Liturgie de la Parole

Notre page « Echos de la communauté »

Nous aimerions sur cette page vous faire partager quelques échos de notre communauté, les événements que nous vivons « Au fil des jours », les témoignages de nos soeurs et ce que les différents médias (cath.ch, la RTS, KTO, VaticanNews...) partagent au sujet de nos communautés en Suisse et à Madagascar et de nos activités et services. Cliquez sur les liens pour accéder aux articles publiés.

Le temps de confinement, où l'Eucharistie n'était plus possible, nous a incitées à chercher des alternatives. C'est ainsi que l'Office du milieu s'est transformé en une « Liturgie de la Parole (accès aux textes publiés) » et cinq sœurs de la communauté se sont relayées pour commenter le texte de la liturgie du jour. Même si les célébrations ont maintenant repris, nous poursuivons cette belle expérience de partage de la Parole.

Soeur Jacqueline Lorétan

Commentaire de la Parole
Jeudi de la 29e semaine t.o.

Romains 6, 19-23 et Luc 12, 49-53

L’évangile de Luc prend aujourd’hui un tour surprenant. Il n’y est plus question de service, de trésor ou de cœur, mais de feu et de division. N’est-ce pas un peu dur ? Un prêtre bibliste français, le P. François Bessonnet, s’est posé la même question. Je me suis laissée inspirer par son commentaire.

Étrange feu

De quel feu Jésus parle-t-il ? Le terme « feu » chez Luc évoque bien sûr l’Esprit Saint se manifestant en langues de feu à la Pentecôte (Ac 2,3). Ce parallèle peut aussi s’appuyer sur la parole du Baptiste chez Luc qui annonce : « Il vient, celui qui est plus fort que moi. Lui vous baptisera dans l’Esprit Saint et le feu. » (3,16). Le lien entre le feu, le baptême et l’Esprit Saint annonce l’inauguration du règne de Dieu par la venue du Christ.

Dans la suite de son discours, le baptiste annonçait : « Il tient à la main la pelle à vanner pour nettoyer son aire à battre le blé, et il amassera le grain dans son grenier ; quant à la paille, il la brûlera au feu qui ne s’éteint pas. » (3,17). Ici, cela devient plus dramatique. Nous voyons aussi, au début de la Montée vers Jérusalem, les apôtres Jacques et Jean suggérer à Jésus qu’un feu descende du ciel pour châtier le mauvais accueil des Samaritains (9,54).

Le feu est donc étroitement associé au jugement divin et définitif : « Déjà la cognée se trouve à la racine des arbres : tout arbre qui ne produit pas de bons fruits va être coupé et jeté au feu. » (3,9) ; bref : le feu divin purifiera le monde du mauvais.

Et alors la hâte de Jésus ?

Pourquoi Jésus déclare-t-il avoir hâte de l’allumer ? C’est que le temps du Fils de l’Homme advient. La croix et la résurrection, auxquelles le baptême nous renvoie, sonnent l’inauguration d’un nouveau temps : celui de l’avènement du Règne de Dieu. La hâte angoissée du Christ exprime chez saint Luc cette volonté de révéler tout l’amour du Père. Le feu qui détruit le mal, c’est la croix, le lieu du pardon et du salut. Hâter la venue du Règne de Dieu implique pour nous de choisir entre la réussite mondaine et une vie dépouillée à la suite du Christ.

Est-ce la fin de la paix ?

C’est un peu contradictoire dans l’évangile selon saint Luc, d’avoir mis dans la bouche de Jésus : « Dites paix à cette maison ! » (10,5) lors de la mission des soixante-douze, et d’entendre ici ce même Jésus déclarer : « Pensez-vous que je sois venu mettre la paix sur la terre ? Non, je vous le dis, mais bien plutôt la division. » 

Les contextes sont différents. La première paix concerne la vie des disciples entre eux, alors que cette absence de paix que vient révéler Jésus ici concerne la confrontation des chrétiens au monde. Suivre le Christ en prenant sa croix est en contradiction avec l’esprit du monde, souvent aussi avec les rêves et projets que nos parents avaient pour nous. Cela peut aller jusqu’à une rupture. De même que nous sommes parfois témoins de familles divisées face à des dérives religieuses qui n’ont rien à voir avec la foi de l’Eglise.

En vivant du Règne de Dieu révélé par le Christ, en soutenant les faibles et les humiliés, les chrétiens peuvent subir incompréhension et même mépris de la part d’amis autrefois proches ou de leur milieu professionnel orienté vers le succès et la richesse. Tout cela n’empêchera pas que le feu de la Passion, le feu de Pâques et de Pentecôte, brûle nos cœurs et se propage toujours plus loin.

Belle invitation à entrer dans la dynamique de la mission universelle !

 

Sr Jacqueline  Loretan