Liturgie de la Parole

Notre page « Echos de la communauté »

Nous aimerions sur cette page vous faire partager quelques échos de notre communauté, les événements que nous vivons « Au fil des jours », les témoignages de nos soeurs et ce que les différents médias (cath.ch, la RTS, KTO, VaticanNews...) partagent au sujet de nos communautés en Suisse et à Madagascar et de nos activités et services. Cliquez sur les liens pour accéder aux articles publiés.

Le temps de confinement, où l'Eucharistie n'était plus possible, nous a incitées à chercher des alternatives. C'est ainsi que l'Office du milieu s'est transformé en une « Liturgie de la Parole (accès aux textes publiés) » et cinq sœurs de la communauté se sont relayées pour commenter le texte de la liturgie du jour. Même si les célébrations ont maintenant repris, nous poursuivons cette belle expérience de partage de la Parole.

Paix

Commentaire de la Parole
11e semaine du t.o. A

Matthieu 5,38-42

Nous poursuivons la lecture de cette grande unité où Jésus nous dévoile par vagues successives la justice du Royaume des Cieux (v. 20). Justice que l’on pourrait peut-être traduire par « l’art de vivre » du Royaume.

Après avoir abordé les questions de la mort et de la vie, du désir amoureux, de la parole humaine, Jésus nous parle aujourd’hui de la violence.

Jésus commence par rappeler cet adage : œil pour œil, dent pour dent (v. 38) connu aussi sous le nom de loi du talion (du latin : talis =même). Cette loi, dont on trouve les premières traces déjà au 18e siècle avant Jésus Christ à Babylone, a été reprise dans la législation hébraïque ; on en trouve plusieurs mentions dans les premiers livres de la Bible (Ex 21, 23-25 ; Lv 24, 17-22, etc.). Cette loi a représenté un grand progrès dans l’histoire de l’humanité, car elle limite la vengeance en introduisant le principe de réciprocité, de symétrie parfaite : la peine ne peut pas dépasser le crime commis, elle doit lui être égale : tu m’as volé un bœuf, je te prends un bœuf, mais non pas tout ton troupeau ; tu m’as cassé une dent, je te casse une dent, mais je ne te fracasse pas la mâchoire, etc. Cette loi endigue la violence, mais ne la supprime pas, et son risque est d’en perpétuer la répétition. 

Jésus propose quelque chose d’inouï (au premier sens du terme : du jamais entendu) et à première vue, ce qu’il dit peut paraître bien choquant : moi je vous dis de ne pas riposter au méchant ; si quelqu’un te gifle sur la joue droite, tends-lui l’autre (v. 39). Il défait cette symétrie (gifle pour gifle) qui blesse ou mutile et qui, de fait, ne peut que se fermer sur elle-même. Jésus « ouvre » un chemin inédit en accentuant la dissymétrie : présenter l’autre (joue). C’est peut-être la joue gauche, ou une joue imaginaire, qui serait une autre manière de réagir à l’affront subi.

Cette autre manière, cet art de vivre nouveau, les versets qui suivent nous le montrent bien : si quelqu’un veut te poursuivre en justice et prendre ta tunique, laisse-lui encore ton manteau. Et si quelqu’un te réquisitionne pour faire mille pas, fais-en deux mille avec lui (v. 40-41).

Ne pas riposter, ce n’est pas s’écraser devant celui qui nous veut du mal, ce n’est pas disparaître. Bien au contraire : c’est garder l’initiative (de donner plus que ce qui est demandé, de marcher plus que ce qui est exigé), parce que je crois que je ne m’identifie pas au tort subi, au mal qu’on me fait : si l’on veut me prendre ma tunique, eh bien ! je choisis de laisser encore mon manteau ; à qui exige de moi de faire mille pas, eh bien ! je décide d’en faire deux milles avec lui.
Ne pas riposter, c’est aussi décider de rester ouvert, de chercher tout ce qui est possible pour qu’advienne, un jour, peut-être, une rencontre, une réconciliation. Car le méchant (v. 39) est bien autre chose que le mal qu’il fait ; il est un fils du Père comme je suis une fille du Père (v. 45) ; il est et reste mon frère, citoyen comme moi du Royaume que Jésus est venu instaurer.

A qui te demande, donne : à qui veut t’emprunter, ne tourne pas le dos ! (v. 42)
A qui te demande, donne, parce que tu as tout reçu du Père. Parce que, dans le Royaume, la règle n’est pas « je te donne parce que tu me donnes », « je suis ton ami parce que tu es mon ami ». La règle, c’est la gratuité de l’amour.

L’amour qui seul nous rend libres. Jésus aujourd’hui nous en montre le chemin.

Sœur Adrienne Barras