Liturgie de la Parole

Notre page « Echos de la communauté »

Nous aimerions sur cette page vous faire partager quelques échos de notre communauté, les événements que nous vivons « Au fil des jours », les témoignages de nos soeurs et ce que les différents médias (cath.ch, la RTS, KTO, VaticanNews...) partagent au sujet de nos communautés en Suisse et à Madagascar et de nos activités et services. Cliquez sur les liens pour accéder aux articles publiés.

Le temps de confinement, où l'Eucharistie n'était plus possible, nous a incitées à chercher des alternatives. C'est ainsi que l'Office du milieu s'est transformé en une « Liturgie de la Parole (accès aux textes publiés) » et cinq sœurs de la communauté se sont relayées pour commenter le texte de la liturgie du jour. Même si les célébrations ont maintenant repris, nous poursuivons cette belle expérience de partage de la Parole.

Moi je suis le Pain de la Vie

Commentaire de la Parole
3e semaine de Pâques

Saint Louis-Marie Grignion de Montfort

Actes 7,51-8,1a et Jean 6,30-35

« Moi je suis le pain de la vie” ». Le pain du ciel, celui qui donne la vie au monde. Je suis nourrissant, mes paroles sont nourrissantes, ma présence nourrit pour vos vies. Je suis le pain de vie. 

Oui, Jésus, dans l’évangile selon saint Jean, s’affirme avec assurance. C’est un homme qui, parce qu’il se reçoit totalement d’un Autre, son Père, profère son identité dans une parole souveraine. Qui s’autorise à dire ce qu’il est, « Je suis », comme s’y autorisait jadis le Seigneur du premier Testament, disant à Moïse, du cœur d’un buisson en feu : « Je suis qui je suis » (Ex 3,14).

Dans l’évangile de ce jour, Jésus se fait connaître comme le pain du ciel qui donne la vie au monde. Encore s’agit-il d’aller à lui pour vivre ! Encore faut-il croire en lui pour accueillir sa vie. Car il est « la résurrection et la vie » (11,25). Il est « le chemin, la vérité et la vie » (14,6). Il est celui qui, au début du livre de l’Apocalypse, apparaît à Jean de Patmos et lui dit : « Moi je suis le Premier et le Dernier, et le Vivant. J’ai été mort, et voici que je suis vivant pour les éternités d’éternités, et j’ai les clefs de la Mort et du séjour des morts » (Ap 1,17b-19).

Etienne lui rend témoignage dans le livre des Actes. Dans la parodie de procès qui lui est faite, Etienne manifeste par tout lui-même le lien intime qui l’unit à Jésus pain de vie. Sa parole de défense s’en trouve nette et tranchante : « Hommes à la nuque raide, aux oreilles et aux cœurs incirconcis, toujours vous résistez à l’Esprit Saint ». 

Vous n’avez que la loi en tête, mais vous en avez fait une idole et n’y avez pas obéi. Vous venez de livrer et d’assassiner le Juste annoncé par les prophètes que vos pères ont tués ! Vous dites : « Moïse, Moïse ! Nous sommes les hommes de Moïse ! ». Ne savez-vous donc pas que Moïse, que Dieu avait désigné comme chef et rédempteur pour le peuple, nos pères ont refusé de lui obéir ? Ils ont rejeté les paroles de vie que Moïse avait reçues sur le mont Sinaï. Ils ont préféré demander à Aaron de leur fabriquer des dieux, de leur construire un veau d’or.

Vous, les hommes du temple et de la liturgie sacrificielle, ignorez-vous donc que nos pères, au désert, avait la Tente du témoignage ? Qu’ils la firent entrer dans le pays conquis ? Que ce fut David qui demanda de lui trouver un abri ? Et que c’est Salomon qui lui bâtit une maison ? « Mais le Très-Haut n’habite pas dans ce qui est fait à la main, selon ce que dit le prophète : “Le ciel est mon trône, et la terre, le marchepied de mes pieds. Quelle maison me bâtirez-vous ? dit le Seigneur, ou quel sera mon lieu de repos ? N’est-ce pas ma main qui a fait tout cela ?” » (cf. Isaïe 66,1-2).

Oui, Etienne a pleinement accueilli Jésus comme unique pain de vie. Garder la loi, venir à Jésus et croire en lui : tel a été l’itinéraire spirituel d’Etienne. Homme de sagesse et d’Esprit, dans sa passion, les yeux fixés au ciel, il a vu Jésus debout à la droite de Dieu : « Voici que je contemple les cieux ouverts, et le Fils de l’homme debout à la droite de Dieu” » (Ac 7,55-56). Etienne est entièrement conformé à Jésus. Jusqu’en ses ultimes paroles, qu’il lui adresse et qui reprennent celles de Jésus en Croix : « Seigneur Jésus, reçoit mon esprit” » (6,59), « Seigneur, ne leur compte pas ce péché” » (6,60).

Rien n’a séparé Etienne – disciple du Fils de l’homme, fidèle disciple du Pain de vie –, rien ne l’a séparé de l’amour de Dieu manifesté dans le Christ Jésus. C’est ce que, quelques années plus tard, Paul écrira aux chrétiens de Rome : « Ni mort ni vie, ni anges ni principautés, ni présent ni avenir, ni puissances, ni hauteur ni profondeur, ni aucune autre créature ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu qui est en Christ Jésus, notre Seigneur” » (Rm 8,38-39).

Ces mots sont de Saul. Mais qui aurait pu imaginer, – en voyant ce jeune homme présent au martyre d’Etienne, aux pieds duquel les témoins ont déposé leurs vêtements, ce Saul qui approuve ce meurtre, ce Saul qui est lui-même persécuteur des premiers disciples –, qui aurait pu imaginer qu’un jour il puisse écrire un acte de foi aussi vibrant et authentique ? C’est que l’expérience de Jésus pain de vie est passée par là, en lui, elle aussi. C’est que Saul, ayant rencontré le Vivant et accueilli la vie du Fils en lui, est devenu Paul, l’apôtre des nations.

« Amen, amen, je vous le dis : ce n’est pas Moïse qui vous a donné le pain venu du ciel ; c’est mon Père qui vous donne le vrai pain venu du ciel” » (Jn 6,32).

Aller à Jésus pain de vie, pour n’avoir plus faim de nourriture périssable…

Croire Jésus pain de vie, pour n’avoir plus soif de convoitises terrestres…

… est un chemin pascal, au long duquel seul l’Esprit sait assouplir nos nuques et circoncire nos oreilles et nos cœurs. C’est notre chemin, à chacun.e.

Chère Sr Louis-Marie, qu’il te soit tout particulièrement, en ce jour de fête, chemin de joie et d’action de grâce.

Sœur Isabelle Donegani