Commentaire de la Parole
Samedi de la 1ère semaine t.o. C
1 Samuel 9 et Marc 2, 13-27
L’Evangile de ce jour nous fait entendre un nouveau récit de vocation, un peu différent de celui des quatre disciples, “pêcheurs d’hommes“, mais toujours au bord du lac de Tibériade, “mer“, pour les gens de la région.
C’est là que Jésus enseigne, la berge lui servant d’auditorium climatisé et sonorisé de manière écologique par le paysage. Le texte ne nous dit pas de quoi Jésus parle. Sans doute du règne de Dieu où les pauvres sont heureux et les petits grands, où les pécheurs sont pardonnés et les malades guéris. Ce qui est sûr, c’est que ce ne sont pas juste de belles phrases ; Jésus ne parle pas pour s’entendre parler et se faire applaudir. La suite nous le prouvera bien vite, au moment où il aperçoit un des pires spécimens du genre humain : un publicain ! Quelqu’un avec qui il vaut mieux ne pas s’attarder. Passez, s.v.p.
Mais Jésus ne l’entend pas de cette oreille-là. Ce qu’il a enseigné tout à l’heure, il l’applique à la lettre : « Suis-moi ». Et cela fonctionne. Et même très bien, puisque le voici à table, au milieu d’autres pécheurs et publicains, avec ses disciples en plus. Scandale !
Oui, gros scandale aux yeux des scribes et pharisiens à qui rien ne pouvait échapper. A présent, Jésus se voit obligé de répéter son enseignement , et cela devant un public bien plus instruit : « Ce ne sont pas les gens bien portants qui ont besoin du médecin, mais les malades. Je ne suis pas venu appeler des justes, mais des pécheurs. »
Notre péricope se termine là. Nous pouvons essayer d’imaginer la réaction des deux camps. - Et moi, dans mon cœur, comment est-ce que je réagis ? Bien sûr, je suis conditionnée, habituée comme je le suis à entendre ces passages d’Evangile. Donc, j’approuve.
Mais, si cela figurait dans Le Nouvelliste sous “faits divers“, des catholiques pratiquants, personnes respectables, qui auraient été vus attablées avec des gens douteux, malfamés, des hors-la loi sévèrement jugés par les autorités civiles et même religieuses : quelle serait ma première réaction ? Stupeur, condamnation ? Ou alors, après avoir réfléchi, trouverais-je une autre manière d’en juger ? Par exemple en me souvenant d’une Mère Teresa, d’un Père Ceyrac, de Guy Gilbert et de nombreux chrétiens actifs auprès des déshérités ; et, tout près d’ici, notre maison diocésaine de diaconie “Verso L’Alto“ à Sion !
Non, il n’y a pas à hésiter, ayant rencontré le Christ, notre place de chrétiens est définitivement avec ceux que la société rejette. Cela bien sûr selon nos possibilités d’âge, de santé, de formation. Que nous leur donnions une large place dans notre prière ; que nos choix de lectures, d’émissions de télévision et de radio témoignent de notre priorité accordée aux “plus petits“ que Jésus nomme ses frères.
Donc, c’est une affaire de famille !
Sr Jacqueline Loretan