéfectible au Christ, lui qui nous envoie en son nom au milieu des loups qui menacent les foules désemparées et abattues comme des brebis sans berger.

Laissons-nous investir de sa compassion, laissons-nous habiter par son sens de l’urgence face à la détresse de nos frères et sœurs en humanité. Il nous y veut présents auprès d’eux, comme Lui.

 

Sr Jacqueline Loretan