par Sr Jacqueline Lorétan
Sourire quand rien ne va plus, n’est-ce pas un peu comme: « Mais toi, quand tu jeûnes, parfume-toi la tête et lave-toi le visage. » ? D’ailleurs, de même que jeûner allège l’esprit et le corps, ainsi se mettre à sourire déplisse notre front et desserre la boule au ventre. Tout cela est scientifiquement prouvé, dit-on, comme aussi cette citation rassurante :
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« SOURIRE NE GRILLE PAS LES NEURONES ». |  |
Conseil judicieux ou simplement de la poudre aux yeux pour faire croire qu’on peut passer un Carême sans peine ni douleurs ? Cela fait un peu trop négatif, trop fermé sur soi-même. Puisque sourire, c’est apporter du bonheur autour de soi – et en l’occurrence aussi à son moi un peu rabougri – si, en se levant, on se mettait devant la glace et se renvoyait un beau sourire ? Voilà qui est parti.
Pour ce qui est du Carême, du jeûne, de la prière et de l’aumône, c’est le temps rêvé pour s’entraîner dans l’art du sourire ; rayonnant et spontané, car nourri dans la prière et parfumé par le jeûne. C’est alors qu’il monte du plus profond, du plus vrai de nous-mêmes, tout naturellement et entièrement gratuit. La voici, notre aumône, toute prête pour faire des heureux.
Oui, le sourire est bien ce cadeau précieux que surtout les pauvres savent donner ; trésor qui échappe à toute comptabilité et qui ignore la logique du commerce. Plus on le partage, et plus il augmente ; l’expérience nous montre d’ailleurs qu’un sourire donné gracieusement nous revient souvent en retour ! Là, nous quittons pour de bon le monde du calculable ; avis aux nuls en maths !
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Facile, le sourire ? Pas si sûr. Et sachons en user avec discernement. Car il peut être mal placé devant une grande souffrance, une blessure profonde ou un deuil inconsolable. Que notre cœur sache alors inventer le regard, le geste ou le mot qui convient. Parfois, chez la personne éprouvée, un sourire se fraye un chemin à travers les larmes. Instant de grâce.