Liturgie de la Parole

Notre page « Echos de la communauté »

Nous aimerions sur cette page vous faire partager quelques échos de notre communauté, les événements que nous vivons « Au fil des jours », les témoignages de nos soeurs et ce que les différents médias (cath.ch, la RTS, KTO, VaticanNews...) partagent au sujet de nos communautés en Suisse et à Madagascar et de nos activités et services. Cliquez sur les liens pour accéder aux articles publiés.

Le temps de confinement, où l'Eucharistie n'était plus possible, nous a incitées à chercher des alternatives. C'est ainsi que l'Office du milieu s'est transformé en une « Liturgie de la Parole (accès aux textes publiés) » et cinq sœurs de la communauté se sont relayées pour commenter le texte de la liturgie du jour. Même si les célébrations ont maintenant repris, nous poursuivons cette belle expérience de partage de la Parole.

Sr Jacqueline Loretan

Commentaire de la Parole
Vendredi de la 5e semaine de Carême

Jérémie 20,10-13 et Jean 10,31-42

Dans Jérémie nous entendions : « … C’est à toi que j’ai remis ma cause ; à toi Seigneur de l’univers, toi qui scrutes les reins et les cœurs ».
Jésus, dans l’Évangile selon Jean, échappe aux chefs religieux juifs qui prennent des pierres pour le lapider, parce qu’il s’est dit « Fils de Dieu ».

Nous sommes là en présence de la vulnérabilité du prophète et de Jésus, Fils de Dieu, dont le seul recours est la confiance en son Père.
Dans ce contexte, je souhaite vous partager quelques extraits de la conclusion du livre « Dieu est nu. Hymne à la divine fragilité », de Simon-Pierre Arnold, moine bénédictin belge missionnaire au Pérou depuis 1974.

« Je me tiens à Jésus »
Relire toutes choses à partir du « dénudement » volontaire, et donc du dénuement de Dieu en Jésus, introduit dans notre vision du monde une sorte de dérégulation universelle. Il est temps d’ouvrir de nouveau le monde au risque de la Parole, en faisant taire la vanité stérile de nos mots.

On peut se demander :
Que restera-t-il de Dieu ? Que restera-t-il de nos humanismes, de nos institutions et de nos règles du jeu humain ?
Tout, absolument tout, doit être revisité et repensé d’urgence, à l’aune de l’évidement de Dieu en lui-même, dans le monde et dans l’Histoire.
Le monde ne cesse de changer. Tout a changé, sauf notre image de Dieu et de l’humanité, qui découlent l’une de l’autre. Personne n’a osé y toucher depuis nos origines. Aujourd’hui, nous sommes acculés à ce courage incontournable. L’heure est venue de penser à ré-inaugurer les temps de l’Évangile.
En ce sens, le problème posé par les nouveaux paradigmes et cette humanité mutante qui nous emportent dans leur tourbillon, n’est plus l’athéisme militant des deux derniers siècles, mais l’obsolescence de notre imaginaire et de notre symbolique dans ses deux versants, religieux et anthropologique.

La précarité institutionnelle, imposée à l’Église par la conjoncture interne et externe, constitue pour les croyants la grande occasion d’en revenir à l’essence de l’Évangile : le Dieu fragile, de plus en plus vulnérable, vidé de lui-même jusqu’à l’extrême de l’amour.

Loin de la peur et du repli sur soi, réapprenons la fragilité intrinsèque du disciple, l’insécurité du pèlerin, la permanence dans les intempéries de l’Histoire. C’est là, depuis l’origine, le vrai terreau oublié de notre naissance et le gage de notre renaissance.
(…)

Il m’est doux de penser qu’au bout de mon âge, je me tiens irrévocablement à Jésus Christ. Je n’ai plus de temps à perdre sur d’autres chemins. Je n’ai besoin, et ne désire que lui.
Je reste convaincu, plus que jamais, que le Nazaréen est vraiment l’icône parfaite de l’humanité en quête de sa divinité en germe. Je rêve d’une Église qui n’ait désormais d’autre projet que lui.
Oui, je me tiens à Jésus ; je me contente de lui et je m’y agrippe ! »

Sr Berta Lütolf