Liturgie de la Parole

Notre page « Echos de la communauté »

Nous aimerions sur cette page vous faire partager quelques échos de notre communauté, les événements que nous vivons « Au fil des jours », les témoignages de nos soeurs et ce que les différents médias (cath.ch, la RTS, KTO, VaticanNews...) partagent au sujet de nos communautés en Suisse et à Madagascar et de nos activités et services. Cliquez sur les liens pour accéder aux articles publiés.

Le temps de confinement, où l'Eucharistie n'était plus possible, nous a incitées à chercher des alternatives. C'est ainsi que l'Office du milieu s'est transformé en une « Liturgie de la Parole (accès aux textes publiés) » et cinq sœurs de la communauté se sont relayées pour commenter le texte de la liturgie du jour. Même si les célébrations ont maintenant repris, nous poursuivons cette belle expérience de partage de la Parole.

Marie-Dominique Minassian

Commentaire de la Parole
Samedi de la 32e semaine t.o. C

Luc 18, 1-8

Heureusement que nous pouvons compter sur nos frères et sœurs du monde entier qui se lèvent quand nous nous couchons pour ne pas contredire Jésus qui n’a absolument aucun doute sur le fait que nous crions en effet vers Dieu jour et nuit ! Voilà qui nous interpelle évidemment, que nous soyons en retraite ou pas. Car ce service de la prière n’a rien d’optionnel et il revêt aujourd’hui une importance dont nous n’avons pas idée.

La prière n’est pas une activité abstraite. Au contraire, elle formule à voix haute ou à voix basse ce que le souffle de Dieu dépose dans nos cœurs. Rien d’écrit à l’avance : cette prière-là est le fruit d’un contact avec le Vivant. La prière n’est pas lecture, elle est habitation du désir de Dieu. Et son désir à lui, il nous l’a communiqué tout entier en son Fils qui s’en est fait l’interprète. Pas parce qu’il lui fallait un traducteur, mais bien parce qu’il fallait un acteur décisif qui provoque sa puissance d’amour. Jésus en a été l’espace. Il n’a pas eu le Père à l’usure, comme la veuve a eu raison du juge. Jésus s’est fait tout entier l’expression, le langage du Père. Il nous a appris le “parler de Dieu”. Son langage à lui s’est manifesté sur la croix et se reproduit chaque aujourd’hui, non pas seulement sacramentellement sur l’autel, mais sur cette terre intérieure que nous n’aurons jamais fini d’explorer. Ce continent, Christian de Chergé l’appelle « le tiers-monde de l’espérance ». Se tenir constamment sur ce continent de l’espérance, c’est tout vivre devant Dieu et, en lui, réouvrir tous les possibles. Cette prière-là, essentielle, est à puiser dans le regard de Dieu qui le premier nous espère. Dieu ne se lassera jamais d’attendre que nous lui demandions ce que lui seul possède en propre : la connaissance de ce que nous pouvons devenir dans son souffle d’amour.

Espérance et miséricorde vont ensemble. C’est la miséricorde qui rend possible les lendemains pour tous. Notre désir n’a pas d’excuse. Il a le concours permanent du souffleur divin, l’Esprit Saint qui n’en finit pas de faire le lien sur la terre comme au ciel. Nous avons de la chance d’avoir cet intercesseur éternel à disposition. Il ressource notre identité filiale et veille sur notre vie fraternelle.
Ne renonçons donc pas au martyre de l’espérance. Son œuvre propre, dit frère Christophe, « c’est d’ouvrir le temps malgré tous les obscurcissements, nuits et brouillard, et de la maintenir ainsi disponible à l’Éternel… Père, qu’il me soit fait »…

Choisissons résolument de nous tenir et de vivre depuis cette autre rive, d’habiter ce "tiers-monde de l’espérance". Engageons-nous dans cette ascèse résiliente de chaque jour afin de puiser la force d’un regard ample, persévérant et qui en-visage toutes choses sous leur angle d’éternité. Car le monde en a besoin. Il y a urgence à héberger la vie blessée et désabusée de nos contemporains.

Nous qui avons trouvé refuge dans le cœur de Dieu, faisons une place dans le nôtre pour le monde qui en a besoin. C’est son droit et notre devoir. Ouvrons grand les portes de ce continent de l’espérance et donnons-lui visage bien concret : hospitalité et fraternité.

Marie-Dominique Minassian