Liturgie de la Parole

Notre page « Echos de la communauté »

Nous aimerions sur cette page vous faire partager quelques échos de notre communauté, les événements que nous vivons « Au fil des jours », les témoignages de nos soeurs et ce que les différents médias (cath.ch, la RTS, KTO, VaticanNews...) partagent au sujet de nos communautés en Suisse et à Madagascar et de nos activités et services. Cliquez sur les liens pour accéder aux articles publiés.

Le temps de confinement, où l'Eucharistie n'était plus possible, nous a incitées à chercher des alternatives. C'est ainsi que l'Office du milieu s'est transformé en une « Liturgie de la Parole (accès aux textes publiés) » et cinq sœurs de la communauté se sont relayées pour commenter le texte de la liturgie du jour. Même si les célébrations ont maintenant repris, nous poursuivons cette belle expérience de partage de la Parole.

Sr Adrienne Barras

Commentaire de la Parole
Vendredi de la 7e semaine de Pâques

Actes 25, 13-21 et Jean 21, 15-19

Le temps pascal touche à sa fin ; nous nous sommes plongé.e.s avec délice dans l’Évangile de Jean. Aujourd’hui nous en ouvrons la dernière page : Jésus apparaît pour la 3fois (Jn 21,14) à ses disciples. Dans les versets qui précèdent ceux que nous venons d’entendre, Jésus est au bord du lac de Tibériade au petit matin ; les disciples sont retournés à leur métier de pécheurs ; ils ont péché toute la nuit sans rien prendre et voilà qu’obéissant à l’ordre de Jésus ils ont jeté une nouvelle fois leurs filets et ils débordent de poissons. Cependant, étonnamment, ce ne sont pas les poissons qu’ils ont péchés qui vont les nourrir mais ceux que le Ressuscité a préparés pour eux : une fois descendus à terre, ils aperçoivent, disposé là, un feu de braise avec du poisson posé dessus, et du pain (21,9) … Jésus leur dit « Venez manger » (21,12).
C’est Jésus qui nourrit.

Suit le dialogue entre Jésus et Pierre : Simon, fils de Jean, m’aimes-tu ? Trois fois Jésus va répéter cette question. Trois fois Pierre va lui répondre : oui, Seigneur toi tu le sais : je t’aime !
Le mot aimer en français ne suffit malheureusement pas à traduire les deux verbes grecs utilisés dans ce passage : philein (qui a donné le mot philanthropie par ex.) et agapan. Je vous propose donc de réentendre le début du passage dans une traduction où apparaissent les nuances contenues dans ces deux verbes :

15 Quand ils eurent mangé, Jésus dit à Simon-Pierre : « Simon, fils de Jean, m’aimes-tu (agapan) d’un amour absolu, désintéressé, plus que ceux-ci ? » Il lui dit : « Oui, Seigneur, toi tu sais que j’ai de l’affection (philein) pour toi. » Jésus lui dit : « fais paître mes agneaux ».
16 Il lui dit de nouveau pour la deuxième fois : « Simon, fils de Jean, m’aimes-tu (agapan) d’un amour absolu, désintéressé ? » Il lui dit : Oui, Seigneur, toi tu sais que j’ai de l’affection (philein) pour toi. » Jésus lui dit : « Sois berger de mes brebis ».
17 Il lui dit pour la troisième fois : « Simon, fils de Jean, as-tu de l’affection (philein) pour moi ? » Pierre fut attristé parce que, pour la troisième fois, Jésus lui demandait : « as-tu de l’affection (philein) pour moi ? » Il lui répondit : « Seigneur, toi tu sais tout, tu connais que j’ai de l’affection (philein) pour toi. » Jésus lui dit : « fais paître mes brebis. »

Deux fois Jésus demande à Pierre : m’aimes-tu d’un amour absolu, désintéressé ? Mais Pierre n’ose pas prétendre l’aimer comme Jésus l’aime. Ce qu’il peut par contre lui dire en vérité c’est qu’il a de l’affection pour lui, qu’il l’aime comme on aime un ami. Pierre a traversé la passion, il restera à jamais marqué par la blessure du reniement et il sait maintenant que son amour ne sera jamais à la mesure de l’Amour qui le fait vivre. Il s’en remet donc au savoir de Jésus : toi Jésus tu sais tout, tu connais que j’ai de l’affection pour toi (21,17).

Une troisième fois Jésus s’adresse à Pierre et vous l’avez peut-être remarqué, Jésus se met alors, si je peux dire, à la hauteur de son ami : Simon, fils de Jean as-tu de l’affection pour moi ? (21,17). Jésus rejoint Pierre là où il est, là où il peut aimer et c’est en ce lieu précis qu’il lui confie sa mission : fais paître mes brebis (21,15.16.17) : Fais paître mes brebis (n’oublie pas que ce sont les miennes et non les tiennes !) avec ce que tu es, à la fois dans la reconnaissance de ta faiblesse et la confiance que tu me portes….

La grâce reçue par Pierre dans cet ultime dialogue avec Jésus, avant qu’il ne s’en aille, peut devenir la nôtre : comme Pierre nous sommes toujours en retard dans notre réponse à la demande d’amour que le Seigneur nous adresse ; la grâce c’est de le reconnaître et de nous fier à Jésus : tu sais, tu sais tout, tu connais que je t’aime… C’est dans cette double attitude que Pierre peut accueillir la mission que Jésus lui confie de faire paître, c’est-à-dire de conduire et de nourrir les brebis qui ne sont pas les siennes mais celle du Ressuscité. C’est dans cette double attitude que nous pouvons accueillir aujourd’hui la mission qu’il nous confie de nourrir et de conduire vers le Père les frères et sœurs qu’il met sur notre chemin et qui sont avant tout ses frères et sœurs et les enfants bien-aimés du Père.

Et voilà qu’au moment de confier sa mission à Pierre, Jésus l’invite à le suivre : sur ces mots il lui dit : « Suis-moi » (21,19). Toujours Il est devant nous, ce Seigneur ressuscité qui nous confie des frères et sœurs à aimer, et nous n’aurons jamais fini d’apprendre de lui à aimer comme il aime, d’un amour inconditionnel et désintéressé.

Sr Adrienne Barras