Liturgie de la Parole

Notre page « Echos de la communauté »

Nous aimerions sur cette page vous faire partager quelques échos de notre communauté, les événements que nous vivons « Au fil des jours », les témoignages de nos soeurs et ce que les différents médias (cath.ch, la RTS, KTO, VaticanNews...) partagent au sujet de nos communautés en Suisse et à Madagascar et de nos activités et services. Cliquez sur les liens pour accéder aux articles publiés.

Le temps de confinement, où l'Eucharistie n'était plus possible, nous a incitées à chercher des alternatives. C'est ainsi que l'Office du milieu s'est transformé en une « Liturgie de la Parole (accès aux textes publiés) » et cinq sœurs de la communauté se sont relayées pour commenter le texte de la liturgie du jour. Même si les célébrations ont maintenant repris, nous poursuivons cette belle expérience de partage de la Parole.

Sr Adrienne Barras

Commentaire de la Parole
3e semaine de l'Avent

Juges 13,2-7 et Luc 1,5-25

En ces jours qui précèdent la fête de Noël, la liturgie nous propose d’être à l’écoute de trois « annonciations » : hier nous entendions la première, à Joseph, à qui l’ange du Seigneur, dans un songe, fait entendre, entre autres choses, qu’il est invité à prendre chez lui Marie, sa femme, enceinte d’un fils qui n’est pas le sien. Aujourd’hui, deuxième annonciation, celle à Zacharie. Et demain, dimanche, nous serons avec Marie.

Joseph, Zacharie, Marie : des justes (Mt 1,18 et Lc 1,6) aux yeux de Dieu.

L’annonce à Zacharie ouvre l’Évangile de Luc (1,5-25) ; la liturgie de ce temps de l’Avent la met en parallèle avec une autre annonce, celle de la naissance de Samson dans le livre des Juges. Soulignons simplement quelques ressemblances : 

  • On nous parle de deux couples (Manoah et sa femme ; Zacharie et Elisabeth) en mal d’enfant, avec une mention aggravante pour Zacharie et Elisabeth : leur âge avancé (Lc 1,7).

  • Un ange du Seigneur (Jg 13,3 et Lc 1,11) apparaît à la femme de Manoah et à Zacharie et leur annonce à chacun la naissance d’un fils (Jg 13,4 et Lc 1,13).

  • Ces deux fils ne viennent pas d’abord combler un vide chez les parents ; avant d’être pour eux (cf. Lc 1,13 : ta femme Elisabeth mettra au monde pour toi un fils), ils sont pour une mission que le Seigneur leur confie : Samson est appelé à sauver Israël de la main des Philistins (Jg 13,5) ; quant à Jean, sa mission est décrite sur trois versets (15-17). Il sera appelé à faire revenir d’abord de nombreux fils d’Israël vers Dieu (16) ; ensuite le cœur des pères vers leurs enfants (et non le contraire !) et les rebelles à l’intelligence des justes (17) et à préparer au Seigneur un peuple bien disposé (17).

J’en viens maintenant à la fin du récit de l’Évangile. Après avoir entendu l’annonce de l’ange, Zacharie demande : Comment vais-je savoir que cela arrivera ? (1,18). Ou, plus littéralement : à quoi saurai-je ceci ?  Zacharie veut savoir, il veut un signe, une preuve qui atteste que ce qu’il a entendu, c’est-à-dire la promesse d’un fils, est bien vrai, que cela va se réaliser, car, dit-il, je suis un vieillard et ma femme est avancée en âge (18). En demandant à savoir, Zacharie doute du lien entre la parole et la réalisation de la parole : qu’est-ce qui me prouve que ce que tu me dis va se réaliser vraiment ? Ce qui est ennuyeux, c’est que celui qui lui a parlé, ce n’est pas n’importe qui ! : Je suis l’ange Gabriel et je me tiens en présence de Dieu (19). Autrement dit : à travers son messager, c’est Dieu lui-même qui lui a parlé… Zacharie veut savoir, alors qu’il lui est demandé simplement de faire confiance, de croire que, pour Dieu, il n’y a pas de différence entre ce qu’il dit et ce qu’il fait.

Voici que tu seras réduit au silence et, jusqu’au jour où cela se réalisera, tu ne pourras plus parler, parce que tu n’as pas cru à mes paroles ; celles-ci s’accompliront en leur temps (20). Littéralement : tu seras gardant le silence.

Zacharie qui n’a pas cru en la parole de Gabriel se voit privé… de parole ! Ce silence imposé est souvent interprété comme une punition. Je préfère pour ma part y voir une chance offerte pour que la Parole d’un Autre, celle de Dieu, puisse être accueillie en sa vie et y prendre sa vraie place. Zacharie est privé de parole… le temps de la grossesse de sa femme Elisabeth ! Il est invité à être « enceint », à laisser prendre chair en lui la Parole, à la laisser grandir jusqu’à ce qu’elle puisse venir au jour au cœur de sa propre parole retrouvée, quand Élisabeth accouchera de son fils et qu’il lui donnera son nom (1,64).

En ces jours tout proches de la fête de la Nativité et où nous sommes, nous aussi, gardant le silence de la parole chantée, ne sommes-nous pas invité.e.s, comme Zacharie, à entendre au plus profond de nous, dans le silence intérieur de nos cœurs, ce que Dieu nous dit ? Ce qu’Il nous dit, croyons-le, ce sont toujours des paroles de vie appelées à prendre chair, à naître en nous pour que nous puissions le servir tous les jours de notre vie, dans la plénitude de sa présence (Lc 1,75).

Sr Adrienne Barras