Liturgie de la Parole

Notre page « Echos de la communauté »

Nous aimerions sur cette page vous faire partager quelques échos de notre communauté, les événements que nous vivons « Au fil des jours », les témoignages de nos soeurs et ce que les différents médias (cath.ch, la RTS, KTO, VaticanNews...) partagent au sujet de nos communautés en Suisse et à Madagascar et de nos activités et services. Cliquez sur les liens pour accéder aux articles publiés.

Le temps de confinement, où l'Eucharistie n'était plus possible, nous a incitées à chercher des alternatives. C'est ainsi que l'Office du milieu s'est transformé en une « Liturgie de la Parole (accès aux textes publiés) » et cinq sœurs de la communauté se sont relayées pour commenter le texte de la liturgie du jour. Même si les célébrations ont maintenant repris, nous poursuivons cette belle expérience de partage de la Parole.

Sr Claire-Isabelle Siegrist

Commentaire de la Parole
4e semaine TO

Marc 5,1-20

L’Evangile de ce jour n’est pas facile et la tentation de passer plus loin peut être grande. Je vous propose simplement quelques pistes de méditation pour que nous osions nous laisser interroger, déplacer par ce texte.

Jésus rencontre un homme possédé par un esprit impur. « Sans arrêt, nuit et jour, il était parmi les tombeaux et sur les collines, à crier, et à se blesser avec des pierres. » (Mc 5,5). Les mots sont forts : l’homme est exclu des autres, il n’a pas accès à la parole – il crie, dit le texte – pour dire le trouble qui l’habite. Sans mots pour dire la souffrance, la violence se retourne contre lui, il est seul, enfermé dans des mouvements intérieurs qui l’enchaînent et le conduisent du côté la mort. Dans nos vies également, nous traversons des périodes où ce qui est tristesse, confusion, désolation, mort de paroles et de relations semblent l’emporter. 

Jésus lui dit : « Esprit impur, sors de cet homme ! » Jésus fait donc la distinction entre l’esprit impur et l’homme. Même au plus fort de la désolation, il n’y a pas identification entre la personne que nous sommes et le combat qui nous habite. Nous ne nous limitons jamais à ces mouvements et nous ne pouvons pas davantage enfermer les autres dans ce que nous percevons de leurs cris.

« Quel est ton nom ? » (Mc 5,9)… Jésus s’adresse à l’homme dans un « tu ». Cette parole adressée engage un dialogue qui, peu à peu, va permettre de sortir de la confusion. Dans son commentaire de l’Evangile de Marc, le père Delorme dit ceci de cet homme : « On dit souvent qu’il est "possédé", mais ce qui est clair, c’est qu’il est dépossédé de sa parole, de son être personnel et de toute relation à d’autres personnes.[1] » La Parole de Celui à qui « même les vents et la mer obéissent » (Mc 4,41) donne de faire la distinction entre ce qui, en nous et dans nos vies, nous enfonce dans la peur, le trouble et l’isolement, ou ce qui va du côté de la vie et de la relation. Cette Parole nous est adressée chaque jour…

Les gens « arrivent auprès de Jésus, ils voient le possédé assis, habillé, et revenu à la raison, lui qui avait eu la légion de démons, et ils furent saisis de crainte. (…) Alors ils se mirent à supplier Jésus de quitter leur territoire. » (Mc 5,15.17) Ce qu’ils voient là échappe à leurs catégories. Ils se laissent guider par leur peur et excluent Jésus de leur horizon.

Alors que l’homme libéré désire être avec Jésus, cet appel lui est adressé : « Rentre à la maison, auprès des tiens, annonce-leur tout ce que le Seigneur a fait pour toi dans sa miséricorde. » Alors l’homme s’en alla, il se mit à proclamer dans la région de la Décapole ce que Jésus avait fait pour lui, et tout le monde était dans l’admiration. » (Mc 5,19-20). C’est ainsi par le témoignage et la parole de cet homme rendu à la Vie et réintégré au milieu des siens que la Parole agissante de Jésus pourra alors être accueillie. Cet appel nous est adressé chaque jour faisant ainsi de nous des disciples-missionnaires au service de la Vie.

 

[1] Jean Delorme, L’heureuse annonce selon Marc, Cerf, coll. Lectio divina, p. 341.

Sr Claire-Isabelle Siegrist