Liturgie de la Parole

Notre page « Echos de la communauté »

Nous aimerions sur cette page vous faire partager quelques échos de notre communauté, les événements que nous vivons « Au fil des jours », les témoignages de nos soeurs et ce que les différents médias (cath.ch, la RTS, KTO, VaticanNews...) partagent au sujet de nos communautés en Suisse et à Madagascar et de nos activités et services. Cliquez sur les liens pour accéder aux articles publiés.

Le temps de confinement, où l'Eucharistie n'était plus possible, nous a incitées à chercher des alternatives. C'est ainsi que l'Office du milieu s'est transformé en une « Liturgie de la Parole (accès aux textes publiés) » et cinq sœurs de la communauté se sont relayées pour commenter le texte de la liturgie du jour. Même si les célébrations ont maintenant repris, nous poursuivons cette belle expérience de partage de la Parole.

Croire... engage une vie

Commentaire de la Parole
7e semaine de Pâques

Jean 16,29-33

Jésus termine son long discours. Les disciples sont soulagés et semblent assez satisfaits de Jésus et d’eux-mêmes : « Voici que, maintenant [1], tu parles ouvertement et non plus en images. Maintenant nous savons que tu sais toutes choses, et tu n’as pas besoin qu’on t’interroge : voilà pour quoi nous croyons que tu es sorti de Dieu. » (Jn 16,30) : ils savent que Jésus sait et ce savoir les conduit à croire que Jésus est sorti de Dieu.

La foi des disciples semble découler d’un savoir acquis auprès de leur maître : ils croient parce qu’ils savent ! C’est une foi (il vaudrait mieux parler de croyance) qui est une forme de savoir : ils croient que, comme ils savent que.  En effet, tout au long de son discours Jésus n’a eu de cesse de leur révéler le lien qui l’unit à son Père et de les préparer à son retour vers Lui. Les disciples lui disent : « nous avons bien assimilé cette information » et ils peuvent donc dire en toute sincérité : « nous croyons que tu es sorti de Dieu. »

Jésus leur répond avec une sorte de douloureux étonnement : « maintenant vous croyez ! » (v. 31) Ce qui frappe c’est que croire, dans la bouche de Jésus, n’est suivi d’aucun complément. Et cela dissipe un malentendu : croire, c’est bien autre chose que croire que… Croire, cela engage une vie, c’est une manière d’être qui donne forme à toute une existence !

Jésus ne veut pas que ses disciples soient dupes : en ce maintenant qui correspond à la venue de l’Heure (v.32), c’est-à-dire de Sa Passion comment pourraient-ils croire ? En cette Heure, celle pour laquelle Il est venu, Jésus qui est sorti du Père retourne au Père, c’est bien vrai, mais il le fera d’une manière qui pour l’instant est inacceptable pour ses disciples.

Si croire n’est pas possible, alors il s’agit peut-être de consentir à ne pas pouvoir croire. Consentir à ne pas pouvoir accepter, pour l’instant, que Jésus soit condamné injustement et qu’il meure sur une croix. Accepter de ne pas pouvoir l’accompagner sur ce chemin, de le laisser seul, d’être dispersé chacun de son côté (v. 32). Et aussi, plus tard, consentir à douter de sa résurrection (cf. tous les récits d’apparition), à avoir peur de subir le même sort que leur maître, etc.

Ce passage par l’impuissance de ne pas croire n’est-ce pas ce que nous expérimentons aussi dans nos vies ? Croire en un Dieu qui se révèle en Jésus comme le « Très-Bas » [2], le Non-puissant, consentir à marcher sur le même chemin de douceur et d’humilité que Lui, cela ne nous apparaît-il pas par moment comme une pure folie ?...  C’est peut-être alors dans ce creux que nous est faite cette grâce de découvrir que croire, c’est un don à accueillir… et que cet accueil rend tout possible !

Nous approchons du jour de la Pentecôte, de ce jour où l’Esprit Saint a transformé des hommes apeurés en témoins intrépides.

Dimanche prochain, nous allons pouvoir à nouveau célébrer l’Eucharistie, renouveler nos forces et notre courage (v. 33) en nous laissant baptiser dans la mort et la résurrection de notre Seigneur ; nous pourrons accueillir Sa paix, nous nourrir de sa Parole et de son Corps, l’entendre dire avec tendresse à chacun.e de nous : maintenant, oui c’est vrai, tu  crois !

sœur Adrienne Barras

 

[1] Maintenant : cette indication de temps intervient 3 fois dans notre passage (v.29, 30, 31). Dommage qu’on l’ait supprimé au v. 29…

[2] Selon la belle formule de Christian Bobin.